OSUNITOn ème Abécédaire

Des mots pour aujourd’hui selon le vocabulaire

de Thérèse d’Avila 1515-1582

 

Comme l’indique le titre, il s’agit de constituer un abécédaire Thérèsien

des "attitudes" qui sont nécessaires pour développer la vie intérieure

et qui aident à la pratique de l’Oraison.

 

Un chapitre pour chaque mot, en voici la liste :

 

Abandon

Affabilité

Allégresse

Amour

Amour de la nature

Combat

Compassion

Confiance

Connaissance de soi

Considération

Courage

Crainte de Dieu

Désir

Détachement

Détermination

Discerner

Entendement/Écoute

Espérance

Expérience

Fidélité

Force

Générosité

Habitudes/Règle

Humilité

Liberté

Louange

Mémoire

Obéissance

Pardon

Patience

Persévérance

Reconnaissance

Recueillement

Silence/solitude

Travail

Vérité

Zèle

 

 

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Disons maintenant ce que comportera chaque chapitre :

 

D’abord quelques brèves citations de Sainte Thérèse extraites de ses écrits et plus particulièrement du "Château intérieur", parce que cet ouvrage rassemble sans doute les choses les mieux exprimées, les plus expérimentées de la Sainte Mère.

Mais mon choix de ce livre tient surtout au fait que ce fut par ce chemin que je me suis introduite dans la pensée de Sainte Thérèse et que j’en reste marquée jusqu’à aujourd’hui. Ce fut ma première rencontre avec ce vocabulaire que je ne me lasse pas de tenter d’approfondir pour faire mon éducation.

Beaucoup de termes sont anciens et demandent à être explorés, et c’est une joie de rejoindre Sainte Thérèse par ce travail.

Après ces citations, je me fais une petite réflexion pour préciser quelle approche on peut faire de ce mot, de cette notion, de cette attitude aujourd’hui. Comment ce terme résonne dans la tête d’un chrétien du XXème siècle.

Puis une illustration, différentes formes sont possibles : poème de Thérèse, image pour visualiser, fac similé d’une phrase.

Et enfin, un passage d’Écriture.

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En Espagne, il suffit de dire en parlant d’elle : « la Santa. »

Thérèse d’Avila est la sainte nationale, celle que les Cortès des royaumes de Castille et de Lèon ont choisie en 1626 pour patronne.

Thérèse a vu le jour dans l’antique cité d’Avila qui est comme le cœur de l’Espagne.

« Avila des chevaliers » retranchée derrière son enceinte médiévale de tours crénelées ; est une ville plantée sur un haut plateau dépouillé, que domine un ciel pur et nu ; vraie patrie de l’absolu ; terre de rocs et de saints.

 

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« Près de la Croix se tenaient sa mère, la sœur de sa mère,

Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala » Jn. 19 v. 25

Citations de Thérèse d’Avila :

 

« L’âme doit s’abandonner entre les mains de Dieu pour qu’Il fasse d’elle tout ce qu’Il voudra, se tenir le plus possible dans l’oubli de son intérêt propre et dans la soumission à la volonté du Seigneur ». (4D. ch 3 v 6)

 

« L’abandon que cette âme fait d’elle-même entre les mains de Dieu et le grand amour qu’elle Lui porte la rendent si soumise, qu’elle ne sait et ne veut plus qu’une chose : qu’Il fasse d’elle ce qu’Il lui plaira. » (5D. ch 2 v 12)

 

Pour l’âme, « tout ce qui est en son pouvoir, c’est de s’abandonner entre les mains de Dieu ». (6D. ch 6 v 2)

 

 

Je suis tienne, pour Toi je suis née

 

Je suis tienne, pour Toi je suis née :

Que veux-tu faire de moi ?

 

Majesté souveraine,

Éternelle sagesse

Bonté si bonne pour mon âme

-Toi, Dieu, Altesse, Être Unique, Bonté-

Vois mon extrême bassesse,

Moi qui Te chante aujourd’hui mon amour

Que veux-tu faire de moi ?

 

je suis tienne puisque Tu m’as créée

Tienne, puisque Tu m’as rachetée

Tienne, puisque Tu me supportes

Tienne, puisque Tu m’as appelée

Tienne, puisque Tu m’as attendue

Tienne, puisque je ne suis pas perdue

Que veux-tu faire de moi ?

 

Voici mon cœur

Je le dépose dans ta main

Avec mon corps, ma vie, mon âme

Mes entrailles et tout mon amour :

Doux époux, mon Rédempteur.

Pour être tienne, je me suis offerte,

Que veux-tu faire de moi ?

                                                                            Poème

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Réflexions                                                                                         ABANDON

 

A l’écoute de ces quelques lignes, autour du thème de l’Abandon, je ferai deux remarques :

D’abord, l’usage que Sainte Thérèse fait de ce mot ne nous décrit pas une attitude béate, molle ou fataliste. J’en donnerai la preuve avec le mot que je mettrai en contrepoids à une prochaine occasion : la détermination.

Ensuite, ils sont très nombreux ceux qui recherchent à des degrés divers l’état d’abandon auquel nous invite Sainte Thérèse. Pour des raisons qui ne tiennent pas forcément à la prière et avec des méthodes variées (yoga, zen) nous nous exerçons au lâcher prise pour nous libérer des soucis, des peurs, des surcharges, de tout ce qui nous tyrannise intérieurement. Nous parvenons ainsi à nous décharger de ce que nous prenons souvent pour un souci des autres, et qui n’est, en réalité, que le reflet d’un centrage exclusif sur nous mêmes.

Nous nous exerçons à être disponibles, dans la vie, dans la prière pour laisser place à la Présence qui habite en nous, tout à l’intérieur du « château », c’est-à-dire au plus profond de nous.

Dans l’oraison, le temps du lâcher prise, donne l’occasion d’expérimenter un face à face même très imparfait, mais désiré, avec l’Hôte de notre cœur.

Lors de nos voyages à l'aventure, sur les pas de celle que les Jésuites, ses contemporains avaient qualifiée de "andarriega", c'est-à-dire de vagabonde, nous ne pouvions que faire comme elle. L’abandon entre les mains de Dieu, était évident à propos des nuits, en particulier. En effet, nous avions coutume de dormir à la belle étoile, dans les endroits les plus reculés possible, de manière à être libres.

Bien sûr, nous choisissions le lieu de notre " campamiento" avec la plus grande attention Mais, lorsque la nuit tombe, elle ne vient jamais sans nous apporter appréhension et fantasmagories.. Avec elle, se déploie un cortège de phobies, de craintes de formes diverses :

Au début de l’obscurité, tout fait peur, tout est risque : les chasseurs et leur fusil, les rôdeurs voleurs prêts à saisir l’occasion de faire du butin, les bergers, êtres primitifs sans foi ni loi, la pleine lune qui énerve et empêche de dormir, le grand vent qui nous tourmente et nous glace, les bestioles qui profitent de la nuit pour sortir de leurs trous et entrer dans les duvets, et particulièrement les scorpions et les araignées loups !

Hors de la protection de nos maisons, livrés à la nature, sauvage et imprévisible, nous sommes dans la main de Dieu. Il faut attendre parfois le grand milieu de la nuit pour s’abandonner dans la confiance, totalement.

Et là, je ne vous dis pas le plaisir, la reconnaissance qui viennent aux lèvres à ce moment là. Pour peu que la voûte étoilée associe son concert, son ballet à notre exultation, c'est un peu le 7ème ciel !

 

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Citations de l’Écriture                                                                     ABANDON

 

Psaume 31, de David

 

Seigneur, j’ai fait de Toi mon refuge,

Que je ne sois jamais déçu !

Libère-moi par ta justice ;

Tends vers moi l’oreille !

Vite ! Délivre-moi !

Sois pour moi le rocher fortifié,

Le château fort qui me sauvera.

 

C’est Toi mon roc et ma forteresse.

Pour l’honneur de ton nom, tu me conduiras et me guideras.

Tu me dégageras du filet tendu contre moi,

Car c’est Toi ma forteresse.

 

Dans ta main, je remets mon souffle

Tu m’as racheté, Seigneur, Toi le Dieu vrai.

 

 

« C’était déjà presque midi et il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures, le soleil ayant disparu. Alors le voile du sanctuaire se déchira par le milieu ; Jésus poussa un grand cri ; Il dit : « Père, entre tes mains je remets mon souffle ». Et, sur ces mots, Il expira.

Voyant ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu en disant : « sûrement, cet homme était juste.» Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, à la vue de ce qui s’était passé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.

Tous ses familiers se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée et qui regardaient.» (Lc 23, 44-46)

 

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"Ce prieur affable accompagne la correction (des fautes)

d'une douceur si attrayante que personne n'a sujet de se

plaindre de lui". (F. 23 v. 7)

(Père Jérôme Gratien) 

Citations de Thérèse d’Avila :

 

Ah ! Quel parfait modèle Dieu vient de nous ravir, en la personne du vénérable Frère Pierre d’Alcantara. Avec toute cette sainteté, il était très affable.

 Il parlait peu cependant, à moins d’être interrogé. Alors sa conversation était très agréable, car il avait un esprit charmant. (V. ch 27 v 18)

 

 

"Ainsi, mes sœurs, tant que vous le pouvez sans offenser Dieu, montrez-vous affables et comportez-vous de telle sorte avec les personnes qui vous fréquentent, qu’au lieu de s'effrayer, de s'effaroucher de la vertu, elles s'attachent à votre fréquentation et se sentent attirées à partager votre manière de vivre et d'agir. Ce conseil est très important dans la vie du cloître. Plus une religieuse est sainte, plus elle doit être, pour ses sœurs, d'un abord facile." (C. ch 41 v 7)

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Réflexions                                                                                         AFFABILITÉ

 

Dans la biographie de sainte Thérèse, Francisco de Ribera, son premier biographe, multiplie les vocables, les adjectifs pour dire l'affabilité de Thérèse, sa gentillesse à l'égard de tous, et sa manière à elle d'attirer la sympathie.

Par inadvertance, je suis tombée hier, sur ce mot du langage de sainte Thérèse et il a immédiatement retenu mon attention, pour plusieurs raisons : c'est une qualité que j'aime rencontrer chez les gens avec lesquels je suis en relation, un degré de bonté au dessus de l'amabilité.

 

 En espagnol, il est accordé avec la "suavité", terme qu'aime employer Sainte Thérèse et qui me parle des rencontres comme d'une cuillère de miel, toute de douceur.

"Suavidad" est toujours utilisé aujourd'hui;
en Espagne j'entends parfois dire avec conviction : "Que suavidad !"

 

L'affabilité est une qualité rare, peut-être particulièrement à notre époque.

Je l'ai éprouvée, chez certains pères carmes, français ou espagnols. C'était comme une exquise politesse, teintée d'humilité.

Ce n'est peut-être pas un hasard ! Comme s'ils y avaient été éduqués par la Sainte Mère elle-même.

Elle recommande l'affabilité aux frères de Pastrana, que leur zèle porte à trop de rigueur dans la pénitence. Thérèse les invite à plus de modération dans leurs austérités. Dans les quatrièmes Demeures, la Madre dit nettement qu'elle n'apprécie pas les "saints encapuchonnés", comme si elle disait "renfrognés" !

A propos de ces attitudes avenantes, nous avions retenu avec plaisir dans nos lectures cette recommandation faite à ses moniales : Agir avec douceur pour ménager la convivialité communautaire, ne pas "agir à tour de bras".

Affabilité entre les frères ou les sœurs, et, bien entendu aussi, vis à vis des visiteurs et des gens de passage.

Pour notre part, nous l'avons vérifié plus d'une fois. Lors de nos visites dans les monastères en plus des visages souriants, nous étions souvent accueillis par un petit goûter, parfois nous était offert un petit cadeau, sous forme d'images, de livrets, d'objets fabriqués dans l'atelier du couvent.

 

J'ai aussi trouvé remarquable que ce soit Thérèse qui ait introduit les récréations dans les journées strictes de la vie monastique.

Nous avons souvent entendu dire par les sœurs que, du temps de Thérèse, ces moments étaient drôles, parfois l'occasion de danses, de blagues ou de petites représentations.

Encore de nos jours, cette règle est de "rigueur".

 

Saint Pedro d'Alcantara , franciscain, était contemporain de sainte Thérèse. Elle avait pour lui une grande admiration, et beaucoup d'amitié. Il était doué de simplicité, de sens de l'humour et de goût du jeu. Toutes qualités qui font que l'on se sent avec lui en bonne compagnie, sans contrainte.

Je me demande si, malgré son caractère rude il n'a pas inspiré la Madre pour ce qui est de l'affabilité ? Nous avons souvent éprouvé ce sentiment en Espagne, dans plus d’un Carmel.

 

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Citations de l’Écriture                                                                     AFFABILITÉ

 

 

"Heureux les doux, ils auront la terre en partage." (Mt. 5 v.4)

 

"Prenez sur vous mon joug, et mettez-vous à mon école, car Je suis doux et humble de cœur."

(Mt.11 v. 29)

 

Jésus arrivant à Jérusalem…C'est le jour des Rameaux. Il cite le prophète Zacharie :

"Dites à la fille de Sion : Voici que ton roi vient à toi, humble et monté sur une ânesse et sur un ânon, le petit d'une bête de somme." (Mat.21 v. 5)

 

"Le serviteur du Seigneur doit être affable." (2 Tim. 2 v. 24)

 

"Proclame la Parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace exhorte, toujours avec patience et souci d'enseigner." (2 Tim 4 v. 2)

 

 

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« Heureuse es-tu Marie, qui as cru dans les Paroles

qui te furent dites de la part du Seigneur. »

 

« Mon âme exalte le Seigneur » (Lc. 1 v. 45-46)

Citations de Thérèse d’Avila

 

Donc, mes sœurs, puisque nous pouvons jusqu’à un certain point jouir du ciel sur la terre, courage ! Supplions le Seigneur qu’Il nous accorde sa grâce, afin que nous ne soyons pas frustrées par notre faute ; prions-le qu’il nous montre le chemin et donne à notre âme la force de creuser sans relâche, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé ce trésor caché. N’en doutez pas, ce trésor repose en nous-mêmes, et c’est ce que j’espère vous faire comprendre, si le Seigneur daigne m’en rendre capable. (5D. ch 1 v 2)

 

Au milieu de ces effets, en même temps pénibles et délicieux, Notre Seigneur accorde quelquefois à l’âme certaines jubilations et une sorte d’oraison étrange, dont on ne s’explique pas la nature. Je l’indique ici, afin que, s’il vous faisait cette grâce, vous sachiez que c’est une chose qui arrive et que vous l’en bénissiez de tout votre cœur. A mon sens, c’est une union très étroite des puissances avec Dieu.

Lorsqu’une âme est dans ces transports d’allégresse, c’est beaucoup qu’elle se taise et puisse dissimuler, et il ne lui en coûte pas peu. C’est à de pareils transports que saint François était en proie, je pense, quand, rencontré par des voleurs alors qu’il poussait des cris au milieu de la campagne, il leur dit qu’il était le héraut du grand Roi. Et que d’autres saints s’enfuyaient dans les déserts pour pouvoir, comme lui, publier les louanges de Dieu ! J’en ai connu un – à en juger par sa vie, je crois pouvoir le mettre de ce nombre – qui n’agissait pas autrement. C’était le Frère Pierre d’Alcantara. Ceux qui l’entendaient parfois le croyait fou. Oh ! L’heureuse folie, mes sœurs ! Plaise à Dieu que nous en soyons toutes atteintes. (6D. ch 6 v. 10-11)

 

Daigne sa Majesté nous accorder fréquemment une telle oraison, à la fois si sûre et si avantageuse ! L’acquérir est impossible, car c’est une chose entièrement surnaturelle. Cela dure parfois une journée entière. L’âme ressemble alors à quelqu’un qui a beaucoup bu, mais non pas au point d’avoir perdu les sens, ou encore à une personne mélancolique, qui sans avoir entièrement perdu la raison, a l’imagination si obnubilée par une idée, que personne ne peut l’en tirer. Ces comparaisons sont bien grossières pour rendre compte d’une si noble cause, mais mon peu d’intelligence ne m’en fournit pas d’autres. Ce qui est certain, c’est que cette jubilation plonge l’âme dans un tel oubli d’elle même et de toutes choses, qu’elle est incapable de penser ou de parler, si ce n’est pour donner à Dieu ces louanges, qui sont comme le fruit naturel de sa joie. (6D. ch 6 v. 13).

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Réflexions                                                                                         ALLÉGRESSE

 

Le mot Allégresse me visite parfois, bien qu’il ne soit pas d’un usage courant dans notre vocabulaire aujourd’hui.

Ce pourquoi j’ai envie de l’adopter, c’est pour sa légèreté contagieuse.

Je me vois confirmée dans cette impression du fait que dans ses écrits, Sainte Thérèse relie l’allégresse à la liberté. Je ne peux pas m’empêcher de trouver ce rapprochement convaincant, réjouissant car il correspond bien à l’expérience vécue dans la vie intérieure.

 

Et tout d’un coup, j’y pense, « l’hymne à la joie » de la 9ème symphonie de Beethoven se chante autour de ce mot « Fraulein » si j’ai bien entendu ; et on dit que « Fraulein » peut être aussi traduit en français par le mot liberté.

 

Lorsque le Padre Tomas Alvarez commente « Alegria », il explique : c’est un des multiples vocables du langage de Sainte Thérèse, pour exprimer les sentiments de contentement, de jubilation, de jouissance, de dilatation, d’ivresse.

 

Il ne s’agit pas de choses sublimes, mais de joie dans la simplicité du cœur, libéré d’entraves un instant : « Jouir du ciel sur la terre » (5D 1,2)

L’allégresse est la marque de l’authenticité de la vie intérieure ; elle nous manque trop souvent, pris que nous sommes par le défaitisme.

 

Thérèse d’Avila, comme tous les grands mystiques nous parle aussi de la douloureuse joie ! dont la Transverbération est la marque physique : elle sent à la fois l’extrême proximité du Seigneur et la blessure que son Amour inflige à l'âme qui s'abandonne à Lui.

 

Nos états d'âme sont plus ordinaires. Il n'en reste pas moins vrai que parfois nous sommes traversés par des instants de jubilation, de fugaces transports de joie, à la vue d'une œuvre d'art, ou à l'écoute d'un morceau de musique. Ce n'est probablement par hasard que j'ai évoqué plus haut la 9è symphonie de Beethoven.

Ces temps d'exultation nous donne peut être d'approcher de ce qu'on pu vivre saint François d’Assise et saint Pierre d'Alcantara dont parle sainte Thérèse dans les 6ème Demeures.

 

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Citations de l’Écriture                                                                ALLÉGRESSE

 

 

Pour la cause de Sion je ne resterai pas inactif, pour la cause de Jérusalem, je ne me tiendrai pas tranquille, jusqu’à ce que ressorte, comme une clarté, sa justice, et son salut, comme un flambeau qui brûle.

Les nations verront ta justice, et tous les rois ta gloire. On t’appellera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur énoncera. Tu seras une couronne de splendeur dans la main du Seigneur, une tiare de royauté dans la paume de ton Dieu. On ne te dira plus : « l’Abandonnée », on ne dira plus à ta terre : « la Désolée », mais on t’appellera « Celle en qui je prends plaisir », et la terre « l’Epousée », car le Seigneur mettra son plaisir en toi et ta terre sera épousée. En effet, comme le jeune homme épouse sa fiancée, tes enfants t’épouseront, et de l’enthousiasme du fiancé pour sa promise, ton Dieu sera enthousiasmé pour toi. (Is. 62,1-5).

 

 

 

Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux

Heureux les doux : ils auront la terre en partage.

Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde.

Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu.

Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.

Heureux êtes-vous lorsque l’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi.

Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; c’est ainsi en effet qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. (Mt. 5, 1-12)

 

 

 

En ce temps-là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elizabeth. Or, lorsque Elizabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant bondit dans son sein et Elizabeth fut remplie du Saint Esprit. Elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit de ton sein ! Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Car lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein. Bienheureuse celle qui a cru ; ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! Alors Marie dit :
 

« Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit s’est rempli d’allégresse à cause de Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a porté son regard sur son humble servante.
Oui, désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse…
 » (Lc. 1, 39-48).

 

 

 

Sachant qu’ils désiraient l’interroger, Jésus leur dit : « Vous cherchez entre vous le sens de ma parole : 

‘’Encore un peu et vous ne m’aurez plus sous les yeux, et puis encore un peu, et vous me verrez.’ 

En vérité, en vérité, je vous le dis, vous allez gémir et vous lamenter tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés mais votre affliction tournera en joie. Lorsque la femme enfante, elle est dans l’affliction puisque son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de son accablement, elle est toute à la joie d’avoir mis un homme au monde. » (Jn. 16, 19-22).

 

 

Avec la lettre A le mot : AMOUR                                               Retour à la liste

 

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« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton être,

de tout ton cœur de toute ta pensée » (Mt. 22 v 37)

Citations de Thérèse d’Avila

 

Ce que le démon prétend en cela n’est pas peu de chose : son but est de refroidir la charité et l’amour mutuel, ce qui serait un grand mal. Comprenons-le, mes filles, la véritable perfection, c’est l’amour de Dieu et du prochain, et plus nous observerons parfaitement ces deux commandements, plus nous serons parfaites. Notre Règle et nos Constitutions ne sont que des moyens de mieux les observer. Cet amour mutuel est si important que je voudrais vous voir ne jamais l’oublier. (1D. ch 2 v 17)

 

 

A nous, le Seigneur ne demande que deux choses, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. C’est vers elles que doivent converger nos efforts. Si nous les accomplissons parfaitement, nous faisons sa volonté, et par-là même nous lui sommes unis. Mais encore une fois, que nous sommes loin de nous acquitter de ces deux devoirs d’une manière digne d’un si grand Dieu ! Qu’il daigne nous accorder sa grâce, afin que nous méritions d’y parvenir ! C’est en notre pouvoir, si nous le voulons.

Le moyen le plus assuré, selon moi, de savoir si nous observons ces deux préceptes, c’est de voir quelle est notre perfection relativement à l’amour du prochain. Aimons-nous Dieu ? Nous ne pouvons le savoir, quoiqu’il y ait cependant de grands signes pour en juger. Mais pour ce qui est de reconnaître si nous aimons le prochain, oui, nous le pouvons. Soyez-en certaines, autant vous aurez fait de progrès dans l’amour du prochain, autant vous en aurez fait dans l’amour de Dieu. L’amour que Notre Seigneur nous porte est si grand, qu’en récompense de celui que nous avons pour le prochain il fait croître de mille manières celui que nous avons pour lui-même : je n’ai aucun doute là-dessus. (5D. ch 3 v 7-8)

 

 

Demandez à Notre Seigneur qu’il vous donne un parfait amour du prochain et, ensuite, laissez faire sa Majesté. Si vous mettez tous vos soins et tous vos efforts à acquérir cet amour, si vous faites plier votre volonté pour que s’accomplisse en tout celle de vos sœurs, faudrait-il pour cela perdre de votre droit, si vous avez oublié votre intérêt pour songer au leur, quelque répugnance qu’y ait d’ailleurs votre nature, si, quand l’occasion se présente, vous prenez pour vous le travail afin d’en exempter les autres, sa libéralité surpassera vos désirs. Il vous en coûtera, soyez-en persuadées, et cela ne se fera pas tout seul. Mais considérez ce qu’à coûté à notre Époux l’amour qu’il nous a porté : afin de nous délivrer de la mort, il a enduré la plus cruelle de toutes, la mort de la croix (5D. ch 3 v 12)

 

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Réflexions                                                                                             AMOUR

 

Amour ou Amitié (mots équivalents dans le vocabulaire de Sainte Thérèse)

 

Quand nous prononçons le mot Amour, est inscrit en nous ce que nous avons appris de Jésus, depuis notre petite enfance. Pour nous cette réalité a deux versants : l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

 

L’amour de Dieu, premier des commandements révélé par Dieu à Moïse :

Dieu dit : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. " (Deut. 6 v.4)

et aussi l’amour du prochain :

" Tu aimeras ton prochain comme toi-même "  (Lev. 19 v.18)

En lisant dans l’évangile de Saint Matthieu les paroles de Jésus sur ce thème, à celui qui l’interroge :

"Maître quel est le grand commandement dans la Tora?"   Jésus répond, en bon juif qu’lI est :

" Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand le premier commandement. Un second est aussi important : tu aimeras ton prochain comme toi-même. " (Mt. 22 v. 36)

 

Visiblement, Sainte Thérèse a complètement intégré dans son expérience et dans son travail intérieur ces deux dimensions. Elle en tire des conclusions : "l’amour de Dieu pour nous est sans limite et sans mesure, Il n’omet rien pour gagner ceux qu’Il aime ", " Il donne des gages", disent les Carmélites dans l’index thématique de leur édition 2000 des œuvres complètes de Sainte Thérèse. A nous de Lui répondre.

Il nous faut apprendre à laisser de coté la sentimentalité, ce que Thérèse appelle "les consolations, les transports."

 

L’amour de Dieu se vit dans la foi, il me semble que cet amour me conduit vers le meilleur de moi-même, mais dans le secret. Aussi nous faut-il beaucoup d’années pour percevoir, de temps en temps, que la prière est un dialogue entre Dieu et celui qui prie. Bien sûr, on le dit, on le répète, on essaie d’y croire, ou on croit qu’on y croit… on se persuade…

 

Il y en a même qui entendent des voix ! et je dois dire qu’à ce sujet mon scepticisme est grand. La foi n’est pas de l’auto suggestion et je me dis : attention au monologue complaisant qui se prend pour un dialogue amoureux avec le Seigneur.

Quant à l’amour du prochain, il exige le détachement de nous-mêmes, il est dégagé, libre me semble-t-il, de notre sensibilité. Il va jusqu’à aimer ceux qui nous persécutent…. disent encore les Carmélites, selon l’enseignement de Thérèse. Ce sont évidemment des pensées qui nous habitent et que nous tentons de vivre comme chrétiens.

 

Il m’a fallu un long temps de vie pour faire une distinction entre les sentiments de tendresse éprouvés vis-à-vis des personnes, et l’amour du prochain ; j’ai enfin compris que pour construire une relation, si nous ne prenons en compte que l’affectivité, nous n’avons pas fini de courir après du vent, qu’il s’agisse de l’amour conjugal, de l’amour des enfants et mêmes des liens amicaux ; crises, corrections fraternelles, pardon, entrent en ligne de compte et aimer s’apprend pas à pas au fil de la vie.

L’amour s’exprime par des actes vis-à-vis de Dieu, et vis-à-vis de nos proches, et pour Sainte Thérèse la meilleure illustration de ce double comportement nous est donné par Marthe et Marie dans le texte de l’Evangile (Lc 10 v.38-42.). La sainte Mère nous invite à être les deux femmes à la fois, l’active, tournée vers les autres, et la contemplative, à genoux aux pieds du Seigneur ! Ou au moins, à nous efforcer de développer la tendance qui nous fait défaut.

 

A propos de l’oraison, Thérèse dit : faire oraison c’est : ‘ tratar de amistad ’ littéralement traduit : ‘’traiter d’amitié ‘’ cette expression n’est pas correcte en français aujourd’hui ; on emploie le verbe traiter à propos d’une affaire, d’un sujet…. on parle aussi de traité de paix. Pour utiliser des termes anciens, traiter d’amitié pourrait être traduit par : avoir un commerce d’amitié, faire un pacte, aujourd’hui on dirait plutôt s’entretenir, être en relation. On le voit, par ces approches successives l’oraison est une relation précieuse entre deux amis, une manifestation d’alliance entre moi et Dieu, moi et mon prochain.

 

"Conclure une alliance", bien sûr, cette expression évoque immédiatement pour nous l’histoire que nous raconte toute la Bible à propos de la relation de Dieu avec son peuple, avec les patriarches, les prophètes, Moïse et les autres.

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Citations de l’Écriture                                                                         AMOUR

 

 

"La voix de mon bien-aimé, le voici, il vient bondissant par dessus les montagnes, sautant au dessus des collines.

Il ressemble, mon bien-aimé, à un chevreuil, à un jeune faon. Le voici, il se tient derrière notre mur, observant à travers les fenêtres, scrutant à travers les treillis. Il élève la voix et me dit : "  Lève-toi, mon amour, ma belle, et viens t’en....

L’hiver est passé, la pluie en tornade a cessé.

Dans le pays on voit éclore des fleurs, le temps des chansons est arrivé, la voix de la tourterelle se fait entendre sur notre terre ; le figuier a formé ses premières figues et les vignes en fleurs exhalent leur parfum.
Lève toi, mon amour, ma belle et viens-t’en.... "

Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui, pâtre parmi les roses.

Jusqu’à ce que souffle le jour et que disparaissent les ombres.

Tourne et sois pareil mon bien-aimé, au chevreuil et au faon des biches, sur les montagnes lointaines.

Étendue sur mon lit, dans les nuits, j’ai cherché celui que mon cœur aime, je le cherchais mais ne le trouvais pas.

Je me levais, je rôdais dans la ville, dans les rues et sur les places, je cherchai celui que mon cœur aime.

Ils m’ont trouvée les gardes tournant dans la ville : "Celui que mon cœur aime, l’avez-vous vu ?"

A peine les avais-je quittés que je l’ai trouvé, celui que mon cœur aime. Je l’ai trouvé, je ne le lâcherai plus. (Cantiques des cantiques 2, 8-13 et 3, 1-4)

 

 

 

"Jésus lui déclara : "tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement." (Mt. 22, 37)

 

 

 

"Survint une femme de la ville qui était pécheresse ; elle avait appris qu’Il était à table dans la maison du Pharisien. Apportant un flacon de parfum en albâtre et se plaçant par derrière, tout en pleurs, aux pieds de Jésus, elle se mit à baigner ses pieds de larmes ; elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux du parfum." (Lc 7, 37-38)

 

 

 

Un légiste dit à Jésus : " Et qui est mon prochain ? " Jésus reprit : " Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il tomba sur des bandits qui, l’ayant dépouillé et roué de coups, s ‘en allèrent, le laissant à moitié mort. Il se trouva qu’un prêtre descendait par ce chemin ; il vit l’homme et passa à bonne distance. Un lévite de même arriva en ce lieu ; il vit l’homme et passa à bonne distance. Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme : il le vit et fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin, le chargea sur propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, tirant deux pièces d’argent, il les donna à l’aubergiste et lui dit prends soin de lui, si tu dépenses quelques choses de plus, c’est moi qui te le rembourserai quand je repasserai. Lequel des trois, à ton avis, s’est montré le prochain de l’homme qui était tombé sur les bandits ?" (Lc 10, 29-36)

 

 

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« Loué sois-Tu, mon Seigneur avec toutes tes créatures ».

Cantique des créatures François d’Assise.

Citations de Thérèse d’Avila

 

« Toutes les créatures d’un Dieu si grand et si sage renferment, sans doute, bien des secrets dont on peut retirer beaucoup d’utilité, et, de ce fait, il en est pour ceux qui en ont l’intelligence. A dire vrai, je suis persuadée que la moindre des créatures de Dieu, une petite fourmi, par exemple, renferme plus de merveilles que nos esprits ne peuvent comprendre. (4D. ch 2 v 2)

 

 

Tandis que je traçais ces lignes, je me faisais la réflexion que dans ce verset : Dilatasti cor meum, le prophète dit que son cœur est dilaté. Il me semble pourtant que ce plaisir ne naît pas du cœur, mais d’un endroit encore plus intérieur, de quelque chose de très profond. Je pense que ce doit être le centre de l’âme ; et, en effet, je l’ai appris par la suite, comme je me propose de le dire plus loin. Vraiment, je découvre en nous des secrets qui me jettent souvent dans l’admiration. Et combien d’autres doit-il y en avoir !

 

 

Ô mon Seigneur et mon Dieu ! Que tes merveilles sont grandes ! Et nous vivons ici-bas comme de petits bergers sans intelligence, nous figurant saisir quelque chose de ce que tu es ! Évidemment ce n’est presque rien, puisqu’il y a en nous-même des secrets si profonds, que nous sommes incapables de les pénétrer. Je dis : presque rien, en comparaison des merveilles sans nombre qui sont en toi ; mais, très certainement, celles que nos yeux découvrent, et qui ne sont qu’un faible partie de tes œuvres, sont déjà immenses. (4D. ch 2 v. 5)

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Réflexions                                                               AMOUR DE LA NATURE

 

Sur ce thème, j'ai l'impression de pouvoir être très prolixe, tant est grand notre besoin d'être en lien avec la nature.

Je ne sais pas quelle est l'origine de cet amour fidèle, mais, il nous habite profondément depuis notre plus jeune âge.

En ce qui me concerne, il doit être lié au fait d'avoir passé toute mon enfance au Maroc, dans un pays chaleureux où le climat invite à vivre dehors, le plus souvent, sous le ciel bleu et dans la lumière .

Qu'on ne s'inquiète pas, cet amour est dénué de tout panthéisme; nous savons à Qui nous devons toutes les merveilles que nous contemplons en chaque saison.

 

La Castille de sainte Thérèse est, pour nous, particulièrement incitative.

Pendant de très longues années, nous avons eu le bonheur de voyager, de camper, de bivouaquer, dans tous les recoins de l'Espagne et d'ailleurs, seuls ou en compagnie d'amis, pour le plus grand plaisir des uns et des autres. La transparence du ciel, de jour et de nuit, au fil des saisons !

Et toutes sortes de surprises animales et végétales que ne manque pas d'énumérer Sainte Thérèse, au fil de ses écrits. Il faudrait un jour avoir le temps d'en parler.

 

Cette proximité avec les choses de la terre et du ciel nous est commune avec sainte Thérèse, dans la mesure ou les jardins des carmels avec leurs ermitages étaient pas éloignée de nos campements en pleine nature.

Les voyages dans des conditions rustiques de Thérèse et de ses moniales leur permettaient de goûter les charmes et les âpretés de ce pays … Une expérience nous manque, qui était sienne, c'est celle de l'hiver, que nous avons eu soin d’éviter.

Le froid, les conditions rudes sur de longs trajets dans des chariots primitifs ne devaient pas toujours favoriser la contemplation, ni même la simple observation du paysage environnant.

 

Et maintenant que nous ne voyageons plus, ce que je vois depuis ma fenêtre me comble d'aise et de reconnaissance.

La pousse de la moindre violette, la croissance d'un petit arbuste mal en point, le plus petit signe de vie nous met en joie et comme le dit sainte Thérèse reprenant le verset du psaume :

"Tu as dilaté mon cœur."

C'est vraiment l'effet que produit en nous par la beauté de l'univers, sa magnificence

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Citations de l’Écriture                                           AMOUR DE LA NATURE

 

 

« Dieu vit tout ce qu’Il  avait fait. Voilà, c’était très bon.  Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour. » (Gen 1 v 31)

 

« Dieu acheva au septième jour l’œuvre qu’Il avait faite,

Il arrêta au septième jour toute l’œuvre qu’Il faisait. » (Gen 2 v 2)

"Qui es-tu pour oublier le Seigneur qui t’a fait, qui a tendu les cieux et fondé la terre, pour frémir sans cesse à longueur de jour devant la fureur de l’oppresseur, comme s’il était assez stable pour détruire ?

Mais où est-elle la fureur de l’oppresseur ? Vite, le voilà dégagé celui qui était prostré ; il ne mourra pas, il n’est pas pour la fosse, et le pain ne lui manquera jamais ! C’est moi qui suis le Seigneur, ton Dieu, qui active la mer au point que ses flots grondent et dont le nom est : le Seigneur, le tout-puissant." (Isaïe 51 v. 13-16)

 

 

 

Les cieux racontent la gloire de Dieu,

le firmament proclame l’œuvre de ses mains.

Le jour en prodigue au jour le récit

la nuit en donne connaissance à la nuit.

Ce n’est pas un récit, il n’y a pas de mots,

Leur voix ne s’entend pas.

Leur harmonie éclate sur toute la terre

et leur langage jusqu’au bout du monde.
Là-bas, Dieu a dressé une tente pour le soleil ;

C’est un jeune époux sortant de la chambre,

un champion joyeux de prendre sa course.

(Psaume 19 v. 1 à 7)

 

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon, éternel est son amour !

Rendez grâce au Dieu des dieux, éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur des seigneurs, éternel est son amour !

 

Lui seul a fait de grandes merveilles, éternel est son amour !

Lui qui fit les cieux avec sagesse, éternel est son amour !

qui affermit la terre sur les eaux, éternel est son amour !

 

Lui qui a fait les grands luminaires, éternel est son amour !

le soleil qui règne sur le jour, éternel est son amour !

la lune et les étoiles, sur la nuit, éternel est son amour !

(Psaume 136 v. 1 à 10)

 

 

 

« J’estime en effet que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous.  Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu.

Nous le savons en effet : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement." (Rom 8 v. 18, 19 et 22.)

 

Avec la lettre C le mot : COMBAT                                                Retour à la liste

 

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"L’homme lutta avec Jacob jusqu’au lever de l’aurore. »

et il lui dit  : "on ne t’appellera plus Jacob, mais Israël

car tu as lutté avec Dieu…. "(Gn. 32 v. 25 et 29)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Titre du chapitre :

"De la nécessité de la persévérance pour parvenir aux dernières demeures et des combats que le démon livre aux âmes."  (2D. ch 1 titre)

 

"Ils sont terribles les combats que, sous mille formes les démons livrent à l'âme et cette dernière en souffre beaucoup plus que dans la demeure précédente ". (2D. ch1 v. 3)

 

"quant le combat qu'il nous faut soutenir pour entrer dans le recueillement ne servirait qu'à nous convaincre de notre misère et du tort considérable la dissipation ce serait déjà quelque chose" ( 2D. ch 1 v. 9)

 

La pauvre âme … "se trouve combattue de tant de côtés à la fois avec une angoisse intérieure et si intolérable que je ne sais pas à quoi la comparer si ce n'est aux tourments de l'enfer" (6D. ch 1 v. 9)

 

En une pareille tempête, il n'y a pas d'autre remède que d'espérer en la miséricorde divine … Elle bénit le Seigneur car c'est Lui qui a combattu pour elle et l'a rendue victorieuse. (6D. ch 1 v. 10)

 

"En l’âme, il ne cesse d'y avoir des moments de combats, de peines, de souffrances ce qui néanmoins ne lui enlève pas sa paix. Du moins, il en est ainsi d'habitude" (7D. ch 2, v. 10)

 

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Réflexions                                                                                           COMBAT

Voici un mot que nous aurions volontiers évité d'évoquer, tant nous le connaissons au jour le jour, par expérience ..!

 

Les champs de bataille du petit soldat humain sont innombrables. Il est confronté au combat depuis sa naissance, sortir du ventre maternel n'est pas chose simple, même si elle est dans l'ordre de la nature, jusqu'à notre dernier soupir que nous rendons rarement sans peine.

Et entre ces deux évènements majeurs, chaque heure apporte son lot de nouvelles batailles, avec soi-même, avec les autres !

 

Non, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Le Mal rôde, cherchant qui dévorer. Dans toutes les variations, concernant les choses les plus infimes jusqu'aux plus graves, le mal est présent.

 

Souvent, en vieillissant, nous sommes fatigués de nous battre, c'est pourquoi la liturgie des défunts, souhaite pour eux le de "repos éternel. Certes, il vient un temps où nous espérons en avoir fini avec les combats.

Les Écrits de sainte Thérèse font fréquemment mention de bataille.

Lutte à tous les étages ; combat intérieur, combat dans les relations, combat avec les circonstances extérieures ou les éléments, la santé.

 

Pour la vie quotidienne ce combat ne nous atteint pas de manière vitale ; en général, nous avons un toit, de quoi nous nourrir et nous vêtir.

Et tout le monde ne peut en dire autant !

 

Vis à vis de l'Ennemi, il faut donc rester vigilant, d'autant qu'il peut se donner belle figure et faire la mine des plus grands et nobles sentiments. Le combat n'est pas encore terminé.

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Citations de l’Écriture                                                                         COMBAT

 

 

Le serpent est le plus rusé des animaux des champs, que le Seigneur avait fait. Il dit à la femme :" Dieu a-t-il réellement dit :"vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?" La femme répondit au serpent : " Nous pouvons manger du fruit mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin Dieu a dit : Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez point de peur que vous ne mourriez." Alors le serpent dit à la femme :" vous ne mourrez point mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal." La femme vit que l'arbre était bon à manger et beau à voir et qu'il était précieux pour avoir l'intelligence. Elle prit de son fruit et elle en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était auprès d'elle et il en mangea. (Gen. 3 v. 1-6)

 

Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore .Voyant qu'il ne pouvait pas le vaincre, cet homme le frappa à l'emboîture de la hanche et l'articulation de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui .Il dit:" Laisse-moi aller car l'aurore se lève. Jacob répondit :" Je ne te laisserai pas aller que tu ne m'aies béni. Il lui dit :"quel est ton nom ? " . Il répondit : "Jacob". Il dit encore : "Ton nom sera désormais Israël car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu as été vainqueur" (Gen.32 v. 25 à 30)

 

 

 

 

"Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"

(Ps. 22 v. 3)

 

 

 

 

Jésus dit : "Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié:". Alors les Grands prêtres et les Anciens du peuple se réunirent dans la cour du Grand prêtre, appelé Caïphe et ils délibérèrent sur les moyens d'arrêter Jésus par la ruse et le faire mourir" (Mt.26 v. 2-4)

 

Jésus et ses disciples se rendirent au Mont des Oliviers. Alors Jésus leur dit : "Cette nuit, je serai pour vous une occasion de chute car il est écrit :"Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, après avoir ressuscité, je vous précèderai en Galilée." Pierre prenant la parole lui dit :" quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. Jésus lui dit : " En vérité, cette nuit même, avant que le coq chante tu me renieras trois fois." Pierre lui répondit :"Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierais pas et tous les autres disciples dirent la même chose."

"Alors, Jésus alla avec eux dans le domaine appelé "Gethsémani". Il dit aux disciples : "Asseyez-vous là, pendant que je m'éloignerai pour prier." Il prit avec Lui Pierre et les deux fils de Zébédée et Il commença à éprouver tristesse et angoisse. Il leur dit alors: "Mon âme est triste jusqu'à la mort. Restez ici et veillez avec moi." Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta face contre terre et pria ainsi "Mon Père, s'il est possible que cette coupe s'éloigne de moi. Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux !" Il revint vers ses disciples et les trouva endormis. Il dit à Pierre :" Vous n'avez donc pas pu veiller une heure avec moi !" (Mt. 26 v. 31-40)

 

Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième heurte, il y eut des ténèbres sur toute la terre. Vers la neuvième heure Jésus s'écria d'une vois forte : "Eli, Eli, lama sabactani", c'est à dire : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" (Mt. 27 v. 45-46)

 

 

 

 

"Jésus répondit à Pilate :" Ma royauté n'est pas de ce monde, si ma royauté était de ce monde, mes gardes auraient combattu pour que je ne sois pas livré." (J. 18 v. 36)

 

"Je te recommande, mon enfant Timothée, selon les prophéties qui ont été faites précédemment à ton sujet, afin que par elles, tu combattes le bon combat, garde foi et bonne conscience…" (1 Tim. 1 v.18)

 

 

 

Avec la lettre C le mot : COMPASSION                                      Retour à la liste

 

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"Près de la Croix se tenait Marie, sa mère…

... Jésus dit : J’ai soif."

(Jn. 19 v. 26 et 28)

 

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"On remarque chez mon père beaucoup de charité pour les pauvres et de compassion envers les malades. Sa bonté à l'égard des serviteurs allait si loin qu'on ne put jamais le décider à prendre des esclaves. Leur sort lui faisait trop de pitié." (V.1, 1)

 

"Si nous voyons quelqu'un aux prises avec un grand travail, notre comportement naturel nous invite à la compassion " (V. 32, 6)

 

"Je riais en moi-même et j'avais de la compassion de voir ce qu'apprécient les hommes !"

(V. 38, 4)

 

"Le Seigneur veut des œuvres. Il veut, par exemple, que si vous voyez une malade, que vous pouvez soulager, vous laissiez là votre dévotion pour l'assister, que vous lui témoignez de la compassion, que sa souffrance soit la vôtre et que, s'il en est besoin vous jeûniez pour qu'elle ait à manger . (5D. ch 3 v. 11)

 

"Me faisait une grande peine, le couvent de l'Incarnation" (Cta.91, 17)

 

Au sujet d'une jeune esclave, probablement originaire d'Afrique, qui voulait entrer au monastère de Séville, elle répond à la prieure embarrassée :

"Quant à faire entrer cette esclavilla, ne résistez en aucune manière" (Cta. 198, 5)

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Réflexions                                                                                  COMPASSION

 

Pour nous qui sommes guidés sur le chemin de la "Vie Intérieure " par sainte Thérèse d'Avila ;

la compassion me semble être l'une des plus importantes qualités à acquérir, parce qu'elle conduit à l'amour du prochain.

Il me semble que cette vertu représente le cran au dessus de l'affabilité dont nous avons parlé, il y a quelques semaines.

Elle comporte encore davantage de bonté et moins de désir de plaire.

 

J'ai sous les yeux ce qui pourrait en être l'illustration : une partie d'un tableau de Duccio, peintre primitif italien, qui montre Jésus descendu de la Croix et offert à sa mère.

Elle le soutient, dans le sens qu'elle Le reçoit et porte sur elle, la souffrance de son fils.

Le visage de Marie est creusé par la douleur, les bras tendus vers Lui, on sent sur elle le poids du corps abandonné de Jésus :

"Tout est accompli".

 

Parfois monte en nous, du plus profond, un élan de compassion vis à vis du monde en bataille, en désarroi, vis à vis de proches dont nous aimerions soutenir la peine, que nous voudrions apprendre consoler.

Le mot "compasion" existe en espagnol, mais, je rapprocherai le mot français "compassion" d'un autre mot utilisé, en espagnol qui peut donner un meilleur éclairage pour notre travail, c'est le mot "lastima" souvent traduit par pitié ou commisération

Thérèse dit qu'elle éprouvait "grandissima lastima" pour saint Pierre d'Alcantara, faite de respect et de tendresse.

Cet exemple peut nous faire percevoir qu'il s'agit d'autre chose que de pitié. (V. 30, 6)

 

Sainte Thérèse exprime un même sentiment envers Luisa de la Cerda, cette grande dame que ses supérieurs l'avaient envoyée consoler de son veuvage Elle a éprouvé pour elle beaucoup d'amitié. (V. 34, 4)

J'ai l'impression qu'il pourrait s'agir plus justement de compassion, de commisération.

 

Quant à nous, nous pouvons nous exercer à ce que nos élans soient moins éphémères et plus équilibrés.

 

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Citations de l’Écriture                                                                COMPASSION

 

 

"Le Seigneur déborde de compassion pour son pays, il a pitié de son peuple".

(Joël 2 v.18).

"Je sauverai la maison de Joseph, je les rétablirai parce que j'aurai compassion d'eux. Je suis le Seigneur, leur Dieu." (Za. 10 v. 6).

 

 

 

En voyant la mère, le Seigneur fut prit de compassion pour elle, Il lui dit : "Ne pleure plus. " Il s'avança toucha le cercueil et dit : "Jeune homme, je te l'ordonne, réveille-toi."

Alors le mort s'assit et se mit à parler.

Et Jésus le rendit à sa mère." (Lc. 7 v. 13-15)

 

"Un Samaritain, passant par là, eut compassion de lui " (Lc.10 v. 33)

 

Il était suivi d'une grande multitude de peuple, entre autre de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Lui." (Lc. 23 v. 27)

 

 

 

Lorsque Jésus les vit se lamenter, Marie et les Juifs qui l'accompagnaient, Il frémit intérieurement et Il se troubla… Alors Jésus pleura; et les juifs disaient :

"Voyez comme Il l'aimait !" (Jn. 11 v. 33)

 

 

 

Avec la lettre C le mot : CONFIANCE                                        Retour à la liste

 

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"Seigneur, moi je compte sur ta fidélité."

(Ps 13 v. 6)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"… Il n’y a pas à compter sur nous ; c’est même dans nos plus fermes résolutions que nous devons le moins nous fier à nous-mêmes, et notre confiance ne doit reposer qu’en Dieu." (C. 41, v. 4)

 

"… On peut bien se trouver assailli de certains doutes..., et l'esprit hésite un peu, mais l'âme elle-même garde une assurance que rien n'est capable d'ébranler." (6D. ch 3 v. 7)

 

"Quand je vois des personnes avancées dans la perfection, ayant les fermes déterminations dont je viens de parler, détachées, courageuses, je les aime beaucoup. Je communique volontiers avec elles : il me semble qu'elles m'aident.

Quant à celles que je vois timorées et qui me paraissent n'avancer qu'en hésitant dans les choses qui se peuvent faire très raisonnablement, elles m'affligent, elles me font crier vers Dieu…"

Ce n'est pas que je me croie capable de rien, mais j'ai la conviction que Dieu soutient ceux qui s'exposent pour Lui, et que jamais Il ne nous manque quand nous nous confions à Lui seul." (Relation 1, 14)

 

 "Je me soumets, sur tous les points, à ce qu’enseigne notre Mère la Sainte Église romaine. De plus, je veux, mes sœurs et mes filles, que cet écrit ne soit remis entre vos mains qu’après avoir été examiné par des théologiens et des hommes spirituels.

Je commence au nom du Seigneur, avec l’assistance de sa glorieuse Mère dont quoique indigne, je porte l’habit, celle aussi de mon glorieux père et protecteur saint Joseph, qui m’a constamment soutenue de son intercession et dont j’habite la maison, ce monastère des Carmélites déchaussées portant son nom." (Prologue des fondations v. 7)

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Réflexions                                                                                        CONFIANCE

 

Je ne sais pas d'où vient cette tendance à choisir des termes qui semblent évidents, dont le sens paraît clair. Mais, pas plutôt entrepris les recherches sur le sujet choisi, les investigations se multiplient et rebondissent à l'infini.

Pour ce qui est du mot confiance, c'est bien ce qui s'est produit.

Pour clarifier mes pensées, j'ai commencé par dissocier confiance et abandon, chacun de ces mots me semblent, en effet, valoir un temps de réflexion particulier.

 

I. La confiance est le maître mot des relations humaines.

Elle n'est pas seulement sentiment, elle est aussi acte : acte de reconnaissance entre des personnes.

Elle est gage de développement,

Elle s'écrit dans l'espace entre les êtres, elle est donnée, elle est reçue ; elle relie soi et l'autre dans la possibilité d'une histoire. Le temps entre en jeu dans cet espace entre les êtres. Faire confiance à quelqu'un dans un moment sensible l'encourage effectivement

*Je tire une partie de ces pensées d'un article qui m'a semblé très riche intitulé* "la confiance dans les relations pédagogiques " de Laurence Cornu.

Ce texte m'a été communiqué par une amie qui a crée une association de parrainage destinée à des enfants en difficulté dans leur milieu familial. Ce travail porte beaucoup de fruits.

 

Du plus loin que remontent mes souvenirs, cet état, ce sentiment de confiance a été une de mes plus anciennes expériences. J'avais confiance en mes parents, c'était la chose la plus naturelle du monde. Tranquille dans ma famille entre père et mère, dont la protection sans faille était renforcée par la présence d'un frère et d'une sœur aînés.

Malgré les problèmes financiers aigus de mes parents, puis, les graves problèmes de santé de mon père, je me suis toujours sentie à l'abri à la maison, jusqu'à l'adolescence qui représente souvent l'entrée et la confrontation avec la vie sociale. Cette sensation de sécurité que je décris là est, je l'espère, l'expérience de beaucoup d'enfants.

 

La confiance est parmi les qualités premières des relations humaines, nous venons de le dire, et particulièrement dans la vie de couple. Quand elle est menacée, les enfants se sentent malheureux et dans l'incertitude, de manière fondamentale.

C'est sans doute dans le milieu familial que prend racine la confiance dans les autres en général. Elle permet de vivre serein avec lucidité, de ne pas être constamment aux aguets et plein de méfiance dans l'approche des autres.

 

II. La confiance en soi:

La confiance en soi tire son origine du terreau familial, je pense. Elle se fonde sur la manière dont nous avons été considérés dans l'enfance, par les adultes et les proches.

Notre personnalité s'est bâtie sur ce solide fondement. De là, naît la confiance dans la vie.

 

Ici encore, il nous faut bien distinguer ce sol ferme sur lequel nous nous sommes construits et l'autosatisfaction qui ferait reposer notre vigueur dans l'existence, seulement sur nos propres forces.

A ce sujet, sainte Thérèse nous met en garde contre la suffisance qui nous ferait croire que tout seul, sans les autres et surtout sans Dieu nous pouvons tenir debout et nous en sortir.

 "….il n’y a pas à compter sur nous ; c’est même dans nos plus fermes résolutions que nous devons le moins nous fier à nous-mêmes, et notre confiance ne doit reposer qu’en Dieu." (C.41, 4)

 

Pour ce qui concerne la plupart d'entre nous, je voudrais ajouter une remarque : souvent, nous avons été en difficulté pour nous développer harmonieusement. Nos parents semblaient devoir avant tout éviter que nous nous prenions pour quelqu'un et la tendance à rabaisser le "caquet" des enfants était monnaie courante dans notre éducation.

 

Cette attitude était d'ailleurs conforme aux enseignements de l'Église à laquelle j'appartiens. Le plus gros des péchés capitaux n'était-il pas l'orgueil, faute majeure de Satan lui-même ?

Le résultat de cette déviance dans les rapports entre jeunes et adultes est encore sensible chez beaucoup de gens de ma génération, avec le "paquet" de culpabilité qu'elle nous fait porter cela a entraîné chez beaucoup ce qu'on a appelé "la névrose chrétienne". Dommage.

 

III. La confiance en Dieu:

Pour ce qui est de la relation à Dieu, la confiance en Dieu, est-ce ainsi qu'on nomme la foi ?

La foi vit plus ou moins active au fond de chaque croyant, en alternance avec des moments de doute.

Ces hauts et des bas dans la foi se lisent dans beaucoup de Psaumes. C'est pour ce caractère humain qu'ils sont à la base de la prière des juifs et des chrétiens, et toujours très présents dans ma prière.

Au début du psaume 22, voici notre prière :

"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" (v. 2)

et, à la fin :

" Ils loueront le Seigneur ceux qui Le cherchent (v.27)

Toutes les familles de la terre se prosterneront devant Lui." (v.28)

 

IV. La confiance en Hébreu :

Le mot confiance m'a renvoyé aux mots hébreux qui lui correspondent, j'en ai noté deux :

La confiance (Bitaron) signifie une assurance, une sécurité, une sûreté qui repose non sur moi-même, mais sur Dieu :

 

"Je mets mon espoir dans le Seigneur

Je suis sûr de Sa parole " (Ps. 130 v.1)

 

Mon âme désire le Seigneur, elle espère en Lui, elle compte sur Lui,

"Comme un veilleur attend l'aurore"

 

Dans "Le Château intérieur," (les demeures) Sainte Thérèse dit : "On peut bien se trouver assailli de certains doutes et l'esprit hésite un peu, mais l'âme elle-même garde une assurance que rien n'est capable d'ébranler" (6D. ch 3 v. 7)

 

La confiance se dit aussi Emounah, en hébreu, dans le sens de Foi, certitude, fidélité, et même vérité. Toutes ces traductions existent, nous avons pu les trouver dans les textes bibliques…

 

"Aimez le Seigneur vous tous qui croyez en Lui." (Ps 31 v. 24)

 

Je note que les nuances entre bitaron et émounah sont subtiles, parfois, elles sont difficiles à cerner et souvent ces deux mots se succèdent à l'intérieur d'un même psaume comme pour ouvrir un éventail de significations.

 

V. Confiance et Vérité

Je me suis souvent interrogée : "Pourquoi associe-t-on confiance et vérité ?" Je l'ai compris à partir de la négative: lorsqu'un ami nous trahit, qu'il a trompé notre confiance, c'est comme s'il nous avait menti, la fidélité qui nous unissait est jetée par terre, la vérité de nos liens est saccagée. Je ne peux plus croire en mon ami. C'est une expérience très douloureuse que beaucoup parmi nous ont faite. Nous en avons la trace dans les psaumes :

"Même l'ami sur qui je comptais, celui qui partageait mon pain, a levé le talon contre moi" (Ps. 41 v. 10)

 

Nous venons de célébrer la Passion de Jésus, je pense à sa souffrance lorsqu' Il a été abandonné par tous ses amis, malgré leurs grandes protestations de confiance en Lui :

"Alors les disciples l'abandonnèrent tous, et prirent la fuite;" (Mt 26 v. 56)

 

Nous en reparlerons les mois prochains à propos de pardon et d'abandon, précisément.

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Citations de l’Écriture                                                                    CONFIANCE

 

 

« Abraham eut foi dans le Seigneur, et pour cela le Seigneur le considéra comme juste. » (Ge 15, v. 6)

 

 

 

 

« Moi, je compte sur ta fidélité ;

que mon cœur jouisse de ton salut,

que je chante au Seigneur pour le bien qu’Il m’a fait » (Psaume 13, v. 6)

 

« La joie de notre cœur vient de Lui,

et notre confiance est en Son nom très saint » (Psaume 33, v. 21)

 

« Tourne tes pas vers le Seigneur,

compte sur Lui, Il agira. » (Psaume 37, v. 5)

 

 

 

En entendant ces mots, Jésus fut plein d’admiration pour lui ; Il se tourna vers la foule qui le suivait et dit : "Je vous le déclare, même en Israël je n’ai pas trouvé une telle foi." (Lc. 7, 9)

 

"Que veux-tu que je fasse pour toi ?" Il répondit : "Seigneur, que je retrouve la vue ! " Jésus lui dit : "Retrouve la vue. Ta foi t’a sauvé." (Lc 18, 41-42)

 

Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé. Il vint alors le trouver et lui dit : " Crois-tu toi, au Fils de l’homme ? " Et lui de répondre : " Qui est-il Seigneur, pour que je croie en Lui ? " Jésus lui dit : " Eh bien ! tu l’as vu, c’est celui qui te parle." L’homme dit : "Je crois, Seigneur" et il se prosterna devant Lui. (Jn .9, 35-38)

 

Thomas lui répondit : "Mon Seigneur et mon Dieu."

Jésus lui dit : "Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru." ( Jn. 20, 28-29)

 

 

 

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"Contre Toi, et Toi seul j’ai péché."

(Ps 51 v. 4)

 

"Seigneur, Tu me scrutes et Tu me connais."

(Ps 139 v. 1)

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Saint Augustin rapporte qu'il chercha le Seigneur en divers lieux et qu'il le trouva enfin au dedans de lui-même." (C 28, v. 2)

 

"Si élevée que soit votre contemplation, ayez soin aussi de commencer et de finir toujours par la connaissance de vous même. C’est, du reste, ce que vous ferez la plupart du temps, spontanément et sans avoir besoin de conseil, si votre contemplation vient de Dieu, parce que dans ce cas elle apporte l’humilité, et nous laisse toujours plus éclairés sur le peu que nous sommes." (C. 39 v. 5)

 

"De la connaissance de soi." (1D. ch 2 Titre)

 

"Aussi quelle pitié et quelle honte que, par notre faute, nous ne nous connaissions pas nous-mêmes et que nous ignorions ce que nous sommes ! Si l’on demandait à quelqu’un qui il est, et qu’il ne puisse pas répondre, qu’il ne sache pas davantage quel est son père, que dirions-nous, mes filles, d’une pareille ignorance." (1D.ch 1 v. 2)

 

"N’allez pas vous méprendre sur le sens de mes paroles, cette connaissance de soi est tellement nécessaire, mêmes aux âmes admises par Dieu dans sa propre demeure, que jamais, elles ne doivent s’en départir." (1D. ch 2 v. 8)

 

"Je ne sais si je me suis suffisamment expliquée. En effet, cette connaissance de soi est si importante, que sur ce point je redouterais la moindre négligence, mêmes si vous étiez déjà élevées aux cieux ; car tant que nous sommes sur cette terre, rien ne nous est plus utile que l’humilité. Ainsi, je le répète, il est très bon, il est excellent de s ‘efforcer d’entrer dans la Demeure où l’on s’exerce à cette connaissance, avant de vouloir prendre son vol vers les autres, car c’est le chemin qui y conduit." (1D.ch 2 v. 9)

 

 

Cherche-toi en Moi

 

Ame, il faut te chercher en moi ;

Et tu dois me chercher en toi.

 

De telle sorte a su l’amour

Ame, en moi tracer ton portrait,

Que jamais aucun peintre

Ne saurait, avec autant d’art,

Produire une image pareille.

 

Par l’amour seul, tu fus créée,

Belle, très belle ; c’est pourquoi

Peinte tout au fond de mon cœur ;

Si tu te perdais, mon Aimée,

Tu devrais te chercher en moi.

 

Car je sais que tu trouveras

Au fond de mon cœur, ton portrait,

Peint de façon si ressemblante,

Que te voyant, te réjouiras

De te voir si bellement peinte.

Si par hasard, tu ne savais

En quel endroit me trouver, moi,

Ne t’en va pas de-ci de-là,

Mais si tu veux me trouver, moi,

Tu devras me chercher en toi.

 

Puisque tu es mon lieu de séjour,

Tu es ma maison, ma demeure,

Ainsi je frappe à tout moment,

Si je trouve dans ta pensée

La porte close à mon amour.

 

Hors de toi, ne me cherche pas,

Parce que, pour me trouver, moi,

Il suffit que tu m’appelles ;

A toi, lors, j’irai sans tarder,

Car tu dois me chercher en toi.

 

 

Poème de Thérèse d’Avila

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Réflexions                                                                CONNAISSANCE DE SOI

"La connaissance de soi"

Ces quelques lignes tirées des écrits de Sainte Thérèse mettent bien en relief l’importance qu ‘elle attachait à cette entreprise.

Dans le silence et la solitude, l’absence d’activité qui caractérise l’oraison, on se découvre et apparaissent nos faiblesses, nos limites, le peu que nous sommes face à l’immensité de la nature, autant que vis à vis de la masse des humains dans leur infinie variété. Un petit rien, un grain de sable.

Cette perception peut nous conduire à une certaine humilité ; elle nous met à notre juste place face à la grandeur de Dieu.

Petit à petit, nous sommes débarrassés pour un moment de notre prétention. "Pas meilleurs, pas pire." Nous mêmes en vérité.

 

Deuxième remarque à propos de la connaissance de soi. Quand on évoque ce sujet, se manifeste parfois autour de nous une certaine méfiance, comme si cette attention à soi, cachait un égocentrisme complaisant qu’il valait mieux tenir à distance. Cette méfiance dissimule peut-être une certaine dose de fausse modestie

 

Notre démarche, à la recherche de la vérité sur nous-mêmes est un travail psychologique mais ce n’est pas une psychanalyse…

Il me semble que l'ouverture à laquelle donnent accès la psychanalyse et la psychologie est très précieuse. Loin de nous l'idée de les dénigrer, elles méritent notre considération positive.

 

Sainte Thérèse, dans sa grande finesse, avait sûrement une compréhension très pointue des comportements humains, les siens et ceux des personnes de son entourage. Sa perspicacité et la pertinence de ses conseils tombent la plupart du temps juste ; mais il ne s’agit pas pour elle, bien évidemment d’un travail thérapeutique tel qu’on le pratique aujourd’hui. C'est néanmoins une indubitable quête de vérité sur soi qui engage et amorce, peut-être, en nous, un début de conversion.

 

La notion de juste place dans la relation découverte et cultivée dans la prière donne une grande liberté intérieure, un équilibre et une stabilité : nous trouvons comment être nous-mêmes, dans la stature qui nous appartient en propre. Etre à la juste place, libère beaucoup de forces qui sommeillent en nous.

La connaissance de soi est liée au discernement ; ces mots pourraient être interchangeables. Je les relie aussi à un autre mot thérésien entendement pour comprendre, évaluer, connaître. L'attention à ces mots nous fait percevoir que le développement de l'intelligence n'est pas laissé à notre bon vouloir, souvent un peu indolent. Cette faculté fait partie de notre bagage pour avancer sur le chemin de la vie intérieure, pour la gloire de Dieu.

 

Dans son livre "Le sacrifice interdit " Marie Balmary fait un commentaire très profond de l’histoire d’Abram lorsque Dieu s’adresse à lui pour la première fois, Il lui dit : 

 

« Va pour toi, quitte, pars de ton pays, de ton lieu de naissance… » (Gen 12.v. 1)

 

Va pour toi, c'est-à-dire pour ton bien, pour grandir. "Quitte" : quitte ton pays, ta parenté, pour aller vers toi même, vers celui que tu es destiné à devenir, apprends donc, (et) recherche celui que tu es.

Nous avons relevé dans le livre de Marie Balmary, la phrase qu'elle met en introduction de son ouvrage. C'est une citation de Thérèse d'Avila qui nous paraît être tout à fait dans la ligne de notre réflexion :

 

"Ne croyons pas que nous entrerons au ciel avant d'être entrées dans notre âme"

 

Savoir qui l’on est devient essentiel, dans les relations humaines, celles qui se nouent au jour le jour avec nos proches ; mais aussi celles que nous tentons de laisser naître avec Dieu qui nous attend déjà.

 

Le chemin de l’oraison sur lequel nous nous sommes engagés, a ses exigences, la connaissance de soi en est une, primordiale, elle porte beaucoup de fruits.

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Citations de l’Écriture                                               CONNAISSANCE DE SOI

 

 

Le Seigneur dit à Abraham :

"Va pour toi de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir." (Gen 12, 1)

 

 

 

Aie pitié de moi, mon Dieu, selon ta fidélité ;

selon ta grande miséricorde, efface mes torts

Lave-moi sans cesse de ma faute

et purifie moi de mon péché

Car je reconnais mes torts,

j’ai toujours mon péché devant moi.

Contre toi, et toi seul j’ai péché,

ce qui est mal, à tes yeux , je l’ai fait

ainsi tu seras juste quand tu parleras,

irréprochable quand tu jugeras.

(Psaume 51, v. 3-6)

 

Enseigne-moi les bienfaits du jugement et de la connaissance,

car je me fie à tes commandements

(Psaume 119, v. 66)

 

 

 

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« Seigneur, le ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. »

(Mt. 8 v. 8)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

Mais si vous voulez vous comporter comme il convient en présence d’un si grand Maître, il est bon que vous considériez qui Il est et qui vous êtes, quand ce ne serait que pour être à même de Lui parler avec civilité. (C. 22, 1)

 

Nous pouvons considérer notre âme comme un château, fait d'un seul diamant ou d'un cristal parfaitement limpide, dans lequel il y a beaucoup d'appartements, comme dans le ciel il y a bien des demeures. (1D. ch 1 v. 1)

 

La considération des beautés du ciel et des joies des bienheureux, loin de nous nuire, provoque notre allégresse et nous excite à mériter le bonheur dont jouissent les élus. (1D. 1, 3)

 

Autant que je peux le comprendre, la porte par où l'on entre dans ce château, c'est l'oraison et la considération. (1D. ch 1 v. 7)

 

C'est indubitable : si l'on persévère dans ce dépouillement et cet abandon de tout, on obtiendra ce qu'on désire. A une condition cependant, comprenez-le bien, c'est qu'on se considère comme un serviteur quelconque, suivant la parole de saint Paul ou de Jésus-Christ. (3D. ch 1 v. 8)

 

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Réflexions                                                                            CONSIDÉRATION

 

Dieu est grand, je suis toute petite.

 

Ce mot "considération" a une certaine importance dans le langage de Thérèse à son époque les relations étaient très codifiées. Pour nous aujourd'hui, il nous surprend, il ne fait pas partie de notre vocabulaire usuel.

J’ai bien aimé que Sainte Thérèse le charge de signification.

A travers les lectures des Écrits de sainte Thérèse, je note dans ce terme, des notions d'estime, de respect, tels qu'on les concevait de son temps où les rapports humains étaient fort hiérarchisés.

Considérer c’est regarder attentivement, évaluer avec justesse la situation pour avoir l’attitude qui convient vis à vis de la personne à qui l'on s'adresse.

Nous avons à nous exercer pour acquérir cette manière d'être vis à vis de Dieu, assurément. Vis à vis des autres comme nous l'explique Carl Rogers dans son ouvrage "psychothérapie et relations humaines."

Thérèse utilise ce mot pour nous faire comprendre comment nous comporter vis-à-vis du Ciel, dans le respect, avec discernement, avec justesse, dignité et humilité.

Elle utilise avec le même sens le mot "Révérence." C'est un mot ancien, tout à fait inusité aujourd'hui. Il était porteur d'attitude de respect.

 

En français, ce mot "considération" est lié pour nous à la langue classique et à nos souvenirs des fables de La fontaine. : "Le loup et l’agneau", par exemple.

 

"Considérez que je me vais désaltérant plus de vingt pas au dessous d’elle

et que je ne peux par conséquent troubler sa boisson..."

 

L’agneau craintif s’adresse au grand méchant loup en terme très respectueux, espérant peut être encore sauver sa vie.

"Veuillez examiner mon cas avec indulgence". C’est la considération de l’agneau vis à vis du loup.

Elle ne lui a pas sauvé la vie !

 

Encore une autre vieille expression que je ne vois plus guère employée de nos jours :

"Ma considération distinguée", lisait-on en conclusion de certaines missives très distinguées...

Si j'énumère ces petites locutions, très courantes autrefois c'est afin de circonscrire un peu mieux la signification que sainte Thérèse a pu mettre dans les mots qu'elle emploie.

 

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Citations de l’Écriture                                                         CONSIDÉRATION

 

 

"Dieu considéra toute Son œuvre et Dieu vit que cela était très bon. " (Gen. 1 v. 31). Comme un artiste qui met au bout de son bras tendu la pièce qu'il vient d'achever.

 

Abraham, assis à l'entrée de sa tente, vit arriver les trois voyageurs.

Il se leva et alla à leur rencontre, se prosterna à terre, il dit :

"Mon Seigneur, si j'ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas loin de ton serviteur." (Gen. 18 v. 2)

 

"Moïse était très considéré dans le pays d’Egypte aux yeux des serviteurs du pharaon et aux yeux du peuple." (Ex .11 v. 3)

 

 

 

Béni le Seigneur Ô mon âme !

Seigneur mon Dieu, tu es si grand !

Vêtu de splendeur et d’éclat

(Ps.104 verset 1)

 

 

 

"Considérez les lys des champs, ils ne sèment ni ne moissonnent, et pourtant .même Salomon dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu aussi bien qu'eux " (Mt. 6 v. 29)

 

Le centurion dit à Jésus qui s'apprête à venir guérir son serviteur chez lui :

"Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri." (Mt. 8, 8)

 

Hérode respectait, avait de la considération pour Jean-Baptiste. (Mc. 6 v. 20)

 

A la vue du paralytique guéri par Jésus :

"La stupeur les saisit et ils rendaient gloire à Dieu, ils disaient :

Aujourd'hui, nous avons vu des choses extraordinaires !" (Lc. 5 v. 26)

 

 

 

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"Hérode s’était saisi de Jean le baptiste...

… il voulait le faire mourir."

(Mt. 14 v. 3 et 4)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"L'unique ambition de celui qui commence à faire oraison - n'oubliez pas cela, c'est très important - doit être de travailler avec courage à rendre sa volonté conforme à celle de Dieu."

 

"Si donc il vous arrive de tomber, ne perdez pas courage, mais avancez toujours."(2D. ch 1 v. 8 et 9)

 

"Quand nous marchons d'une manière si raisonnable, tout devient une occasion de chute, parce que tout fait peur, et de là vient que l'on n'ose avancer. Comme si nous pouvions arriver aux Demeures dont il s'agit, et que d'autres fassent le chemin pour nous ! Puisque c'est impossible, ranimons notre courage, mes filles, pour l'amour de notre Seigneur."

 

"Les personnes qui sont arrivées dans cette Demeure ne peuvent rien faire de plus utile que de s'exercer à une rapide obéissance et d'avoir un guide dont elles suivent les avis." (3 D. ch 2 v. 8 et 12)

 

"Titre du chapitre

"L'âme a besoin d'un grand courage pour recevoir de sa majesté d'éminentes faveurs." (6 D ch 4 titre)

 

"Sa majesté qui connaît bien sa faiblesse la fortifie… afin qu'elle ait le courage de s'unir à un souverain aussi auguste et de le prendre pour époux."

 

"Vous riez sans doute en m'entendant parler ainsi et ce que je vous dit vous paraît extravagant, car il n'en est pas une parmi vous qui ne soit très persuadée que le courage ici n'est pas nécessaire, attendu que qu'il n'y a pas de femme, de si basse condition soit-elle, qui n'en ait assez pour épouser le roi." (6 D. ch 4 v. 1 et 2)

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Réflexions                                                                                        COURAGE

 

Comme nous le constatons presque à chacune de nos rencontres, au mot choisi font écho, plusieurs autres qui lui ressemblent, à quelques nuances près.

 

Courage résonne avec vaillance, énergie, audace, endurance et bien d'autres.

Vaillance évoque un soldat, sur le champ de bataille, énergie suggère la force vitale née au fond de l'être, endurance dit la capacité de résister à la souffrance, aux difficultés, la capacité de supporter le mal à longue échéance, c’est mettre toute son ardeur, tout son cœur à réaliser ce qu'on a entrepris, en allant quoiqu'il en coûte, parfois jusqu'aux limites physiques, au delà des conditionnements sociaux qui nous sont imposés.

 

En espagnol, un mot me semble résumer les différentes nuances que nous venons de donner au mot "courage ", c'est le mot : "animo", ce terme s'accorde très bien à la personnalité de sainte Thérèse. La Madre est pleine d'animo !

Il  signifie : courage, détermination, esprit d'entreprise, en dépit des difficultés, des oppositions, des menaces : (que ce soit de la part des autorités ecclésiastiques, de la pression de la société...)

 

Avoir du courage ne veut pas dire qu'on soit sans peurs, ni dans l'inconscience.

Ni téméraire, ni timoré.

J'allierais volontiers courage avec prudence, capacité de discerner les dangers, et d’envisager les parades possibles pour mettre le mal en échec.

Etre assez clairvoyant c’est aussi pour mettre à distance les choses ou les gens qui représentent pour nous des menaces.

Il me semble que courage peut aussi se conjuguer avec sang-froid, (dans la capacité à ne pas se laisser submerger par les émotions, les phantasmes.)

Je suis frappée que le courage puisse être contagieux, certaines personnes possèdent le don d'insuffler à ceux qui les entourent l'énergie qui leur permet de sortir de l'incertitude, de l'apathie, du doute qui les habite. Je pense souvent à ceux qui se sont investis dans la Résistance, pendant la guerre de 40. Ils y ont souvent été entraînés par des gens plus lucides qu'eux et qui les ont conduit à prendre leurs responsabilités.

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Citations de l’Écriture                                                                     COURAGE

 

 

"Le Seigneur parla à tout Israël et dit :

"Soyez courageux et résistants, ne craignez pas, ne tremblez pas devant les nations, car c'est le Seigneur ton Dieu qui marche avec toi, Il ne te délaissera pas, Il ne t'abandonnera pas."

Puis, Moïse appela Josué et, devant tout Israël, il lui dit :

"Sois courageux et résistant, car c'est toi qui entreras dans le pays que le Seigneur a juré à tes pères de leur donner." ( Deut. 31 v. 6, 7 )

 

"Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux qui chancellent, dites à ceux qui s'affolent : Soyez forts, ne craignez pas, Voici votre Dieu. " (Is. 35 v. 4 )

 

"Chacun aide son compagnon, et dit à son camarade : Tiens bon, courage !"( Is 41 v. 6 )

 

"Celui qui avait l'apparence d'un homme me toucha et me réconforta, puis il me dit :

Ne crains pas, homme des prédilections, que la paix soit avec toi, Sois fort, sois fort !

Tandis qu'il me parlait, je repris des forces et je dis :

"Que monseigneur parle car tu m'as réconforté." (Dn. 10 v. 19)

 

 

 

"Prends courage, lève-toi, Il t’appelle." (Mc. 10 v. 49)

 

"Voici que l’heure vient, et maintenant elle est là, où vous serez dispersés, chacun allant de son coté, et vous me laisserez seul.

Mais je ne suis pas seul, le Père est avec moi. Je vous ai dit cela pour qu’en moi vous ayez la paix.

En ce monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde !" (Jn. 16 v. 32-33)

 

 

 

Avec la lettre C les mots : CRAINTE DE DIEU                          Retour à la liste

 

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Dieu dit : "N’approche pas d’ici ! Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte.

Dieu dit : Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob."

"Moïse se voila la face car il craignait de regarder Dieu."

(Ex 3 v. 5 et 6)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

A ceux que la miséricorde de Dieu a fait sortir victorieux de ces combats et que leur persévérance a introduits dans les Troisièmes Demeures, quelles paroles adresserons-nous, sinon celles-ci : Heureux l’homme qui craint le Seigneur ! Ce n’est pas une petite grâce de sa Majesté que je comprenne en ce moment le sens de ce verset castillan, tant j’ai l’esprit peu ouvert à cet égard. Oui, c’est avec raison que nous appellerons bienheureux celui qui en est là ? (3D. ch 1 v. 1)

 

Mais voici un conseil que je vous donne. Malgré la sainteté de l’Ordre et la perfection d’une telle Mère, ne vous croyez pas en sûreté. David était un grand saint, et vous savez ce que fut Salomon. Ne vous fiez ni à votre clôture ni à l’austérité de votre vie ; ne vous appuyez ni sur votre occupation constante des choses de Dieu, ni sur vos continuels exercices d’oraison, ni sur votre séparation des choses de la terre, ni sur l’horreur qu’il vous semble en avoir. Tout cela est bon ; mais comme je l’ai dit, cela ne suffit pas pour nous ôter tout sujet de crainte. Ainsi, répétez ce verset et rappelez-le souvent à votre souvenir : Beatus vir qui timet Dominum.

« Heureux l’homme qui craint le Seigneur » (3D. ch 1 v. 4).

 

J’ai l’air de dire, n’est-ce pas, qu’une fois gratifiée d’une telle faveur, l’âme est certaine de son salut et à l’abri de toute rechute. Et cependant, telle n’est pas ma pensée ; toutes les fois que je dis que l’âme est en assurance, on doit comprendre « aussi longtemps que la divine Majesté la tiendra de sa main, et qu’elle ne l’offensera pas ». Je sais du moins, à n’en pas douter, que la personne en question, bien que arrivée à cet état et y persévérant depuis des années, ne se croit pas en assurance. Elle craint bien plus qu’auparavant de commettre la moindre offense contre Dieu, et elle a les immenses désirs de le servir dont je parlerai plus loin. (7D. ch 2 v. 9)

 

Elles éprouvent un grand tourment à la vue des âmes qui se perdent, et bien qu’elles aient d’une certaine façon la grande espérance de n’être pas de ce nombre, cependant, lorsqu’elles songent à certains personnages que l’Ecriture mentionne comme ayant été favorisés de Dieu, un Salomon, par exemple, qui a eu tant de communications avec sa Majesté, elles ne peuvent, je le répète, s’empêcher de craindre.

Ainsi, mes sœurs, que celle d’entre vous qui se figurerait être la plus en sûreté soit celle qui craigne davantage. « Heureux l’homme qui craint Dieu », dit David. Que sa Majesté nous protège toujours ! Lui demander instamment cette grâce, afin de ne pas l’offenser, c’est la meilleure assurance que nous puissions avoir. Louange éternelle lui soit rendue ! Amen (7 D. ch 4 v. 3).

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Réflexions                                                                          CRAINTE DE DIEU

 

La crainte est un mot qui a dans notre esprit une connotation plutôt négative ; peut-être parce que nous en comprenons mal le sens que lui donne Sainte Thérèse.

Nous confondons crainte et peur ; et bien sûr, cette attitude ne nous fait pas bon effet lorsqu’il s’agit de nos relations avec Dieu. Ce serait la peur d’être en faute qui fait naître et stagner en nous un nuisible sentiment de culpabilité. Peur pour soi, affirme Sainte Thérèse, centrée sur soi, ce qui fait dire à notre maître le Père Pierre Schilling que, pour finir la culpabilité est toujours un mensonge, parce qu’au cœur de ce sentiment il y a nous et non pas Dieu.

 

Peur d’être en faute, peur du châtiment. Nous n’avons plus aujourd’hui au sujet du châtiment la même perception qu’au Moyen Age ; l’enfer ne nous remplit plus de terreur comme autrefois, et nous avons peut-être compris aussi, que le châtiment de nos fautes se trouve souvent inclus dans les conséquences des actes que nous avons posés.

Dans la peur décrite dans les deux paragraphes ci-dessus il y a, me semble-t-il, l’observation d’une attitude non adulte face à la vie.

Autre observation, beaucoup d’entre-nous qui ont reçu une éducation où fleurissaient le jugement et la moralisation, la volonté d’échapper à la culpabilité les a souvent conduits à sortir de l’Église.

 

Nous pouvons, au contraire, adopter et aimer la « crainte de Dieu », telle que nous l’enseigne notre Mère Thérèse. La crainte de Dieu, est d’abord conscience et respect, « considération » de la grandeur de la Majesté divine, dans sa Transcendance.

Si, depuis une cinquantaine d’années, nos yeux se sont ouverts, et ont pu discerner quelque chose de la proximité de Dieu, dans l’Incarnation de son Verbe, cette redécouverte ne doit pas nous faire oublier la dimension divine de la Transcendance, dont étaient fortement imprégnés les croyants qui nous ont précédés.

 

Nous savons que la conscience et le respect de la grandeur divine n’engendre pas la peur, mais au contraire, la jubilation, la joie de servir un si grand Maître.

 

L’autre aspect développé par Sainte Thérèse nous concerne de près, elle nous demande de rester vigilants, dans la perception de notre fragilité, pour avoir constamment recours à la miséricorde divine. La vigilance est donc le mot du vocabulaire de Sainte Thérèse, que j’associerai volontiers à "la crainte de Dieu" avec la "considération"

 

Enfin Sainte Thérèse nous apprend encore que la crainte ne va pas seule ; elle est indissociablement liée à l’amour de Dieu.

Ce sont les « deux places fortes » de la vie intérieure. Tant que l’amour est petit, la crainte l’est aussi, ils grandissent ensemble.

Sainte Thérèse explique :

 L’amour nous fait hâter le pas ; la crainte nous fait prêter attention où nous mettons les pieds." (C. 40-1)

 

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Citations de l’Écriture                                                       CRAINTE DE DIEU

 

 

Il avait quatre-vingt-dix-neuf ans quand le Seigneur lui apparut et lui dit : "C’est moi le Dieu Puissant. Marche en ma présence et sois intègre. Je veux te faire don de mon alliance entre toi et moi, je te ferai proliférer à l’extrême."

Abraham se jeta face contre terre... (Gen 17 v. 1-3a)

 

Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson "Moïse ! Moïse !" Il dit : "Me voici."

Il dit : "N’approche pas d’ici ! Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte." (Ex 3 v. 4-6)

 

 

 

"La crainte du Seigneur est chose claire, elle subsiste toujours,

les décisions du Seigneur sont la vérité, toutes, elles sont justes."

(Psaume 19 v. 10)

"Heureux l’homme qui craint le Seigneur, et qui aime ses commandements."

(Psaume 112 v. 1)

"La crainte du Seigneur, c’est la haine du mal"

(Prov 8 v. 13)

 

 

 

"Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses : Saint est son Nom.

Sa bonté s’étend de génération en génération sur ceux qui Le craignent." Lc. 1 v. 46 et 50)

 

Il s’avança et toucha le cercueil ; ceux qui le portaient s’arrêtèrent ; et Il dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, réveille-toi. » Alors le mort s’assit et se mit à parler, et Jésus le rendit à sa mère. Tous furent saisis de crainte, et ils rendaient gloire à Dieu en disant :

"Un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple." (Lc. 7 v. 14-16)

 

 

 

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" Comme une biche se tourne vers les eaux vives." Ps 42 v. 2

 

«  Je meurs de ne pas mourir. » Saint Jean de la Croix

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

Oh ! Combien de fois me trouvant en cet état, me suis-je souvenue de ce verset de David : Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum : Comme languit une biche après les eaux vives, ainsi languit mon âme vers toi, mon Dieu. (Ps 41 v. 2)

Il exprime exactement, me semble-t-il, ce qui se passe alors en moi. (V 29, 11)

 

L’unique ambition de celui qui commence à faire oraison – n’oubliez pas cela, c’est très important – doit être de travailler avec courage à rendre sa volonté conforme à celle de Dieu, de prendre toutes les résolutions, tous les moyens nécessaires pour y arriver. Du reste, soyez-en très certaines – et je le dirai plus loin – en cela consiste tout entière la perfection la plus haute que l’on puisse atteindre dans le chemin spirituel. Plus cette conformité est parfaite, plus on reçoit du Seigneur, et plus on est avancé sur ce chemin. (2D. ch 10 v. 8)

 

Croyez-moi, la grande affaire n’est pas de porter un habit religieux, mais de travailler à pratiquer les vertus, à soumettre en toutes choses sa volonté à celle de Dieu, afin que notre vie se déroule dans les conditions choisies par Lui, à ne pas vouloir que notre volonté se fasse, mais la sienne ! (3D. ch 2 v. 6)

 

Ces opérations intérieures étant toutes douces et paisibles, ce qui est laborieux apporte plus de dommage que de profit. J’appelle laborieux, toute violence que l’on veut se faire, comme serait, par exemple, le fait de retenir sa respiration. L’âme doit s’abandonner entre les mains de Dieu, pour qu’Il fasse d’elle tout ce qu’Il voudra, se tenir le plus possible dans l’oubli de son intérêt propre et dans la résignation à la volonté du Seigneur. (4D. ch 3 v. 6)

 

Quand l’âme est entièrement revenue à elle, oh ! Quelle confusion elle éprouve ! Et quels ardents désirs de s’employer pour Dieu de toutes les manières qu’Il voudra ! (6D. ch 4 v. 15)

 

 

Je suis tienne, pour Toi je suis née

que veux-tu faire de moi

 

Donne-moi Calvaire ou Thabor,

Désert ou terre d’abondance,

Que je sois Job en sa douleur,

Jean, reposant sur son cœur,

Que je sois vigne féconde,

Ou stérile, s’il te plaît ainsi.

Que veux-tu faire de moi ?

 

Que je sois Joseph enchaîné,

Ou fait gouverneur de l’Egypte,

David souffrant des tourments,

Ou David élevé très haut ;

Que je sois Jonas naufragé,

Ou bien Jonas sauvé des eaux,

Que veux-tu faire de moi ?

 

Que je me taise ou que je parle

Que je porte des fruits ou non ;

Que la Loi me montre ma plaie,

Ou l’Evangile, sa douceur,

Dans la peine ou dans la jouissance,

Que Toi seul Tu vives en moi ;

Que veux-tu faire de moi ?

 

 

Poème de Sainte Thérèse d’Avila, acceptant dans son âme et dans son corps le Désir de Dieu

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Réflexions                                                                                               DÉSIR

 

Souvent, le mot retenu dans le vocabulaire de Sainte Thérèse d'Avila, résonne avec des mots proches tels que recherche, soif, quête que la Madre utilise de manière presque interchangeable .Ces mots reliés les uns aux autres, s'éclairent mutuellement.

 

Aujourd'hui, pour creuser ce thème du "désir de Dieu" ouvrons deux fenêtres :

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Le désir de servir Dieu.

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Le désir d'union à Dieu.

L'un et l'autre sont des attitudes très chères à Sainte Thérèse.

 

- Le désir de servir Dieu :

Pour ce qui nous concerne, nous connaissons nos bonnes aspirations ; beaucoup de nos gestes, de nos actions, de nos paroles manifestent nôtre désir d'être serviteur.

Veuille le Ciel qu'il s'agisse, sur l'un ou l'autre des registres de notre existence, de quelque chose de plus consistant que de simples velléités.

Que nos désirs soient davantage que des vœux pieux ou que des projets fumeux.

 

Dieu nous attend dans le "faire ", que nos actes soient conformes à Sa Volonté.

Rappelons nous que nous ne sommes que des serviteurs ordinaires :

 

"Vous, quand vous avez fait tout ce qui vous était ordonné, dîtes : nous sommes des serviteurs quelconques. Nous avons faits seulement ce que nous devions faire."

( Lc 17 v. 10 )

 

- Le désir d'union à Dieu

Il se dit en termes d'alliance, de fiançailles d'épousailles, avec des mots d'amour.

Nous sommes étonnés, non que certains grands saints puissent être habités de cette ardeur vis à vis de Dieu, mais, que semblable flamme nous soit offerte !

Notre foi se tient à un niveau moyen, elle n'a pas de quoi nous décoiffer, ni nous, ni nos voisins.

 

Lorsque nous ouvrons les pages du Cantique des Cantiques dont les commentateurs juifs disent que c'est le plus beau des livres bibliques, nous ne pouvons qu'être stupéfaits, le mot n'est pas trop fort, les expressions amoureuses du bien-aimé ou de la fiancée sont pleines de vie. Elles disent l'amour fou du Seigneur pour Sa fiancée Israël, et la quête éperdue d'Israël vers son Dieu, malgré ses innombrables fautes et infidélités.

Dans les textes des grands mystiques, les mêmes mots, les mêmes sentiments apparaissent. Je viens de le découvrir en commençant la lecture du Cantique spirituel de saint Jean de la Croix.

C'est à la demande de la mère prieure de Beas de Segura ou de Grenade, en Andalousie, que Jean de la Croix a écrit ce livre.

La Mère Anne de Jésus voulait que leur Père fasse, pour elle et ses moniales, un commentaire du "Cantique des cantiques ". Ce qu'il fit et il lui donna le nom de "Cantique spirituel".

Rien qu'en ouvrant les pages de ce livre, je suis saisie de la réponse de Jean de la Croix à Mère Anne.

Il a composé une "Explication du chant qui traite de l'exercice de l'amour entre l'âme et l'Époux" qui porte le titre :  "Chansons entre l'âme et l'Époux "

 

Je voudrais noter aussi le jeu poétique auquel se livrèrent Thérèse d'Avila et Jean de la Croix à partir du refrain

 

"Je vis sans vivre en moi

et mon espérance est telle

que je meurs de ne pas mourir"

 

Sur ce thème, chacun des deux, Thérèse et Jean, a œuvré selon son inspiration. Et les deux poèmes reflètent bien leurs deux tempéraments.

 

Enfin, dans ses Écrits Thérèse a évoqué à plusieurs reprises le psaume 42 : « J’ai soif de Dieu, du Dieu vivant ! »

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Citations de l’Écriture                                                                             DÉSIR

 

 

Ô vous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux

(Is.55 v. 1)

 

 

 

Comme une biche se tourne vers les cours d’eau

Ainsi mon âme se tourne vers toi, mon Dieu.

J’ai soif de Dieu, du Dieu vivant

Quand pourrais-je entrer et paraître face à Dieu 

(Ps 42, 2-3)

 

 

 

"Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés." (Mt. 5, 6)

 

"Notre Père ... que ta volonté soit faite sur la terre…" (Mt. 6 v. 7-15)

 

La femme lui dit : "Seigneur donne-moi cette eau pour que je n’ai plus soif et que je n’ai plus à venir puiser ici." (Jn. 4, 15)

 

"Mon travail c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé" (Jn. 6 v. 38)

 

 

 

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« Dame sainte pauvreté que le Seigneur te sauve, avec ta sœur sainte humilité. »

Saint François d’Assise

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

Venons maintenant au détachement que nous devons avoir, car de sa perfection dépend tout le reste. Je dis que tout en dépend, car lorsque nous nous attachons uniquement au Créateur, en ne nous souciant plus de tout le créé, sa Majesté infuse si bien en nous les vertus que, à supposer que nous fassions les petits efforts en notre pouvoir, nous n’avons plus de grands combats à soutenir. Le Seigneur prend en main notre cause, Il nous défend contre les démons et contre le monde entier. Pensez-vous mes sœurs que ce soit un petit avantage pour nous que celui de nous donner tout entières et sans partage à notre Tout ? (C. ch 8, 1)

 

Ainsi, détachez-vous de tout le créé. C’est d’ailleurs une grâce que le Seigneur accorde, je le vois, à toutes celles qu’Il a spécialement choisies pour ce monastère. Leur détachement, il est vrai, n’est pas encore parfait en tout point ; mais au grand contentement, à cette allégresse qu’elles éprouvent en songeant qu’elles n’auront plus à s’occuper des choses de cette vie, au goût qu’elles trouvent dans toutes les pratiques de l’état religieux, il est facile de reconnaître qu’elles s’y acheminent. (C. ch 13, 6)

 

Nous sommes à Lui, mes sœurs : qu’Il fasse de nous ce qu’Il voudra, qu’Il nous conduise par où il Lui plaira. Si nous nous humilions, si nous nous détachons véritablement - et non pas seulement par l’imagination qui, si souvent, nous trompe, car il faut que le détachement soit absolu -, le Seigneur, j’en suis persuadée, ne nous refusera pas cette grâce, et Il nous en accordera même beaucoup d’autres qui surpasseront nos désirs. Bénédiction et louange sans fin lui soient rendues ! Amen. (4D. ch 2 v. 10)

 

C’est certain, dès que notre âme se vide de tout ce qui est créé et s’en détache pour l’amour de Dieu, le Seigneur la remplit nécessairement de Lui. (7D. ch 2 v. 7)

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Réflexions                                                                             DÉTACHEMENT

 

Dans le dictionnaire thérésien du père Tomas Alvarez , le père Moalax nous dit que, dans ses écrits, Teresa d'Avila a utilisé les mots pauvreté, détachement dénuement, lâcher-prise , dessaisissement, , de manière interchangeable…

Pour Teresa la pauvreté est très proche parente du détachement.

Le père Moalax dit encore que, pour elle, le détachement s'applique à nous-même, à nos passions à nos ambitions, à toutes sortes d'impératifs qui nous entravent.

Tous ces termes invitent à faire sentir la centralité de Dieu dans notre vie ;

Thérèse dans ce petit poème "Nada te turbe", que beaucoup connaissent ; dit :

"Qui a Dieu, rien ne lui manque"

 

Priorité à Dieu dans toute notre vie. Cette attitude ferme est l'antidote de l’idolâtrie. Tout le reste est second.

Qu'il nous soit permis de faire ici une petite digression à ce sujet :

L'idolâtrie n'est pas, comme nous le pensons parfois, l'apanage de gens primitifs qui adorent les forces de la nature ou des objets inanimés .Tout ce qui prend la première place est idole.

Si nous sommes attentifs à notre manière de vivre, nous risquons d'avoir des surprises. Les sentiments qui nous semblent les plus nobles, comme l'amour d'un parent pour son enfant, l'attachement exclusif à une personne, fût-elle son conjoint, peuvent devenir des tendances plus ou moins prononcées à la tyrannie, à l’idolâtrie.

Il en va de même du culte à Marie ou à certains saints Il est des formes de piété qui touchent presque à la magie, en tout cas à la superstition.

Les idéologies toutes-puissantes aussi peuvent devenir idoles et nous enfermer dans leur carcan. S'en dépouiller n'est pas un appauvrissement, mais plutôt une libération.

Tout en écrivant ces choses, je réalise qu'il y a un lien très fort entre le détachement - quête de la pauvreté - et la liberté.

Précisons encore pour nous, en suivant le fil de notre pensée depuis des éléments les plus directement accessibles à notre réflexion : la pauvreté est d'abord, une réalité très concrète, matérielle. Nous ne l'avons, sans doute, pas  éprouvée de façon durable ; peut-être même ne l'avons-nous jamais connue réellement, Sans vivre dans l’opulence, nous avons toujours eu de quoi subsister.

 

Ceci ne nous empêchera pas, bien au contraire, d'avoir à cultiver une certaine capacité de détachement, tant par rapport aux objets que par rapport aux personnes ou aux idées, ainsi que nous l'avons indiqué plus haut.

Si nous n'avons pas eu à éprouver la pauvreté matérielle, en revanche, il nous est sûrement arrivé de nous ressentir dans un état de pauvreté physique, dans la maladie, dans la fatigue, nous avons supporté les limites de la santé, nous avons eu conscience de notre vulnérabilité, de notre faiblesse, particulièrement aussi, en vieillissant, je peux aujourd'hui en parler d’expérience.

 

La déprime, le découragement ont pu aussi, faire naître en nous des sentiments de dénuement, de solitude, de dépouillement, d'abandon qui ont à voir avec la pauvreté et que nous sommes parfois bien obligés d’endurer.

 

Sur un autre registre, bien que souvent mêlé à ce qui vient d'être dit, il nous est parfois donné de percevoir notre pauvreté spirituelle faite de velléités vite envolées, de résolutions éphémères, d'étroitesses, de manquements qu'il faut bien appeler des fautes. Une juste conscience de ce que nous sommes peut-être féconde, si elle est solidement arrimée à un esprit de vérité, elle nous rapproche de l'humilité qui tient la première place dans la vie intérieure, mais certaines impressions négatives, telles que : "je ne vaux rien, je suis zéro, je suis nul …" sont à purifier, pour éviter de verser dans un sentiment de culpabilité infructueux qui a souvent sa source dans une vraie fausse modestie !

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Citations de l’Écriture                                                          DÉTACHEMENT

 

 

Voilà pourquoi je vous dis : "Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement, Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent point dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit ! Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux, Et qui d’entre-vous peut, par son inquiétude, prolonger tant soit peu son existence ? Et du vêtement, pourquoi vous inquiéter ?"

 

"Observez les lys des champs, comme ils croissent : ils ne peinent ni ne filent, et je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux ! Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ! Ne vous inquiétez donc pas, en disant : qu’allons-nous manger ? Qu’allons-nous boire ? De quoi allons-nous nous vêtir ?  - tout cela, les païens le recherchent sans répit -, il sait bien, votre Père céleste, que vous avez besoin de toutes ces choses. Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain : le lendemain s’inquiètera de lui-même.

A chaque jour suffit sa peine." Mt 6, 25-34

 

 

 

Comme il se mettait en route, quelqu’un vint en courant et se jeta à genoux devant lui ; il lui demandait : "Bon Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ?" Jésus lui dit : "Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul. Tu connais les commandements : Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras de tort à personne, honore ton père et ta mère."

L’homme lui dit : " Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse." Jésus le regarda et se prit à l’aimer ; il lui dit : "Une seule chose te manque ; va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens suis-moi." Mais à cette parole, il s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. (Mc. 10, 17-22)

 

 

 

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Thérèse d’Avila recommande à ses filles de ne pas marcher à pas de poule.

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

Titre du chapitre :

"Combien il importe d’entrer dans ce chemin de l’oraison avec une ferme détermination et de mépriser les difficultés que le démon nous crée." (C. 21, titre)

 

"Ne vous étonnez pas, mes filles, qu’il faille se préoccuper de tant de choses avant de commencer ce divin voyage. C’est le chemin royal qui conduit au ciel, et le trésor qu’on acquiert en y marchant est immense : rien d’étonnant que son acquisition nous semble coûter cher. Un temps viendra où nous comprendrons que tout n’est que néant comparé à son inestimable valeur.

Revenons à ceux qui sont décidés à marcher sur ce chemin et à ne pas s’arrêter avant d’avoir atteint le but, c’est à dire avant de s’être abreuvé de cette eau vive. Et d’abord, comment faut-il débuter ?

Je le répète, ce qui est d’une importance majeure, d’une importance capitale, c’est d’avoir une résolution ferme, une détermination absolue, inébranlable, de ne pas s’arrêter avant d’avoir atteint la source, quoiqu’il arrive ou puisse survenir, quoi qu’il puisse en coûter, quelques critiques dont on soit l’objet, qu’on doive arriver au but ou mourir en chemin, accablé sous le poids des obstacles, quand le monde enfin devrait s’effondrer !"  (C. 21 v. 1et 2)

 

Titre du chapitre

"Combien il importe à celui qui est entré dans le chemin de l’oraison de ne pas retourner en arrière. On insiste sur le courage avec lequel il faut s’engager dans la carrière." (C. 23, Titre)

 

"Cet amour, mes filles, ne doit pas être un vain fruit de l’imagination, mais se prouver par les œuvres. Ne vous figurez pas cependant que Dieu ait besoin de nos œuvres ; ce qu’il lui faut, c’est la détermination de notre volonté." (3D. ch 1 v. 7)

 

"Mais peut-être ne savez vous pas bien ce que c’est qu’aimer, et je ne m’en étonnerais guère. Eh bien ! aimer, ce n’est pas avoir beaucoup de goûts spirituels, C’est être fermement résolu de contenter Dieu en tout." (4D. ch 1 v. 7)

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Réflexions                                                                         DÉTERMINATION

 

Une expression de cette attitude intérieure transparaît dans la statue de la Santa Madre qui se trouve à Avila, devant le monastère de l’Incarnation.

 

Détermination, est le mot que nous avons choisi comme vis à vis du mot Abandon. Notre attitude déterminée pourrait nous faire imaginer que notre vie intérieure dépend uniquement de notre énergie. Il est donc bon de conjuguer humblement notre volonté avec celle de Dieu.

 

La détermination se caractérise par un "allant" pour marcher sur le chemin de perfection.

Sainte Thérèse dit : « Je restais près de vingt ans au milieu de cette mer orageuse, tombant, me relevant, imparfaitement sans doute, puisque je retombais encore. »

Mais déterminée, elle conclut :

"Cependant, je donnais beaucoup de temps à l’oraison."

 

L’esprit de décision nous est nécessaire pour commencer et persévérer dans le recueillement, en dépit de tout ce qui nous agite et nous disperse. Beaucoup d’images viennent sous la plume de la Sainte Mère à ce sujet. Elle suggère qu’il faut la même énergie que pour aller à la bataille, ou que pour lutter contre la tempête, sur l’océan démonté.

Quand nous entendons Thérèse parler ainsi, il nous paraît logique de rechercher ses conseils dans son guide pratique de l'oraison qu'est "Le Chemin de perfection".

 

La détermination est aussi le contraire de ce que Sainte Thérèse appelle : "marcher à pas de poule."

 

La recommandation de Sainte Thérèse vaut pour nous, qui avançons dans la vie intérieure avec précaution, comme à l’économie, alors qu’il s’agit d’être résolu à continuer la démarche entreprise, sans faiblesse. On aura compris que le "laisser-courir" ne cadre pas avec le tempérament de Sainte Thérèse ; et non plus le mi-chèvre, mi-choux que nous adoptons souvent pour éviter de nous engager.

La détermination1 est donc une attitude dynamique, généreuse, qui brûle les étapes en espagnol on dit  être "varon" (c'est-à-dire être plein de virilité) Ce sont les expressions choisies par le Père Maalax.

Dans son commentaire sur ce thème, le Père Maalax donne une autre image : « faire oraison, « c’est comme sauter en parachute ! » il ajoute : « malgré la faiblesse que la Sainte Mère vit dans sa propre chair, car en elle se succèdent décisions et vacillations ; néanmoins, en fin de compte elle va contre vents et marées. »

 

Nos aventures castillanes, sur les pas de Sainte Thérèse, nous aident à nous exercer à la détermination. Brièvement, je dirai de quelle manière :

 

Tout d’abord, en persévérant pour réaliser les projets échafaudés avant de partir. Ensuite, au cours du voyage, tenir nos choix concernant les lectures bibliques, les temps d’assise, les moments de solitude, comment malgré les imprévus, les complications de toutes sortes, préserver les espaces de prière et de silence.

Dans le domaine des rencontres, comment obtenir un rendez-vous, trouver une adresse dans une ville inconnue, être au lieu dit à l’heure prévue, et surtout, une fois face à face avec les carmélites, réussir à se parler vraiment.

 

Pas de mollesse, une certaine fermeté, dans une attitude qui pourrait sembler contraire à la légèreté que nous aimons garder.

Disons, qu’en réalité, la détermination et l’abandon, ou lâcher prise, ne sont pas deux attitudes contradictoires ; elles sont tout à fait complémentaires.

 

_______________________

 

1 Père Maalax « Determine » Estudios térésianos III

Burgos 1996 page 505 à 514

 

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Citations de l’Écriture                                                       DÉTERMINATION

 

 

 

"Vous n’ajouterez rien aux paroles des commandements que je vous donne, et vous n’y enlèverez rien, afin de garder les commandements du Seigneur votre Dieu que je vous donne." (Deut. 4. v. 2)

 

"Je résolus donc de faire de la Sagesse la compagne de ma vie, sachant qu’elle serait ma conseillère pour le bien, mon réconfort dans les soucis et les chagrins." ( Sg 8 v. 9)

 

 

 

"Que votre langage soit : Oui ? – Oui et Non ? – Non. Tout le reste vient du Malin." (Mt. 5. v. 37)

 

"Que votre Oui soit Oui, que votre Non soit Non." (Jc. 5 v. 12)

 

"Or, comme arrivait le temps où Il allait être enlevé du monde, Jésus prit résolument la route de Jérusalem." (Lc. 9 v. 51)

 

 

 

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Dans sa prière Salomon demande à Dieu de

"discerner le bien du mal."

(1R 3 v. 9)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Les personnes dont je parle, canonisent leurs épreuves, et elles voudraient les voir canonisées par les autres." (3D. ch 2 v. 3)

 

"Comme je l’ai annoncé, je vais dire maintenant la différence qu’il y a entre les consolations que l’on trouve dans l’oraison et les goûts spirituels." (4D. ch 1 v. 4)

 

"Il ne faut ni se troubler des pensées importunes ni s’en mettre en peine. Si le démon en est l’auteur, il lâchera prise. Si elles proviennent, comme il n’est souvent que trop vrai, de l’infirmité qui nous est restée, avec bien d’autres inconvénients du péché d’Adam, prenons patience et supportons cette peine pour l’amour de Dieu." (4D. ch1 v. 11)

 

"Il me semble que vous n’êtes pas encore satisfaites et que vous craignez de vous tromper. Et réellement, le discernement de ces choses intérieures est difficile." (5D. ch 1 v. 7)

 

"Comment une âme aussi fermement établie dans la volonté de Dieu que nous l’avons dit, et ne voulant en rien faire la sienne, peut-elle tomber dans l’illusion ?

Ensuite, par quelles voies le démon pourrait-il s’introduire chez vous d’une manière assez dangereuse pour causer la perte de votre âme ?" (5D. ch 4 v. 7)

 

"Que cette faveur ne soit pas imaginaire, c’est évident, car on aura beau s’ingénier, jamais on ne pourra rien produire qui y ressemble. L’opération est même si manifeste que l’illusion devient impossible, je veux dire qu’il est impossible de se figurer qu’on éprouve (cette grâce) quand on ne l’éprouve pas, comme aussi de ne pas bien savoir si on l’éprouve ou non.

Et si l’on avait là-dessus quelque incertitude – j’entends si l’on n’était pas sûrs d’avoir éprouvé ou non ces véritables élans dont je parle -, qu’on le sache bien, on ne les a pas éprouvés ! L’âme, en effet, perçoit aussi clairement (ces paroles) que les oreilles du corps perçoivent le son d’une voix éclatante. Que cela vienne de la mélancolie, c’est radicalement impossible, parce que la mélancolie ne forme et ne construit ses chimères que dans l’imagination, et ce dont il s’agit procède de l’intérieur de l’âme.

Je peux me tromper, mais tant que quelqu’un d’expert en ces matières ne m’aura pas donné d’autres raisons, je resterai de cet avis. Je connais une personne qui ne craignait rien tant que d’être trompée et qui ne put jamais concevoir la moindre inquiétude sur l’oraison dont je parle." (6 D. ch 2 v. 7)

 

"Quand les paroles procèdent de l’imagination, aucune des marques signalées plus haut ne se manifeste. Il n’y a ni certitude, ni paix, ni goût intérieur." (6D. ch 3 v. 10)

 

"Je ne sais pas si ce que je dis est exact, et si je rapporte fidèlement ce que j’ai entendu sur cette matière.

Moïse non plus ne put expliquer tout ce qu’il découvrit dans le buisson. Il se contenta de dire ce que Dieu lui permit de rapporter. Si le Seigneur, par certains secrets qu’Il lui révéla, ne lui avait donné la certitude que cette vision était de Lui, il ne se serait jamais engagé dans des travaux si grands et si nombreux.

Ce qu’il vit au milieu des épines de ce buisson fut sans doute quelque chose d’admirable, puisqu’il se sentit le courage d’entreprendre la délivrance du peuple d’Israël.

Donc mes sœurs, ne nous torturons pas l’esprit pour pénétrer les secrets de Dieu. Nous croyons qu’Il est tout puissant : nous devons, par une conséquence nécessaire, croire que des vers de terre tels que nous, aussi limités, sont incapables de comprendre ses grandeurs. Contentons nous de le bénir puisqu’il veut bien nous en dévoiler quelques-unes." (6D. ch 4 v. 7)

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Réflexions                                                                                   DISCERNER

 

A propos de discerner, nous ajouterons quelques remarques à ce que dit Thérèse d'Avila, pour aider à la compréhension, en donnant quelques expressions proches :

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Distinguer le vrai du faux

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Discerner la vérité du mensonge

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Reconnaître les illusions

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Repérer les mirages

 

Pour entamer la réflexion, nous partirons de nos perceptions corporelles à la façon de notre maître, Thérèse.

Quand elle évoque la vie de l'âme, elle parle des yeux et des oreilles du corps pour illustrer ce qu'elle veut nous faire comprendre au sujet des sens intérieurs.

Lorsque nos sens sont en bon état, nous disons ce que nous voyons instantanément : cette silhouette furtive qui se glisse entre les massifs de fleurs, c'est un chat. Je le sais, je le dis sans hésitation.

Mais, lorsque ma vue faiblit, je n'ai pas la même certitude, la même assurance, je dois interpréter ce que je vois : est-ce un chat, ou un petit chien, ou un rat ou, encore un sac de plastique emporté par le vent ? et avec beaucoup d'attention, je finis par conclure, "oui, c'est un chat !"

 

Dans l'oraison, dans quel état est ma vue ? Concernant ma vie intérieure, ma relation à Dieu, souvent faible assurément.

A ce sujet, je suis toujours frappée du nombre de fois dans les évangiles où il est question de cécité, ce n'est sûrement pas fortuit.

 

Dans la prière, je m'interroge : "Ce qui m'arrive - un instant de paix, une étincelle de joie, une perspective de pardon - est-ce un signe de Dieu, une bouffée d'euphorie, une envolée d'autosatisfaction, une flambée d'imagination ? Comment le savoir ?

 

Je comprends les interrogations de sainte Thérèse et cette phrase, qui ressemble à un soupir,

"Que le discernement de ces choses intérieures est difficile !"(5D. ch 1 v. 7)

 

Dans la vie spirituelle, nous sommes la plupart du temps dans l'"entre chien et loup", ce moment du jour, au crépuscule où il devient difficile de discerner avec précision ce qui nous entoure. Notre vision des choses est incertaine, faute de lumière et nous attendons que l'aube arrive et nous délivre de nos incertitudes.

"Comme un veilleur attend l'aurore."

(Ps 130 v. 6)

 

Nous aimons voir arriver le temps où nous pourrons déchiffrer les signes des temps

Comme après les rigueurs de l'hiver, l'approche du printemps, dans les jardins, sur les balcons, dans la nature et jusque dans le ciel.

 

Pour terminer (provisoirement) cette courte réflexion, j'aime bien regarder un peu mon propre cheminement pour vérifier en quelque sorte que je suis bien en concordance avec ce que je viens d'écrire sur un ton plus général.

 

Pour ma part, il me semble que je n'ai pas de peine à discerner si ce que je vis dans la prière est imagination ou réalité.

Je passe le plus souvent ces moments dans une sorte de désert, de demi-sommeil, traversé par de nombreuses distractions. A ce niveau-là, point de soucis d'être dans l'illusion. Le désert est parfois un avantage.

En revanche, j'ai conscience d'être dépourvue de clairvoyance en ce qui concerne mes actes quotidiens ; incertaine souvent sur la justesse de mes entreprises, mais, je crois important de m'exercer à mieux évaluer, ou apprécier la valeur de ce que je fais, sous le regard de Dieu !

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Citations de l’Écriture                                                                  DISCERNER

 

 

"L’ange du Seigneur lui apparut dans une flamme de feu, du milieu du buisson. Il regarda : le buisson était en feu et le buisson n’était pas dévoré. Moïse dit : « je vais faire un détour pour voir cette grande vision. Pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ?"

Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : "Moïse ! Moïse !" Il dit : "Me voici !"

Le Seigneur dit "n’approche pas d’ici ! Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre Sainte." (Ex 3 v. 2-6)

 

"Il dit : " tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne saurait me voir et vivre" (Ex 33 v. 20)

 

"Le Seigneur adressa la parole à Aaron : « Toi et tes fils, ne buvez ni vin ni alcool, quand vous devez aller à la tente de la rencontre ; ainsi vous ne mourrez pas. C’est une loi immuable pour vous, d’âge en âge.

C’est pour être à même de distinguer le saint du profane, ce qui est impur de ce qui est pur." (Lv 10, 8-10)

 

"Il te faudra donner à ton serviteur un cœur qui ait de l’entendement pour gouverner ton peuple, pour discerner le bien du mal ; qui, en effet serait capable de gouverner ton peuple, ce peuple si important." (1 R 3 v. 9)

 

 

 

"Moi, et c’est justice, je verrai ta face

au réveil, je me rassasierai de ton image."

(Ps 18 v. 15)

 

 

 

"Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu." (Mt. 5 v. 8)

 

"Mais vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient,et vos oreilles parce qu’elles entendent." (Mt. 13 v. 16)

 

"Il dit encore aux foules : « Quand vous voyez un nuage se lever au couchant, vous dîtes aussitôt : « la pluie vient, » et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dîtes : « il va faire une chaleur accablante », et cela arrive.

Esprits pervertis, vous savez reconnaître l’aspect de la terre et du ciel, et le temps présent, comment ne savez-vous pas le reconnaître ? (Lc. 12 v. 54-56)

 

"Le garçon alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers." (Lc. 15 v. 20)

 

"Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé. "(Jn. 1 v. 18)

 

"C’est alors que l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier, entra à son tour dans le tombeau ; il vit et il crut." (Jn. 20 v. 8)

"Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait." (Ro 12 v. 2)

"Et voici ma prière : que votre amour abonde encore, et de plus en plus, en clairvoyance et en pleine intelligence, pour discerner ce qui convient le mieux. Ainsi serez vous purs et irréprochables pour le jour du Christ." (Phil 1 v. 9-10)

 

 

 

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Écouter l'émission Diffusée sur R.C.F.

Eli dit à Samuel, dit au Seigneur : "Parle Seigneur, ton serviteur écoute."

(1 Sam 3 v. 10)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Survient l’entendement pour montrer qu’aurait-elle de longues années à vivre, elle ne saurait acquérir un meilleur ami (que Jésus), que le monde est plein de tromperies, que ces plaisirs que le démon lui dépeint sont semés de chagrin, de soucis, de contradictions.

L'entendement lui dit que hors de ce château elle ne pourra trouver ni paix ni sécurité, qu’il est temps de ne plus fréquenter les maisons étrangères, puisque la sienne est à même de lui fournir une infinité de biens, si elle consent à l’habiter. Et qui donc rencontre ainsi dans sa propre demeure tout ce dont il a besoin, et par dessus tout, un Hôte si excellent, qui le mettra en possession de tous les trésors imaginables, pourvu qu’il renonce à imiter les égarements de l’enfant prodigue et à se repaître comme lui de la nourriture des pourceaux." (2D. ch 1 v. 4)

 

"Les âmes qui habitent les Demeures précédentes ont généralement ces sentiments de dévotion. Chez elles, c’est le travail de l’esprit qui est presque tout : elles s’emploient à discourir avec l’entendement, à méditer, et elles ont raison, puisqu’elles n’ont pas reçu davantage.

Néanmoins, elles feraient bien de s’occuper un peu à produire de leur mieux des actes, à donner des louanges à Dieu, à se réjouir de sa bonté, de ses infinies perfections, à désirer son honneur et sa gloire, car tout cela est très propre à enflammer la volonté. Lorsque le Seigneur les portera à produire ses actes, qu’elles se gardent bien d’y renoncer pour achever leur méditation ordinaire.

 

Comme j’ai traité ce sujet ailleurs très longuement je n’en parlerai pas davantage ici. Je tiens seulement à bien vous avertir que pour faire de grands progrès dans ce chemin et monter à ces Demeures qui sont l’objet de nos désirs, l’essentiel n’est pas de penser beaucoup, mais d’aimer beaucoup : ainsi donc, attachez-vous de préférence à ce qui enflammera davantage votre amour.

 

Toutes les âmes, je pense, n’endurent pas les avanies et les assauts de ces misères au degré où je les ai subies de longues années, en punition de ma mauvaise vie. On aurait dit vraiment que je voulais me venger de moi-même. Mais j’en ai tant souffert, que je m’imagine que cela pourrait vous arriver aussi. C’est pour cela que je vous en parle à tout propos, espérant réussir une fois du moins à vous faire bien comprendre que c’est une chose inévitable, et qu’ainsi vous ne devez ni vous en inquiéter ni vous en affliger.

Laissons aller ce traquet de moulin, et occupons-nous de moudre notre farine, en faisant agir notre volonté et notre entendement." (4 D ch 1 v. 6 et 7 et 13)

 

"Qu’il plaise à Notre Seigneur d’ouvrir (à cette âme) la fenêtre de son entendement." (7D. ch 1 v. 9)

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Réflexions                                                             ENTENDEMENT/ÉCOUTE

 

De nombreux textes nous sont offerts pour entrer plus profondément dans le sens de ce mot. Pour ne pas alourdir notre propos, nous n'en livrons que quelques uns.

 

Approfondir le sens de "entendement" est d'autant plus nécessaire que ce mot nous demande un effort d'adaptation à un langage qui n'est plus le nôtre. C'est, nous le savons sans doute, un mot d'ancien français, et du castillan de l'époque de sainte Thérèse. Ce mot comporte la notion de compréhension.

Il est distinct mais proche du mot "écoute" dont je n'ai pas noté la présence dans les Écrits de sainte Thérèse, alors qu'il est fréquent dans les textes bibliques.

Mettre les deux mots en relation peut aussi nous aider à creuser.

"Écoute" inspire notre réflexion, car nous avons présent à l'esprit qu'il est le premier mot de la prière des juifs.

Inutile peut-être, de rappeler que cette pratique de la prière redite trois fois chaque jour était celle de Jésus, elle est toujours celle des juifs aujourd'hui :

 

"Écoute, Israël "dit Dieu à son peuple et entends bien :

"Le Seigneur ton Dieu, le Seigneur est Un."

(Deut. 6 v. 4)

 

Non seulement écoute mais comprends le sens de cette injonction.

Lorsque, dans la prière, ce mot est dans notre bouche et dans notre cœur, il signifie notre disposition à nous nourrir de ce que Dieu nous dit, et aussi à faire ce qu'Il nous demande comme Marie de Magdala, lorsqu'elle était assise aux pieds de Jésus.

 

"Marie était assise aux pieds du Seigneur, elle écoutait sa parole." (Lc. 10 v. 39)

 

Nous comprenons donc que ce mot "écoute" est exigeant, même lorsque la Voix n'est pas plus perceptible qu'un murmure ténu, ainsi qu'il est écrit dans le Premier Livre des Rois.

 

"Après le tremblement de terre, il y eut un feu, après le feu, le bruissement d'un souffle ténu Alors, en l'entendant, Elie se voilà la face avec son manteau. " (I R. 19 v. 12)

Être vigilant pour ne pas tomber sous le coup des paroles du prophète Isaïe :

"Dieu dit : "Va et tu diras à ce peuple : Écoutez sans comprendre, regardez sans reconnaître.

Engourdis le cœur de ce peuple, appesantis ses oreilles, colle-lui les yeux !

Que, de ses yeux, il ne voie pas, ni n'entende de ses oreilles

Que son cœur ne comprenne pas." ( Is. 6 v. 9 et 10)

 

Paroles que Jésus a senti tellement justes qu'Il les a reprises à son compte.

Entendons bien l'avertissement, dans l'Évangile de Matthieu :

"Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende." (Mt. 13 v 9).

 

L'entendement peut jouer de diverses manières, il est utile pour cultiver et développer la vie intérieure, il aide à méditer, à étudier, à assimiler ce que j'écoute.

 

Après avoir prêté la meilleure attention à ce qu'a dit Thérèse, poursuivant ma lecture du "Château intérieur", je note que dans les Quatrièmes demeures, Thérèse ajoute une remarque bien intéressante parce qu'elle est pleine de subtilité et qu'elle complète hardiment ce qu'elle a développé précédemment.

Je note donc, que lorsque nous évoluons dans les demeures du château, nous faisons parfois l'expérience de l'endormissement des puissances (dont fait partie l'entendement), elles sont comme anéanties par la force de l'Amour.

C'est le Seigneur qui agît, Il ferme et ouvre les fenêtres des puissances, selon Son bon vouloir, quand nous Lui abandonnons notre désir de contrôle.

 

Je comprends que le bon sens, la logique, l'esprit pratique sont des éléments constitutifs de l'intelligence, de la raison, du jugement mais, parfois et sans action de notre part, ces facultés intellectuelles sont comme en sommeil et d'autres facettes de la vie intérieure s'épanouissent hors de notre volonté de maîtrise.

Cadeaux reçus, ce sont des instants de lumière de dilatation et d'allégresse.

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Citations de l’Écriture                                          ENTENDEMENT/ÉCOUTE

 

 

"Le Seigneur notre Dieu est Le Seigneur UN. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de tout ton être, de toute ta force." (Deut 6, 4-5)

 

"Le Seigneur vint et se tint présent. Il appela comme les autres fois : "Samuel, Samuel !"

Samuel dit : "Parle, ton serviteur écoute." (I Sam 3, 10)

 

Salomon dit à Dieu : "Il te faudra donner à ton serviteur un cœur qui ait de l'entendement pour gouverner ton peuple, pour discerner le bien du mal…"(I R. 3 v. 9 et 10).

"Elie arriva là, à la caverne, et y passa la nuit. La parole du Seigneur lui fut adressée :

"Pourquoi es-tu ici Elie ?" (I R 19, 1)

"Le Seigneur m’a donné une langue de disciple: pour que je sache soulager l’affaibli, il fait surgir une parole. Matin après matin il me fait dresser l’oreille pour que j’écoute, comme les disciples." (Is 50 v. 4)

 

 

 

Les cieux racontent la gloire de Dieu

le firmament proclame l’œuvre de ses mains

(Ps. 19, 2)

 

 

 

"Ainsi tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc." (Mt. 7 v. 24)

 

"Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende " (Mt. 11 v. 15)

 

"Entende qui a des oreilles." (Mt. 13 v. 9)

 

"Comme Il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les recouvrit. Et voici que de la nuée, une voix disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Ecoutez-le." (Mt. 17 v. 5)

 

"Ce qui est semé dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole dans un cœur loyal et bon, qui la retiennent et portent du fruit à force de persévérance." (Lc. 8 v. 15)

 

"Comme ils étaient en route, il entra dans un village et une femme du nom de Marthe le reçut dans sa maison, elle avait une sœur nommée Marie qui s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait ses paroles." (Lc 10, 38-39)

 

"Celui qui a mes commandements et qui les observe, celui là m’aime : or celui qui m’aime sera aimé de mon Père et, à mon tour, moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui.  Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure." (Jn 14 v. 21 et 22)

 

 

 

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Hannah la mère de Samuel, dit :

"Seigneur, si tu daignes donner à ta servante un garçon, je le donnerai au Seigneur pour tous les jours de sa vie."

(1 Sam 1 v. 11)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

L’espérance est une lutte, un combat, une conquête selon sainte Thérèse d’Avila.

 

"Enfin, dans une pareille tempête, il n’y a pas d’autre remède que d’espérer en la miséricorde de Dieu. Et ce dernier, lorsqu’on s’y attend le moins, par une seule parole qu’Il adresse à l’âme ou par un évènement qui se présente, la délivre soudain de tous ses maux. On dirait qu’il n’y a jamais eu de nuages dans cette âme, tant elle se trouve pleine de soleil et comblée de consolations. Semblable à celui qui vint d’échapper par la victoire aux dangers d’une périlleuse bataille, elle bénit Notre Seigneur, car c’est Lui qui a combattu pour elle et l’a rendue victorieuse." (6D. ch 1 v. 10)

 

"... Tout attendre de la miséricorde de Dieu., Il ne manque jamais à ceux qui espèrent en Lui. Bénédiction sans fin lui soit rendue. Amen." (6D. ch 1 v. 13)

 

"Il y a, mes sœurs, une remarque à faire au sujet de ces grands désirs de voir Notre Seigneur. Lorsqu’ils deviennent si pressants, il ne faut pas s’y abandonner, mais plutôt s’en distraire, si toutefois on le peut, car il y a certains désirs – et j’en parlerai plus loin – qu’il est impossible d’éloigner, comme vous le verrez. Quand il s’agit des premiers, c’est quelquefois possible car ; la raison conservant sa liberté, on peut se soumettre à la volonté de Dieu et redire les paroles dont se servait Saint Martin. Mais, ces désirs croissent-ils outre mesure, il faut leur donner le change. Et, en effet, de tels désirs étant d’habitude le partage de personnes déjà très avancées, le démon pourrait les exciter en nous afin de nous persuader que nous sommes de ce nombre, et il est toujours bon de marcher avec crainte.

Toutefois, je suis persuadée que le démon ne pourra donner le repos et la paix que cette peine procure à l’âme ; ce qu’il excitera en elle, c’est un mouvement passionné comme en inspirent les choses du siècle. Mais ceux qui n’ont expérimenté ni l’un ni l’autre, ne sauront pas faire la différence. Croyant ces désirs une chose très précieuse, ils les entretiendront le plus possible, au grand préjudice de leur santé, car cette peine est continuelle ou du moins très commune." (6D. ch 6 v. 6)

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Réflexions                                                                                    ESPÉRANCE

 

"Ne soyons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance..." (1 Thes 4, v. 13)

 

Mais en fait, nous sommes souvent dans cet état-là :

"Comme des bêtes, sans intelligence."

(Ps 32. v. 9)

 

La plupart du temps, nous marchons sans grande perspective, en mettant un pied devant l’autre sur le chemin.

Mais pourtant, pour appliquer une telle constance à avancer ainsi, il doit bien y avoir, dans nos existences, quelque chose à quoi nous faisons confiance, quelqu’un en qui nous croyons de manière vitale ?

C'est ce à quoi nous ouvrent les phrases de Charles Péguy dans :

"Le mystère des Saints Innocents" :

"La petite espérance, chaque matin, nous donne le bonjour" avec le goût de la vie.

Le goût de la vie, si blessé soit-il, reste lové au fond de nous, une lueur parfois, dans le désespoir.

 

En méditant sur l’espérance, j’ai devant les yeux, le ciel, gris de toutes nuances, pas tout à fait hermétique, que traversent en glissant deux, trois mouettes attentives.

Je ne peux rien faire d’autre que de continuer le travail entrepris et d’attendre le retour du soleil.

Deux heures plus tard, il est là !

 

La capacité d'espérer est, pour une part, liée à l'instinct de vie qui nous fait nous battre et repartir, même "lorsqu'il fait nuit" et nous permet de retrouver le goût de la vie.

 

Mais, il y a plus, quand il s'agit de notre relation à Dieu. C'est la confiance en Lui qui est en jeu alors.

L'espérance nous fait rebondir et retrouver la joie.

Dans le vocabulaire de sainte Thérèse, quand elle parle d'espérance, il est question de "grands désirs".

 

Les Carmes espagnols spécialistes du style de la Madre, associent les deux termes : Espérance et Désir.

On retrouve les traces dans le poème de Sainte Thérèse :

"Je meurs de ne pas mourir".

 

Ce poème est comme un écho des paroles de saint Paul qui lui aussi désire mourir pour voir Jésus, pour vivre avec Lui.

 

Cependant, à propos de ces "grands désirs", Sainte Thérèse met en garde ses moniales contre des sentiments trop violents Dans la vie spirituelle, l'exaltation n'est pas toujours bon signe.

Elle paraît parfois la manifestation de problèmes psychologiques qu'aujourd'hui on qualifierait de symptômes hystériques.

Vigilance donc, nous ne sommes pas à l'abri de semblables envolées.

 

Cependant, la plupart du temps, nos élans vers Dieu ne sont pas si fougueux, et nous avons plutôt à travailler pour vivifier notre espérance de rencontrer Dieu.

 

L’espérance est une lutte, un combat, une conquête selon sainte Thérèse d’Avila.

A ce sujet, nous avons évoqué, dans les textes empruntés à ses écrits, les termes de "terrible tempête."

Oui, conserver l'espoir, donner vie à l'espérance n'est pas un jeu d'enfant, mais bien un combat.

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Citations de l’Écriture                                                                 ESPÉRANCE

 

 

"Fais-moi cheminer vers ta vérité et enseigne-moi,

car tu es le Dieu qui me sauve.

Je t’attends tous les jours." (Ps. 25 v. 5)

 

"J’ai attendu, attendu le Seigneur ;

Il s’est penché vers moi, il a entendu mon cri." (Ps. 40 v. 2)

 

"Pourquoi te replier, mon âme, et gémir sur moi ?

Espère en Dieu !

Oui, je le célèbrerai encore, Lui et sa face qui sauve." (Ps. 42 v. 6)

 

"Mon âme désire le Seigneur." (Ps. 130 v. 6)

 

"Israël, mets ton espoir dans le Seigneur, dès maintenant

et pour toujours." (Ps. 131 v. 3)

 

 

 

"Espérant contre toute espérance, Abraham crut et devint ainsi le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole : "Telle sera ta descendance." (Rom 4 v. 18)

 

"... la création garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu." (Rom 8 v. 21)

 

"L’amour excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout." (1 Cor 13 v. 7)

 

"Car pour moi, vivre, c’est Christ, et mourir m’est un gain." (Phil 1 v. 21)

 

"Paul, apôtre du Christ Jésus, selon l’ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus notre espérance." (1 Tim 1 v. 1)

 

 

 

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Job dit : "Je sais que mon Rédempteur est vivant !"

(Jb 19 v. 25)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"J’ai dit que cette oraison ne ressemblait pas à un songe. En effet, dans la Demeure précédente, tant que l’expérience n’est pas encore très grande, l’âme est en doute sur ce qui s’est passé en elle. Est-elle dans l’illusion ? Était-elle endormie ? Était-ce vraiment un don de Dieu ? Le démon ne s’est-il pas transfiguré en ange de lumière ? Mille incertitudes l’agitent, et il est bon qu’il en soit ainsi, parce que, je le répète, la nature elle-même peut ici quelquefois nous tromper ?" (5D. ch 1 v. 5)

 

"Oh ! quel n’est pas le trouble de ce petit papillon, bien que pourtant il n’ait jamais joui de plus de calme et de repos ! C’est une chose étrange de le voir ne sachant plus où s’arrêter et se poser. Après avoir goûté un tel séjour, tout ce qu’il aperçoit sur la terre lui déplaît, surtout si Dieu lui a versé souvent un vin semblable ; car chaque fois qu’il en boit, pour ainsi dire, il en retire de nouveaux avantages. Il méprise maintenant les œuvres qu’il accomplissait étant encore ver, et qui consistait à tisser peu à peu sa coque. Des ailes lui ont poussé : se sentant capable de voler, comment se contenterait-il d’aller pas à pas ? Tout ce que l’âme peut faire pour Dieu lui semble peu de chose, tant ses désirs sont immenses. Elle ne s’étonne plus de ce que les saints ont souffert, car elle sait maintenant par expérience de quelle manière le Seigneur assiste une âme, et comment il la transforme au point de la rendre méconnaissable." (5D. ch 2 v. 8)

 

"(Par expérience l’âme) voit jusqu’à l’évidence que ce n’est pas elle qui a livré le combat, car toutes les armes dont elle aurait pu se servir pour sa défense étaient, semble-t-il, aux mains de son adversaire. Alors elle reconnaît clairement sa misère, et le peu dont nous sommes capables par nous-mêmes quand le Seigneur nous retire son secours." (6D. ch 1 v. 10)

 

"Il y a, mes sœurs, une remarque à faire au sujet de ces grands désirs de voir Notre Seigneur. Lorsqu’ils deviennent si pressants, il ne faut pas s’y abandonner, mais plutôt s’en distraire, si toutefois on le peut, car il y a certains désirs, et j’en parlerai plus loin, qu’il est impossible d’éloigner, comme vous le verrez. Quand il s’agit des premiers, c’est quelquefois possible car, la raison conservant sa liberté, on peut se soumettre à la volonté de Dieu et redire les paroles dons se servait saint Martin : " Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas le travail. Que ta volonté soit faite ! " Mais ces désirs croissent-ils outre mesure, il faut leur donner le change. Et, en effet de tels désirs étant d’habitude le partage de personnes déjà très avancées, le démon pourrait les exciter en nous afin de nous persuader que nous sommes de ce nombre, et il est toujours bon de marcher avec crainte. Toutefois, je suis persuadée que le démon ne pourra donner le repos et la paix que cette peine procure à l’âme ; ce qu’il excitera en elle, c’est un mouvement passionné comme en inspirent les choses du siècle. Mais ceux qui n’ont expérimenté ni l’un ni l’autre, ne sauront pas faire la différence. Croyant ces désirs une chose très précieuse, il les entretiendront le plus possible, au grand préjudice de leur santé, car cette peine est continuelle ou du moins très commune." (6D. ch 6. v. 6)

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Réflexions                                                                                    EXPÉRIENCE

 

Comme nous le remarquons souvent, pas plus que notre Mère Sainte Thérèse, nous ne sommes des "hombres doctos", des savants, des maîtres en théologie, et ce qui nous guide sur le chemin de la vie intérieure, c’est l’attention portée à notre expérience, et le souci de la développer, avec discernement, prudence et circonspection !

 

Chacun de nous a sa propre expérience à partir de laquelle, il peut s’enraciner ; pas à pas, je peux entrevoir la trace du chemin qui m’est propre, et je m’exerce à la suivre.

 

Notre expérience de petits bonshommes croyants est tout à fait simple, sans exaltation et truffée de faiblesse ; nous en avons vite fait le tour, mais quelques soient ses limites, c’est dans cette réalité que s’ancre notre apprentissage et que se poursuit notre marche.

J'ajouterai que, en prenant de l'âge, il se trouve que notre expérience grandit. C'est très bénéfique pour la "vie intérieure", car nous devenons plus capables d'apprécier, de relativiser, de mesurer la portée de nos actes, le poids des évènements. Nous acquerrons un peu plus de clairvoyance et une meilleure distance dans les relations avec les gens autour de nous.

 

Le temps de nos vagabondages dans la nature, l’été en Espagne, est un temps de vérification.

Nous mettons en pratique très concrètement ce à quoi nous pensons tenir : l’amour du silence, le goût de la solitude, un certain dépouillement, un retour à des choses élémentaires, le temps du recueillement, tout ce qui est difficile à réaliser dans le quotidien normé-normal, est là, au fond de la campagne, entre ciel et terre, à notre portée...

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Citations de l’Écriture                                                                 EXPÉRIENCE

 

 

"Interroge donc les jours du début, ceux d’avant toi, depuis le jour où Dieu créa l’humanité sur la terre, interroge d’un bout à l’autre du monde : Est-il rien arrivé d’aussi grand ? A-t-on rien entendu de pareil ?

Est-il arrivé à un peuple d’entendre comme toi la voix d’un Dieu parlant du milieu du feu, et de rester en vie ?" (Dt 4 v. 32 et 33)

 

"Interroge donc les générations d’antan, sois attentif à l’expérience de leurs ancêtres.

Nous ne sommes que d’hier nous ne savons rien, car nos jours ne sont qu’une ombre sur la terre. Mais eux t’instruiront et te parleront, et de leurs mémoires ils tireront ces sentences :

"Le jonc pousse-t-il hors des marais, le roseau peut-il croître sans eau ?" (Job 8, 8-9-10)

 

"Comprenez cette comparaison empruntée au figuier : dès que ses rameaux deviennent tendres et que poussent ses feuilles, vous reconnaissez que l’été est proche. De même, vous aussi, quand vous verrez cela arriver, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’Il est à vos portes." (Mc. 13, 28-29)

 

 

 

Avec la lettre F le mot : FIDÉLITÉ                                              Retour à la liste

 

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Saint Pierre

 

 

 

 

"A Dieu, toutes les époques sont bonnes pour favoriser de grandes grâces ceux qui Le servent avec fidélité." (F. 4 v. 5)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

Attention au démon qui est capable d'anéantir la Fidélité !

"Sous couleur de bien, il détache l'âme de la divine volonté en de très petites choses et l'engage dans d'autres, qu'il la persuade de n'être pas mauvaises. Peu à peu il obscurcit son entendement, refroidit sa volonté, fait revivre en elle l'amour-propre, si bien que d'une chose à l'autre il arrive à la séparer de la volonté de Dieu et à l'attacher à la sienne propre." (5D. 4 v. 8)

 

Je me suis toute livrée et donnée,

Et il se fit un tel échange

Que mon Bien-Aimé est à moi

Et je suis à mon Bien-Aimé.

Quand le doux chasseur tira sur moi

Et me laissa tout épuisée ;

Alors dans les bras de l’amour,

Mon âme tomba et demeura.

Et reprenant nouvelle vie,

Il se fit un tel échange

Que mon Bien-Aimé est à moi,

Et je suis à mon Bien-Aimé

Il me lança une flèche,

Trempée du venin de l’amour,

Et mon âme ne fit plus qu’un

Avec son Créateur ;

Depuis je ne veux d’autre amour

Puisqu’à mon Dieu je suis livrée.

Oui, mon Bien-Aimé est à moi

Et je suis à mon Bien-Aimé.

Poème de Sainte Thérèse.

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Réflexions                                                                                           FIDÉLITÉ

 

Je suis étonnée que ce mot fasse si peu partie du vocabulaire de Sainte Thérèse alors qu'il est très présent dans les Écritures dont elle se nourrit quotidiennement, ainsi que sa communauté.

En fait, il fait partie intégrante de sa vie.

 

Comme pour beaucoup des mots de notre abécédaire, il a plusieurs versants :

La fidélité de Dieu vis à vis de nous les humains, vis à vis de son peuple, dans l'Alliance, et la nôtre, dans la foi en Dieu, dans nos convictions, et la fidélité à l'Église.

 

La fidélité dans les relations avec ceux qui nous entourent, la famille les proches qui a, pour moi, sa source en Dieu et dans l'amour du prochain.

 

Pour le monde juif religieux, la fidélité est d'abord fidélité à l'Alliance, telle que nous la trouvons montrée, manifestée dans la Bible hébraïque, reprise souvent.

Bien qu'elles nous soient familières j'en donnerai quelques références.

Garder l'Alliance ? Dieu peut-Il compter sur nous, comme nous comptons sur Lui ?

Sur ce terme d'alliance me vient tout naturellement à l'esprit, "L’Époux" c'est que Thérèse nous a introduit dans l'intimité de sa relation à Jésus, les fiançailles, les épousailles, l'union. Le mariage spirituel qu'elle vit avec son divin époux, Sa Majesté comme elle le dit, elle le vit tout au long de sa vie, jusqu'à cette ultime parole :

"Il est temps de nous voir, mon Bien-aimé Seigneur"

Dans la fidélité de l'union, il y a une réciprocité.

Fidélité à l'Eglise, qu'elle considère comme sa « Mère » (les pères Carmes), un attachement plein de finesse et d'habileté, non dépourvue même de subtilité.

Je note encore une phrase qu'on lui prête sur son lit de mort, dite plusieurs fois, dit-on :

"Enfin, je meurs fille de l'Église".

Comme s'il s'agissait d'une chose pas totalement évidente, en ce temps d'Inquisition !

A propos d'Église, et de la Réforme de son Ordre initiée par la Santa, elle est sortie de la Règle mitigée dans lequel vivaient les Carmélites de son temps, pour revenir avec fidélité, à la Règle antique des premiers frères qui avaient vécu sur le Mont Carmel, en Terre

Sainte, au XIIIème siècle, avant qu'ils ne soient "rapatriés" en France à cause de l'insécurité du pays à cette époque.

Les premiers frères avaient pour patron Élie, le prophète, qui avait vécu sur le Carmel, dans le ravin du Kérith.

 

Pour ce qui est des relations humaines je la trouve manifestée quotidiennement, pourrais-je dire, dans les Ecrits de la sainte Mère et surtout dans ses « lettres. »

Celles-ci adressées à ses frères et sœurs, à ses amis, sont marquées par l'affection.

Au Roi, à ses supérieurs, elle adresse des missives pour demander une autorisation, une faveur, comme les courriers destinés à Philippe II, pour obtenir la libération de saint Jean de la Croix... C'est une amie fidèle sur qui ses proches peuvent compter.

 

Je nous crois très concernés par la fidélité, dans les liens amicaux qui se sont souvent tissés dès l'enfance, et dans les liens conjugaux qui ont construit la vie familiale.

Nous sommes aussi très attachés à des lieux.

Pour ma part, vous connaissez sans doute mes liens toujours très puissants avec les lieux où j'ai vécu enfant, au Maroc, et chacun peut probablement en dire autant.

 

Nous avons souvent repéré un lien entre la fidélité et la vérité.

 

Fidèle, si nous le sommes pouvons-nous creuser encore cette dimension de la vie intérieure et mettre en cohérence ces deux dimensions, fidélité et vérité.

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Citations de l’Écriture                                                                       FIDÉLITÉ

 

 

Lors de la création de l'être humain, dans le Livre de la Genèse Dieu dit :

"Homme et femme Il les créa... Ils seront un." (Gen 1 v. 27)

 

Moïse parle aux fils d’Israël : "Vous qui êtes restés fidèles au Seigneur notre Dieu, vous êtes aujourd’hui vivants." (Deut 4 v. 4)

 

"C'est le Seigneur Ton Dieu qui est Dieu, le Dieu vrai. Il garde Son Alliance et Sa Fidélité, durant mille générations à ceux qui L'aiment et gardent Ses commandements, mais paie de retour directement celui qui Le hait, Il le fait disparaître." (Deut.7 v. 9)

 

"La justice sera la ceinture de ses hanches, et la fidélité le baudrier de ses reins." (Is 11 v. 5)

 

 

 

"Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous,

Mais à Ton Nom rends gloire

A cause de Ta fidélité, de Ta vérité."

(Ps. 115 v. 1)

 

 

 

"C'est bien, bon serviteur, tu as été fidèle dans une toute petite affaire, reçois autorité sur dix villes." ( Lc. 19 v. 17)

 

 "Je ne suis plus dans le monde, et ils (les Apôtres) sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton Nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient Un comme Nous." (Jn. 17 v. 11)

 

 

 

Avec la lettre F le mot : FORCE                                                  Retour à la liste

 

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Saint Paul

 

 

 

 

"Lorsque le Seigneur accorde ces grâces à certaines âmes, c’est afin de faire éclater sa puissance, comme nous le voyons en saint Paul." (1D. ch 1 v. 3)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"En définitive, l'amour de Dieu ne consiste pas à verser des larmes, à éprouver ces goûts spirituels et ces tendres sentiments, qu'on désire tant d'ordinaire et où l'on met sa consolation mais, à servir Dieu dans la justice, la force d'âme et l'humilité." (V. 11 v. 13)

 

"C’est progressivement que le Seigneur nourrit l’âme, l’affermit, et enfin lui donne un courage assez mâle pour tout mettre une bonne fois sous les pieds. Chez d’autres Il opère tout cela rapidement, comme il est arrivé à la Madeleine C’est suivant qu’on Le laisse agir. Nous avons tant de peine à nous persuader que, dès cette vie même, Dieu nous rend cent pour un." (V. 22 v. 15)

 

"Gardez ces paroles affectueuses pour votre Époux. Je voudrais, mes filles, que vous ne soyez et paraissiez femmes en rien, mais que vous soyez des hommes forts. Si vous faites ce qui est en vous, le Seigneur vous rendra si viriles que vous étonnerez les hommes eux-mêmes "! (C. 7, 8)

 

"Notre Seigneur ménage notre faiblesse… Ce qui n'empêche pas qu'Il ne nous communique Sa propre force, quand Il le juge nécessaire." (7D. ch 3 v. 8)

 

"De plus, la société (de Dieu) dont elle jouit lui donne des forces tout autres qu'auparavant." (7D. ch 4 v. 10)

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Réflexions                                                                                             FORCE

 

Oui, nous sommes très faibles, nous le savons bien, mais, nous voudrions que Dieu soit notre force.

Parmi toutes les capacités, vertus ou qualités que nous souhaitons acquérir en marchant sur les traces de sainte Thérèse d'Avila, la force tient une grande place, Que la sainte Mère nous vienne en aide !

Assurément, elle peut le faire. Malgré tous les problèmes de santé qu'elle endurait continûment, toutes les fatigues des voyages et des fondations, Thérèse n'a pas cessé de faire preuve d'une énergie farouche, dans ses multiples entreprises.

 

Au sujet du mot "travail", nous avons souvent évoqué son endurance et sa force de caractère, remarquables plus que sa force physique. Aucun obstacle ne l'empêchait d'atteindre les objectifs qu'elle s'était fixée….Chez sainte Thérèse, la force d'âme faisait équipe avec la détermination.

Pour nous, je suppose que, comme pour la force physique, le seul moyen pour nous fortifier consiste à nous entraîner jour après jour. Cette qualité est très utile pour la vie intérieure.

Mais, dans certaines circonstances, la force fait défaut, il reste à inventer d'autres moyens de batailler, et, par exemple, développer l'humilité et le temps de prière.

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Citations de l’Écriture                                                                          FORCE

 

 

"Moïse appela Josué, et lui dit en présence de tout Israël: Fortifie-toi et prends courage, car tu entreras avec ce peuple dans le pays que l'Éternel a juré à leurs pères de leur donner, et c'est toi qui les en mettras en possession.

L'Éternel marchera lui-même devant toi, Il sera lui-même avec toi, Il ne te délaissera point, Il ne t'abandonnera point; ne crains point, et ne t'effraie point." (Dt 31 v. 7 et 8)

 

 

 

David dit : "Je t'aime, Seigneur, ma force

Le Seigneur est mon roc, ma forteresse et mon libérateur"…

Ce Dieu me ceint de vigueur, Il rend mon chemin parfait.

(Ps. 18 v. 2 et 33)

 

"Heureux celui qui trouve en Toi sa force,

De bon cœur il se met en route."

(Ps. 84 v. 6)

 

 

 

"Ne le sais-tu pas, ne l'as-tu pas entendu ?

Dieu crée les extrémités de la terre, Il ne faiblit pas, ne se fatigue pas…

Il donne de l'énergie au faible, Il amplifie l'endurance de qui est sans force." (Is. 40 v. 28, 29)

 

"A l'instant où elle toucha le vêtement de Jésus, elle ressentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus s'aperçut qu'une force était sortie de Lui." (Mc. 5 v. 30)

 

 

 

Avec la lettre G le mot : GÉNÉROSITÉ                                  Retour à la liste

 

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Sainte Marie Madeleine

 

 

 

 

"Elle versa un nard très précieux sur les pieds de Jésus" (Jn 12 v. 1-3)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Nous avons tant de peine à nous persuader que, dès cette vie même, Dieu nous rend cent pour un !" (V. 22, 15)

 

"Parfois, nous sommes extrêmement généreux et puis, nous devenons tellement chiches, qu'il aurait presque mieux valu nous montrer moins empressés." (C 32 v. 8)

 

"Quoique nous fassions pour un Dieu si généreux, qui est mort pour nous, qui nous crée et qui nous conserve l'être, ne devons-nous pas nous estimer heureux de nous acquitter d'un part des obligations que nous avons envers Lui pour nous avoir servis comme Il l'a fait ?" (3D. ch 1 v. 8)

 

"Alors, que ne donnera pas Celui qui aime tant donner et qui peut donner tout ce qu'Il veut." (5D. ch 1 v. 5)

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Réflexions                                                                                 GÉNÉROSITÉ

 

Chez Sainte Thérèse, la générosité est une qualité naturelle, qui touche l'ensemble de sa personnalité, elle n'est jamais recroquevillée.

Je prends conscience que si ce mot générosité est venu à mon esprit, c'est précisément parce que tout son être est imprégné de cette "vertu" dont je pressens l'importance dans toutes nos relations.

Elle a donc beaucoup à nous apprendre à ce sujet.

 

J’aime bien ce que dit le Père Maalax, dans le "diccionario teresiano" sur ce trait de caractère:

"Thérèse brûle ses vaisseaux, elle se jette dans le vide, sans filet."

Sa générosité est particulièrement manifeste dans l'élan qu'elle déploie dans les fondations et jusqu'à la fin de ses jours.

Comme souvent dans le vocabulaire thérésien, nous sommes placés devant les deux versants d’un même mot, l’un concerne Dieu, le second nous interpelle :

 

Il y a "générosité de Dieu", qui nous fait produire cent pour un ; Sainte Thérèse est enchantée des largesses de sa Majesté à son égard, largesse en patience, en tendresse…et beaucoup des passages qu'elle écrit à ce sujet parlent de Dieu, qui est tellement et toujours disposé à nous donner.

Pour ce qui nous concerne, nous l’évoquions à propos de la détermination, Thérèse d’Avila nous recommande d'aller dans la "vie intérieure" généreusement, de marcher autrement qu'à "pas de poule", comme si notre santé dépendait de cette allure mesurée. (6D. ch 4 v. 12)

 

Nous, que savons-nous faire ?

Notre générosité est rarement pure, elle est souvent mêlée à nos intérêts ; Notre spontanéité est muselée, bridée, nous prenons peu de risques, vis à vis des autres, comme dans notre relation à Dieu.

 

Cependant, il nous arrive parfois de nous laisser toucher, de nous exprimer un instant et de laisser jaillir un peu de générosité, d'esprit de largesse et d'ouverture. Mais, ces moments sont fugaces !

Comment nous éduquer à moins de crainte et à plus de liberté ?

 

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Citations de l’Écriture                                                              GÉNÉROSITÉ

 

 

Boaz dit à Ruth : "Maintenant donc, ma fille, n'aie pas peur. Tout ce que tu diras je le ferai pour toi, car tout le monde chez nous sait que tu es une femme de valeur." (Ruth 3 v. 10)

 

 

 

"A qui te demande, donne ; à qui veut t'emprunter, ne tourne pas le dos" (Mt. 5 v. 42)

 

Assis au Temple Jésus regardait comment la foule mettait de l'argent dans le tronc ;

Vint une pauvre veuve qui mit deux piécettes, quelques centimes. Appelant ses disciples, Jésus leur dit : "En vérité je vous le déclare, cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui mettent dans le tronc. Car tous ont mis en prenant de leur superflu mais elle, a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre." (Mc. 12 v. 42 et 44)

 

"Il (le bon samaritain) s'approcha, banda les plaies en y versant de l'huile et du vin ; il le chargea sur sa monture et le conduisit à une auberge et prit soin de lui." (Lc. 10 v. 34)

 

"Zachée, après avoir accueilli Jésus dans sa maison, lui dit :

"Eh bien, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j'ai fait tort à quelqu'un je lui rends au quadruple." (Lc.19 v. 8)

 

"Aux riches de ce monde, ordonne de ne pas s'enorgueillir et de ne pas mettre leur espoir dans une richesse incertaine, mais en Dieu, qui nous dispense tous les biens en abondance pour que nous en jouissions. Qu'ils fassent le bien, qu'ils s'enrichissent de belles œuvres, donnent avec largesse et partagent avec les autres." ( I Tim. 6 v. 17 et 18)

 

 

 

Avec la lettre H le mot : HABITUDE/RÈGLE                           Retour à la liste

 

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v

Saint Benoît

 

 

 

"On peut, avec des efforts acquérir l’habitude de vivre ainsi dans la compagnie du Maître par excellence." (C. 26, 2)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Je sais aussi que le Seigneur ne nous laisse jamais dans un tel abandon, sans condescendre à nous tenir compagnie quand nous allons à Lui pour l’en prier humblement. Si nous n’y parvenons pas en un an, eh bien que ce soit en plusieurs ! Ne regrettons pas un temps si bien employé. D’ailleurs qu’est-ce qui vous presse ?" (C 26, 2)

 

"Titre du chapitre :

"Ce qu’est l’oraison de recueillement, et de quelques moyens de s’y habituer." (C 28 Titre)

 

Qu’on approfondisse bien ce que je viens de dire. Quelque obscurité qu’on y trouve, il suffira de le mettre en pratique pour en avoir l’intelligence. Je le répète, ces personnes naviguent sur mer. Puisqu’il est si important pour nous d’éviter les lenteurs, parlons un peu des moyens de nous habituer à une si excellente manière de procéder. Elle met à l’abri de bien des occasions dangereuses. Le feu de l’amour divin s’attache plus vite à l’âme. Comme elle est près du brasier, il suffit d’un léger souffle de son entendement pour qu’une petite étincelle, venant à la toucher, détermine un incendie complet. L’âme en effet, parce qu’elle est affranchie des objets extérieurs et seule avec son Dieu, est on ne peut mieux disposée à prendre feu. (C 28, 8)

 

C’est ainsi que nous devons nous habituer peu à peu à faire la douce expérience qu’il n’est pas nécessaire d’élever beaucoup la voix pour parler à Dieu. Notre Seigneur nous fera sentir lui-même qu’Il est là. (C 29, 5)

 

Pour moi, avant qu’Il ait daigné me l’apprendre, je n’ai jamais su, je vous l’assure, ce que c’était que de prier avec plaisir. Ce sont les grands avantages que j’ai retirés de ce recueillement intérieur, qui m’ont portée à m’étendre autant sur ce sujet.

Je termine par ceci. Celle qui voudra acquérir cette habitude – car, je le répète, la chose est en notre pouvoir – ne doit pas cesser d’y travailler. Peu à peu on devient maître de soi. Au lieu de se dissiper en pure perte, on arrive à se conquérir soi-même pour son propre avantage, je veux dire à faire servir ses sens à son bien spirituel. (C 29, 7)

 

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Réflexions                                                                        HABITUDE/RÈGLE

 

Il s’agit ici encore de mots qui ne nous transportent pas d’enthousiasme au premier abord. Nous préférons les attitudes dynamiques, la spontanéité, l’invention, la nouveauté, aux choses bien réglées qui ont tendance à nous ennuyer.

Cependant la vie dans son jaillissement perpétuel, a besoin d’être cadrée pour ne pas nous faire tomber dans  l’anarchie.

La vie à l'état brut est un tohu-bohu que Dieu a organisé pour l'être humain.

La terre était "informe et sans repère" c'est le sens de cette expression "tohu-bohu."

La Parole de Dieu l'a transformée :"qu'il y ait .. et il y eut" elle rend possible l'existence.

La parole de Dieu, la Torah, est la marche à suivre, l'organisation du concret des jours, Loi qui se présente sous formes de contraintes, de consignes, de règles, de lignes de conduite, de prescriptions pour vivre bellement.

Ce qui ne signifie pas que nous devions nous transformer en moutons bêlants, la Torah exige de nous l'intelligence, le discernement pour assumer au mieux le quotidien, dans la multitude de ses aspects.

 

Dans la vie sociale, familiale, sur le plan de la santé, nous percevons et apprenons qu’il y a de multiples codes, rythmes et rites au creux de notre existence, qui constituent une sorte d’ossature et qui donnent une cohérence et une unité à la suite des jours.

Nous, du monde, pouvons inventer, (et nous tenir) un rythme pour les temps de recueillement, par exemple, le matin au lever, à midi, entre la préparation du repas et le moment de se mettre à table, une autre fois en fin de journée, avant le dîner.

Il y a maintenant longtemps que nous nous sommes aperçus – j’en parle dans mon livre « Le corps pour prier » - qu’il nous faut accompagner l’élan initial vers la prière, par une pratique régulière.

 

Ce sont les « bonnes habitudes » dont parle Sainte Thérèse, sans lesquelles nous risquons d’abandonner rapidement une démarche qui nous avait séduits, mais qui exige de nous de la persévérance pour porter des fruits.

 

Dans les monastères, moines et moniales sont soumis à une « règle », comme la présence au chœur pour la récitation des offices, ou les deux heures quotidiennes d’oraison

 

En parlant de la vie des communautés religieuses, nous voyons mieux apparaître le lien entre règle et habitudes.

Ce lien nous a guidé dans le choix des textes qui ont éclairés notre cheminement dans ce thème de réflexion.

 

Les textes que nous avons rencontrés pour nous laisser porter par le thème de la règle, se trouvent toutes dans"Le chemin de perfection. " Cela ne doit pas nous étonner puisque sainte Thérèse a écrit ce livre à la demande de ses moniales :

« Elles souhaitaient recevoir de leur Mère les règles pour "l'oraison et la vie d'oraison."

(Je cite ici les pères carmes dans le livret du 4ème Centenaire de sainte Thérèse édité en 1982)

 

Citations de l’Écriture                                                      HABITUDE/RÈGLE

 

 

Et Dieu prononça toutes ces paroles : "le Décalogue." (Ex 20 v. 1 à 17)

"Moïse convoqua tout Israël et il leur dit : "Écoute, Israël, les lois et les coutumes que je fais entendre aujourd'hui à vos oreilles ; vous les apprendrez et vous veillerez à les mettre en pratique." (Dt 5 v. 1 et suivants)

 

 

 

"Criez de joie pour Dieu notre force, acclamez le Dieu de Jacob.

Mettez-vous à jouer, faites donner le tambour, avec la cithare mélodieuse, avec la harpe.

Sonnez du cor au mois nouveau, à la pleine lune, pour notre jour de fête.

C'est là pour Israël une loi, une décision du Dieu de Jacob,

Une règle qu'il a imposée à Joseph quand il sortit contre le pays d'Égypte."

Ps 81 v. 2 à 7

 

 

 

Il vint à Nazara où Il avait été élevé. Il entra suivant sa coutume le jour du sabbat dans la synagogue, et Il se leva pour faire la lecture. (Lc 4 v. 16)

"Il sortit et se rendit comme d’habitude au mont des Oliviers, et les disciples Le suivirent." (Lc 22 v. 39)

Un légiste demanda à Jésus : "Maître quel est le plus grand commandement ?"

Jésus lui déclara : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée". C'est là le grand, le premier commandement.

Le second est aussi important : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même."

De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. (Mt.22 v. 34-40)

 

 

 

Avec la lettre H le mot : HUMILITÉ                                            Retour à la liste

 

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"Un ange du Seigneur apparut à Joseph et dit « : Lève toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte et restes-y jusqu’à ce que je te prévienne." (Mt 2 v. 13)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Titre du chapitre :

"Le vrai humble doit marcher avec joie dans le chemin par lequel le Seigneur le conduit." (C. 17 Titre)

 

"L’humilité est semblable à l’abeille..." (1D. ch 2 v. 8)

 

"Laissons de côté le cas où il plaît au Seigneur d'accorder (ses grâces) simplement parce qu’il le juge bon. Il en sait la raison et nous n’avons rien à y voir. Faites d’abord ce qui a été recommandé aux habitants des Demeures précédentes, et ensuite : de l’humilité ! de lhumilité ! C’est par elle que le Seigneur cède à tous nos désirs. Et voulez-vous savoir si vous avez cette vertu ? Voyez d’abord si vous vous croyez indignes de ces grâces et de ces goûts divins." (4D. ch 2 v. 9)

"Je me demandais un jour pourquoi Notre Seigneur aime tant la vertu d’humilité. Tout à coup et sans réflexion, me semble-t-il, il me vint à l’esprit que c’est parce que Dieu est la suprême vérité et que l’humilité n’est autre chose que marcher dans la vérité. Oui, c’est une grande vérité que nous n’avons rien de bon de nous-mêmes, et que la misère et le néant sont notre partage. Quiconque ignore cela marche dans le mensonge, et celui qui en est le plus convaincu se rend plus agréable à la suprême Vérité, parce qu’il marche dans la vérité. Que Dieu, mes filles, nous accorde la grâce, de ne jamais perdre cette connaissance de nous-mêmes ! Amen." (6D. ch 10 v. 7)

 

" Si l’on ne se détermine à cela (à l’humilité), on n’avancera jamais beaucoup, on peut en être sûr, parce que l’humilité, je l’ai déjà dit, est le fondement de tout cet édifice, et le Seigneur ne l ‘élèvera jamais haut si l’on n’est pas profondément humble : cela dans notre intérêt même, de peur qu’il ne s’écroule entièrement. Ainsi, les sœurs, si vous voulez que le fondement soit inébranlable, que chacune de vous s’efforce d’être la moindre de toutes, l’esclave de toutes, qu’elle cherche sans cesse comment et en quoi elle pourra se rendre agréable et utiles aux autres." (7D. ch 4 v. 8)

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Réflexions                                                                                        HUMILITÉ

 

Pour aller vers l’humilité, Sainte Thérèse recommande à ses sœurs de faire fi des points d’honneur et des préséances qui avaient cours dans les bons milieux de son temps. A cette époque, l’étiquette avait un rôle prépondérant, il fallait bien se placer par rapport aux Grands, aux gens importants. Exiger pour soi le respect des codes de la bienséance, souffrir s’il n’étaient pas tenus : j’ai droit à telle considération, à cause de mon sang, de ma situation dans la société, à cause de ma naissance ou de mon titre. Même dans les couvents ces règles subsistaient.

 

On peut toujours penser et croire, que, depuis la "nuit du 4 août", et l’abolition des privilèges, en France, rien ne subsiste de ces cloisons hiérarchiques, et que nous sommes débarrassés de ces soucis et susceptibilités. Mais, il n’en n’est rien, le besoin d’être reconnu joue incessamment dans les rencontres, les réunions pieuses autant que mondaines ou professionnelles.

Nous ne supportons pas que "l’on nous marche sur les pieds" même un tant soit peu, et nous criions d’avance.

 

Le lien entre l’humilité et la Vérité est capital. Le désir d’être vrai s’articule avec la quête de l’humilité.

 

Lorsque je me considère telle que je suis, d'où je viens, très concrètement, et où je vais, là encore, de façon tout à fait terre à terre... Je deviens modeste.

Je dirai alors que l’humilité n’a rien à voir avec la fausse modestie qui nous est si familière, par notre application constante à donner de nous-mêmes une bonne image, nous voulons absolument nous montrer, généreux, droit, joyeux, bien dans notre devoir d’état, celui que nous estimons devoir être le nôtre. Nous y tenons tellement qu’il nous est difficile de supporter critique jugement ou incompréhension.

Et, ici, je repense à ce que je viens de relire dans le livre de Haïm Luzzato : "Le sentier des hommes droits". Il explique que l'humilité se cultive, grâce à deux choses qu'il nomme : l'accoutumance, et la méditation. D'abord, l'accoutumance : Ce sont certaines bonnes habitudes, comme le port de vêtements discrets, le choix de place modeste dans les assemblées, un langage mesuré ; il nous semble avoir déjà reçu cette leçon de la part de Jésus, dans l'Évangile de saint Luc :

"Quand tu es invité à une noce, ne va pas te mettre à la première place..." (Lc.14 v. 8) non pas seulement pour éviter d'être refoulé à la dernière, mais, par vraie modestie.

Le deuxième point est ce que Haïm Luzzato appelle la "méditation" nous venons d'en parler quelques lignes plus haut et je me référerai au vocabulaire de Saint Thérèse qui parle de "considération" il s'agit d'être conscient de notre petitesse, qu'elle nomme plus crûment notre misère et d'avoir le sens de la grandeur de Dieu.

Ceci me fait dire que l’humilité a pour "ennemi numéro un" : l’orgueil, la vanité. Je dis le mot orgueil bien qu’il n’ait plus dans l'esprit aujourd’hui, la portée que nous lui donnions dans notre enfance catholique. Je dirai c’est l’envie d’être un " grand quelqu’un ", pour employer une expression africaine. Nous faisons beaucoup pour jouir de la considération de ceux qui nous entourent, au point parfois de tromper autrui, et de nous tromper nous-mêmes.

C’est pourquoi je dirai que l’ennemi numéro deux de l’humilité est l’hypocrisie, telle que la décrit si fortement Jésus dans l’Évangile :

Il dit : "Vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux dehors et qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toutes sortes d’impuretés" (Mt. 23 v. 27)

Et encore

"Vous paraissez justes aux hommes, mais au-dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’iniquité." (Mt 23 v. 28)

 

Autre remarque : comment conjuguer de manière juste l’humilité qui nous fait accepter ce que nous sommes, sans amertume sans défaitisme, ni complexe d'infériorité (qu'il nous arrive de cultiver avec soin). Ne pas occuper la place que nous pourrions mériter à nos yeux dans un groupe et vouloir être

respecté tel que je suis, à ma place, dans ma dignité d'être unique.

Autrement dit, car j’ai le souci de bien comprendre ces choses qui me touchent :

Comment ne pas " s’écraser ", et tenir debout, sans esprit de revanche et manifester son droit à être considéré pour ce qu'on est ?

Les humbles véritables sont rarissimes. Ils ont en partage la sérénité et la simplicité. C'est pourquoi nous avons choisi sans aucune hésitation saint Joseph.

La joie et la paix sont bien les signes et les marques de l’humilité véritable.

 

Citations de l’Écriture                                                                     HUMILITÉ

 

 

"Moïse était un homme très humble, plus qu’aucun homme sur terre." (Nb 12, 3)

 

 

 

"Je suis fier du Seigneur,

Que les humbles se réjouissent en m’écoutant."

(Ps 34 v. 3)

 

Chant des montées. De David.

"Seigneur mon cœur est sans prétentions ;

Mes yeux n’ont pas visé trop haut.

Je n’ai pas poursuivi ces grandeurs,

Ces merveilles qui me dépassent."

(Ps 131 v. 1)

 

 

 

"Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur." (Mt 11 v. 29)

 

Jésus dit aux invités une parabole, parce qu’Il remarquait qu’ils choisissaient les premières places ; Il leur dit : "Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, de peur que l’on ait invité quelqu’un de plus important que toi, et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire : Cède-lui la place ; alors tu irais tout confus prendre la dernière place. Au contraire quand tu es invité, va te mettre à la dernière place, afin qu’à son arrivée celui qui t’a invité te dise : " Mon ami, avance plus haut. " Alors ce sera pour toi un honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. Car tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé." (Lc 14 v. 7 à 11)

 

Jean Baptiste dit à la foule : "Il faut qu'Il croisse et que je diminue."  (Jn 3 v. 30)

 

 

 

Avec la lettre L le mot : LIBERTÉ                                             Retour à la liste

 

Écouter l'émission Diffusée sur R.C.F.

"Le Frère Pierre d’Alcantara, ceux qui l’entendait parfois le croyait fou. Oh l’heureuse folie mes sœurs !" (6D. ch 6 v. 11)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Il faut avancer par ce chemin avec liberté, en s’abandonnant entre les mains de Dieu. Si sa Majesté veut nous élever au rang des gentilshommes de sa chambre et de son conseil secret, allons-y sans nous faire prier. Sinon, servons dans les plus bas offices, et, encore une fois, gardons-nous d’aller nous asseoir à la première place. Dieu veille à tout, bien mieux que nous saurions le faire ; Il sait à quoi chacun est propre." (V 22, 12)

 

"Donc mes filles, évitez la contrainte. Une fois que l’âme commence à se resserrer, c’est un obstacle à tout bien. Quelquefois même on tombe dans le scrupule, et l’on devient alors inutile à soi-même comme aux autres. Admettons qu’on évite le scrupule : on pratiquera la vertu pour soi, mais on n’attirera pas beaucoup d’âmes à Dieu. Etant donné notre nature, la vue de cette gêne et de cette contrainte effraie et paralyse. On a beau reconnaître que le chemin par où vous marchez est plus conforme à la vertu, on perd tout désir de vous y suivre." (C 41, 5)

 

"Voici une remarque importante : ne contraignez pas, n’enchaînez pas une âme d’oraison, quel que soit d’ailleurs son degré d’avancement. Laissez la circuler librement dans ces différentes demeures : en haut, en bas, sur les cotés ; et puisque Dieu lui-même l’a faite si noble, qu’elle ne se fasse pas violence pour demeurer longtemps dans une même pièce, ne serait-ce qu’en celle de la connaissance de soi." (1D. ch 2 v. 8)

 

"Que je conserve mon âme dans la paix ! Si cette personne n’y arrive pas, parce que le Seigneur ne l’a pas élevée à ce degré de vertu, c’est bien, patience ! Mais qu’elle reconnaisse du moins qu’elle n’a pas encore acquis la liberté d’esprit. Elle se disposera ainsi à la recevoir du Seigneur, à qui elle la demandera." (3D. ch 2 v. 4)

 

"Il se produit d’une manière très manifeste en l’âme une dilatation ou un élargissement. Figurez-vous une source qui n’a pas d’écoulement, et dont le bassin est fait de telle sorte qu’il s’agrandit à mesure que l’eau devient plus abondante. Eh bien ! Il en est de même dans cette oraison. Dieu, sans parler de beaucoup d’autres merveilles qu’Il opère alors dans l’âme, la dispose et la rend apte à contenir tout ce qu’il veut y mettre. Cette douceur et cet élargissement intérieur se reconnaissent à l’effet suivant : l’âme ne se trouve plus liée comme auparavant dans le service de Dieu, son action est beaucoup plus étendue." (4D. ch 3 v. 9)

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Réflexions                                                                                          LIBERTÉ

 

Chaque fois que je le rencontre dans ses écrits, et c’est fréquent, j’ai un immense plaisir à trouver ce mot liberté, sous la plume de Sainte Thérèse et ce, pour plusieurs raisons.

 

D’abord, peut-être parce qu’il me semble qu’au temps où elle vivait, les femmes subissaient de fortes contraintes sociales, religieuses, économiques, et il était sûrement ardu de se développer comme « personne ». Acquérir le sens de sa dignité, devenir libre de ses pensées et de ses actes, pour trouver le chemin de son être propre exigeait une personnalité hors du commun, et Sainte Thérèse était bien douée pour réussir. On voit son énergie, son esprit de décision à l’œuvre à chaque pas de sa vie. Ainsi se manifeste notre Maître d’oraison, libre et déterminée. Pour notre joie !

 

Aujourd’hui, nous avons beaucoup développé le sens de la liberté... 1789... et c’est une immense acquisition. Mais il y a encore cinquante ans, peut être moins, cette notion de liberté n’était pas souvent associée à la vie intérieure ; la piété était d’abord liée à l’effort, au sérieux, à la mortification et à l’obéissance.

 

Il y a peu, une religieuse me disait : "Il n’est plus indispensable de souffrir pour faire oraison..."

Au contraire, il nous arrive, une fois tenue pour secondaires bon nombre d’obligations qui entravent notre quotidien, et ainsi libérés, de ressentir une légèreté joyeuse, un détachement plein de fécondité.

En réfléchissant à la «  philosophie » de nos voyages aventureux, pour découvrir la clef de leur attrait pour nous, j’avais désigné le mot dénouer, défaire les liens de la vie courante, pour choisir librement des objectifs de rencontres, des lieux de visite.

 

Dénouer, pour être libres un moment, du téléphone, du ménage, des astreintes et obligations, des soucis qui jalonnent le cours ordinaire de nos vies.

 

Ces temps de liberté donnent à la prière, de pouvoir s’épanouir, et ce qui a été expérimenté alors, laisse une empreinte dans la pâte du cœur que la liberté a rendu souple.

 

Dans les lignes qui précèdent, il s’agit de la liberté de chacun et comme très souvent, Sainte Thérèse parle aussi, et surtout peut-être, de la liberté de Dieu : Il donne quand Il veut, comme Il veut, à qui Il veut, inutile de réclamer des « consolations » en invoquant nos mérites.

 

Parmi les mots évoqués à propos de la liberté, je ne manquerai pas d’associer à la liberté le détachement, le dépouillement.

 

Citations de l’Écriture                                                                       LIBERTÉ

 

 

David tournoyait de toutes ses forces devant le Seigneur – David était ceint d’un éphod de lin. David et toute la maison d’Israël faisaient monter l’Arche du Seigneur parmi les ovations et au son du cor. (2 Sam 6 v. 14-16)

 

Comme chrétiens nous sommes nous aussi appelés à la liberté.

 

Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en Lui : "Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres." (Jn 8 v. 31-32)

 

"Car la création, elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu." (Rom 8 v. 21)

 

"C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés. Tenez donc ferme et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage…..Vous, frères, c’est à la liberté que vous avez été appelés." (Ga 5 v. 1 et 13)

 

 

 

Avec la lettre L le mot : LOUANGE                                           Retour à la liste

 

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"Sans fin, Seigneur, je te chanterai." (Ps 146)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

La louange naît de "La considération des beautés du ciel et des joies des bienheureux." (TA 1D1 v. 3)

 

"Chez certaines personnes (pieuses)," le travail de l'esprit est presque tout … Néanmoins, elles feraient bien de s'occuper un peu à produire des actes, à donner des louanges à Dieu, à se réjouir de Sa bonté, de Ses infinies perfections, à désirer Son honneur et Sa gloire, car tout cela est bien propre à enflammer la volonté." (4D. ch 1 v. 6)

 

"Ô secrets de mon Dieu ! Je ne me lasserais pas de chercher à en donner l'Intelligence, si j'espérais y réussir un tant soit peu. Ainsi, j'émettrais volontiers mille sottises dans l'espoir de bien dire une fois seulement, et de procurer par là de nouvelles louanges à Notre Seigneur." (5D. ch 1 v. 4)

 

"Les paroles divines mettent l'âme dans un grand repos, dans un recueillement dévot et paisible et la portent à donner des louanges à Dieu. O Seigneur, il y a tant de force dans une seule parole que vous ne transmettez pourtant que par l'un de vos serviteurs ; quelle force ne communiquerez vous pas à l'âme lorsqu'elle sera unie à vous, comme vous le serez à elle, par le lien de l'amour." (6D. ch 3 v. 6)

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Réflexions                                                                                         LOUANGE

 

La tradition juive m'a appris que le premier mouvement de la prière doit être la louange. Avant tout autre chose dans la prière, rendre grâce. Nous avons de la peine à nous conformer à cette règle, sauf quand le ciel est bleu, au propre et au figuré… !

Pour l'instant, je ne sais pas faire autre chose, j'ai beaucoup à apprendre : rendre grâce, même si le ciel est gris et s'il pleut !

 

Heureusement que les Psaumes sont là pour être dits en toutes circonstances.

Nous en récitons au moins un par jour, qu'il pleuve ou qu'il vente, quel que soit le temps !…

Et alors, je me rends compte qu'il y a dans ce livre "TeHiLLim" Louanges, en hébreu, la totalité des sentiments humains qui nous traversent ou nous submergent, à un moment ou à un autre. Je peux essayer de faire mien, chaque jour, ce qu'exprime le psalmiste.

Petit à petit, je prends conscience, en lisant ces versets, que je peux être ainsi en communion avec tous ceux qui sont sur la même longueur d'ondes, sur la même ligne de recherche.

 

Il y a peu de temps, je me suis rendue compte, de manière aiguë, que, à force d'intercéder pour tous les gens en difficulté autour de nous, ma tête et mon cœur étaient plein de soucis et de peines, avec en plus le sentiment de bien faire, et vous savez ce que je pense de ce genre de "bons sentiments".

Je n'avais plus de place, à l'intérieur pour la gaîté, la joie de vivre !

Et ce jour-là, non pas par devoir, pour suivre les règles que j'avais reçues, je me suis penchée sur les grâces immenses qui étaient miennes très concrètement : la famille, la maison, le travail que j'aime et dont je peux rendre grâce depuis mille et mille jours. Je le ferai désormais tous les jours.

Il y avait de quoi reprendre le dessus à vive allure et de quoi faire miennes les paroles de rabbi Nahman de Brastlav que j'avais sous les yeux, la semaine passée car perdre espoir, c'est un peu perdre sa liberté, c'est un peu perdre ce que l'on est : " Ne désespérez jamais, au grand jamais ! Il est interdit d'interdire d'espérer. "

 

"Si aujourd'hui vous vous sentez en forme, ne laissez en aucun cas hier et demain vous abattre."

 

"Rien ne libère autant que la joie. Elle affranchit l'esprit et l'emplit de calme."

 

Au début, lorsque je lisais ces lignes, sans vraiment les comprendre ou y adhérer, j'étais plutôt agacée.

Mais, j'en suis venue peu à peu à en goûter la profondeur et la vérité.

J'ai lu qu'au moment où le Rabbi a prononcé ces paroles, il était dans la plus grande détresse, il venait de perdre son fils nouveau-né et ces pensées lui sont venues le lendemain de ce jour éprouvant ; elles ont été rapportées par ses disciples.

 

Très évidemment, la louange fait partie de notre prière, de notre esprit de croyant, c'est même une des attitudes fondamentales. Je le sais maintenant, jusqu'à la prochaine fois, car, attention, la vue s'obscurcit, sans que nous y prenions garde !

Il faut sans doute encore éduquer notre vigilance.

Nous avons trop souvent l'impression que ce qui arrive nous est dû, où est le jeu des circonstances, du destin ? Païens que nous sommes !

Comment discerner la main de Dieu sans nommer tout et n'importe quoi, "La Providence ?"

 

Citations de l’Écriture                                                                      LOUANGE

 

Toute la fin du psautier n’est que louange !

Du psaume 99 au psaume 150 toute la « Création » chante la gloire de Dieu.

 

 

"Bénis le Seigneur ô mon âme

que tout mon cœur bénisse son Saint Nom"

(Ps 103 v. 1)

 

"Bénis le Seigneur ô mon âme

Seigneur mon Dieu tu es si grand "

(Ps 104 v. 1)

 

"Célébrez le Seigneur, car Il est bon et sa fidélité est pour toujours

Célébrez le Seigneur des seigneurs car sa fidélité est pour toujours."

(Ps 136 v. 1 et 3)

 

"Alléluia !

Ô mon âme loue le Seigneur !

Toute ma vie je louerai le Seigneur."

(Ps 146 v. 1)

 

"Alléluia !

Louez le Seigneur depuis les cieux, louez-le dans les hauteurs.

Louez le Seigneur depuis la terre…qu’ils louent le Nom du Seigneur."

(Ps 148 v. 1 et 7)

 

 

 

Zacharie, le père de Jean Baptiste fût rempli de l'Esprit Saint et prophétisa, disant :

"Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, car Il a visité et sauvé son peuple, Il nous a suscité une force de salut dans la maison de David, son serviteur, selon ce qu'Il avait dit par la bouche de ses saints prophètes." (Lc.1 v. 67-79)

 

"Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu'Il aime.

Nous Te louons, nous Te bénissons, nous T'adorons, nous te glorifions, nous Te rendons grâce pour ton immense gloire." (Lc.2 v. 13-14)

 

Jésus exulta sous l'action de l'Esprit Saint et dit :

"Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché ces choses aux sages et aux intelligents et de les avoir révélées aux tout petits." (Lc 10 v. 21)

 

Jésus dit au moment où Il ressuscite son ami Lazare :

"Père je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé." (Jn 11 v. 41)

 

 

 

Avec la lettre M le mot : MÉMOIRE                                          Retour à la liste

 

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Moïse parle à Israël.

"Tu te souviendras de toute la route que le Seigneur t’a fait parcourir." (Deut 8, 2)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Pourquoi me serait-il défendu, à moi, de reconnaître, de voir, de me rappeler souvent qu'autrefois, je m'adonnais à des conversations futiles et que, maintenant, par un don de Dieu, je ne trouve plus de plaisir qu'à m'entretenir avec Lui." (V.10, 5)

 

"La foi enseigne à l'âme de quel côté se trouve son intérêt véritable et la mémoire lui indique où vont aboutir tous ces faux biens." (2D. ch 1 v. 4)

 

"Ce que l'âme a vu demeure tellement gravé dans sa mémoire qu'à mon sens, il lui sera impossible d'en perdre le souvenir jusqu'à au jour où elle en aura la possession pour toujours." (6D. ch 5 v. 11)

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Réflexions                                                                                         MÉMOIRE

 

Pour notre Mère Thérèse, la mémoire représente, selon les catégories de son temps, une puissance de l'âme, une de ses capacités majeures.

C'est une réalité de sa vie, en lien, je pense, avec son ascendance juive, du côté paternel.

 

Nous le savons peut-être ? Les juifs sont invités, de manière constante à faire mémoire des évènements qu'ils ont eu à vivre, dans l'histoire de leur peuple, de leur famille, de génération en génération, depuis le début de leur existence et jusqu'à aujourd'hui.

Il en va ainsi pour Jésus, bien sûr.

Les multiples généalogies que nous rencontrons en lisant la Bible en témoignent.

Je suis toujours étonnée de la manière dont nos proches juifs, même issues de familles qui n'ont rien d'illustres, savent parler de leurs ancêtres sur plusieurs siècles parfois, de manière précise.

 

Au temps de Thérèse où l'Inquisition sévissait gravement, il valait mieux se taire et dissimuler ses origines et, pour cela, faire preuve de courte mémoire.

Toutes les fêtes juives, et la première de toutes, le shabbat, mentionnées dans la Bible et que Jésus a célébrées, sont le mémorial d'histoires vécues par les Anciens Hébreux racontées dans la Torah et transmises par la tradition orale.

D'autres fêtes ont été instituées par les rabbins, après la destruction du second Temple et la dispersion des juifs à travers l'Europe, l'Afrique et l'Asie.

Et jusqu'à aujourd'hui, les communautés célèbrent les moments marquants de la vie historique ou de leur existence quotidienne .Chacune commémore ce que les juifs ont eu à traverser au fil des siècles et qu'ils transmettent fidèlement à leurs enfants.

 

Nous savons bien que Thérèse n'a pu ignorer les coutumes et la culture juives.

La mémoire, cette puissance de l'âme à laquelle elle adhère, en fait partie, en toute première place.

 

Citations de l’Écriture                                                                      MÉMOIRE

 

 

"C'est en mémoire de ce que le Seigneur a fait." (Ex 13 v. 8)

 

"Cela sera comme un mémorial entre tes yeux." (Ex.13 v. 9)

 

Tout le Livre du Deutéronome est constitué du rappel que fait Moïse de toute l'Histoire de son peuple :

"Et maintenant Israël, écoute les lois et les coutumes que je vous apprends moi-même à mettre en pratique : ainsi vous vivrez..." (Dt 4 v. 1)

 

"Tu te souviendras de toute la route que le Seigneur ton Dieu t’a fait parcourir." (Dt 8 v. 2)

 

"Toutes les paroles des commandements que je vous donne, vous veillerez à les pratiquer ; tu n’y ajouteras rien et tu n’y enlèveras rien." (Dt 13 v. 1)

 

 

 

"Célébrez la mémoire de la sainteté du Seigneur."

(Ps. 30 v. 5)

 

"Ta mémoire dure de génération en génération."

(Ps. 102 v. 13)

 

"La mémoire du juste dure à jamais."

(Ps.112 v. 6)

 

 

 

"Cette femme, en répandant de parfum sur mon corps l'a fait pour ma sépulture. En quelque lieu que soit prêché cet évangile, dans le monde entier on parlera de ce que cette femme a fait, en mémoire d'elle." (Mt. 26 v. 13)

 

"N'avez-vous point de mémoire. Quand j'ai rompu les cinq pains aux cinq mille personnes, combien de corbeilles pleines avez-vous recueillis ?" (Mc 8 v. 18)

 

"Le Consolateur, l'Esprit Saint que Mon Père enverra en Mon Nom, Lui, vous enseignera toutes ces choses et vous remettra en mémoire toute les choses que Je vous ai dites." (Jn. 14 v. 26)

 

 

 

Avec la lettre O le mot : OBÉISSANCE                                      Retour à la liste

 

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"Dieu mit Abraham à l’épreuve. Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes…" (Gn 22 v. 1-2)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Les âmes qui, par la volonté de Dieu, sont arrivées à cette Demeure – faveur qui n’est pas petite, car elles sont bien près de monter plus haut – ne peuvent à mon avis, rien faire de plus utile que de s’exercer beaucoup à une rapide obéissance. Même aux personnes étrangères à l’état religieux, il serait très avantageux d’avoir, à l’exemple de plusieurs, un guide dont elles suivent les avis, afin de ne faire en rien leur propre volonté ; car c’est là d’ordinaire la cause de notre perte. Mais elles ne doivent pas en chercher un qui soit, comme l’on dit, de leur humeur et qui marche avec autant de circonspection. Il faut qu’elles en choisissent un parfaitement détaché des choses d’ici-bas, car, pour arriver à se connaître bien, rien n’est plus utile que de communiquer avec des personnes qui savent ce que vaut le monde.

 

Lors donc que l’une de vous ressentira les inconvénients que j’ai dit, qu’elle ne manque pas d’en parler à la supérieure et de faire diversion le mieux qu’elle pourra. La supérieure, de son coté, doit lui interdire les longues heures d’oraison et lui ordonner, au contraire, d’en faire très peu. Elle doit aussi la faire bien manger et bien dormir, afin de rétablir ses forces naturelles, qui peuvent s’être épuisées par le manque de nourriture et de sommeil. Si la religieuse est d’un tempérament si faible que cela ne suffise pas, elle peut m’en croire, Dieu ne la destine qu’à la vie active : il faut de tout dans les monastères. On devra l’occuper dans les offices, et prendre soin qu’elle ne reste pas longtemps en solitude, parce qu’elle achèverait d’y ruiner sa santé." (4D. ch 3 v. 12 et 13)

 

"Apprenons de là, mes sœurs, que pour acquérir toujours de nouveaux mérites et ne pas nous perdre comme ces infortunés, le moyen le plus sûrs est l’obéissance et l’exact accomplissement de la loi de Dieu. Je m’adresse en ce moment aux âmes qui reçoivent des grâces de ce genre, et même à toutes les âmes." (5D. ch 3 v. 2)

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Réflexions                                                                                   OBÉISSANCE

 

Au sujet de ce mot, notre chère Thérèse qui sait très bien s'y prendre pour ne pas obéir bêtement, indique à ses filles qu'il est bon d'avoir un ou plusieurs guides dans la vie spirituelle, elle sent parfois le besoin d'avoir des conseils pour l'aider à déterminer la conduite à tenir, cet appui dans le discernement est particulièrement recommandé à l'époque de l'Inquisition... Il vaut mieux éviter les faux pas théologiques.

 

Dans notre contexte, aujourd'hui, l'obéissance est un de ces mots qui ne passent pas sans laisser des traces. Il suscite des réactions très vives, même chez les enfants …. On nous a trop imposé de choses dans notre enfance et puis après ;  il y a un certain nombre « d’autorités » qui aiment et ont besoin de notre docilité !

J’ai toujours été récalcitrante tant que j’ai cru que je me devais d’obéir à mes parents, à mon Eglise et à toute sa hiérarchie, jusqu’au curé de ma paroisse, à mon mari, que sais-je encore, à mon médecin… le savoir, le pouvoir, tous avaient raison de mon libre arbitre, ils savaient ce qui est bon pour moi, ils me dictaient ma conduite.

 

Je suis maintenant une vielle dame, ou presque, je prends le droit de décider pour moi-même, quand c’est possible ; et dans les circonstances pénibles, inévitables, j’endure ce qui m'arrive sans plaisir, soutenue par la prière.

 

La soumission, la passivité ne me semblent pas conformes à la dignité humaine. Nous n’avons pas été créés "moutons". Je ne suis pas certaine d’admirer ou même d’admettre l’obéissance telle que nous la voyons vécue dans certaines communautés religieuses. J’y serais inapte à coup sûr !

Il y a d'ailleurs de la facilité à obéir plutôt qu'à se battre, et une certaine forme d'obéissance n'est pas toujours sans lien avec la démission.

"J'ai obéi aux ordres" cette formule souvent entendue fait froid dans le dos. On sait à quoi a pu conduire pareille attitude.

C'est pourquoi, j'aime la découverte moderne de la "désobéissance civique", où la conscience de chacun peut jouer et libérer un choix personnel.

Car, comme je le notais dans le commentaire du Psaume 27 que je lis ces temps-ci :l’attention la dépendance vis à vis d'un gourou, peut devenir une forme d'idolâtrie et conduire à se couler dans la volonté d'un autre.

 

Seul, "le Seigneur est ma lumière et mon salut"

ce verset est éclairé par une parole du livre de l'Exode : "Tu n'auras pas d'autres dieux devant Ma face." (Ex.20 v. 3)

 

"Cela va très loin : ne pas avoir d'autre lumière et d'autre salut que HaSheM (Le Nom), pas d'autres puissances à la mode ou que nous glorifions, aucune autre. A chacun de bien préciser cela : pas d'anges, … donc pas de gourou, pas de spiritualité, pas de clan ni de nouvelle révélation autre que HaShem et sa ToRah, transmise par nos Sages, refuser l’idolâtrie d'un seul. Il y a encore beaucoup de travail à réaliser" (fin de la citation du commentaire de Rav Rahamim). Il n'y a pas de contradiction entre ce que dit sainte Thérèse sur : "avoir des guides" et ce que dit ici notre rabbin.

Nous devons seulement apprendre l'autonomie.

 

Obéissance, je peux entendre ce mot tel que nous le décrit le père Pierre Schilling : l’obéissance comme écoute. C’est l’écoute pour une adhésion, pour une réponse.

 

Obéissance, écoute et réponse chez Abraham :

Dieu dit "Abraham, Abraham !" et celui-ci instantanément dit : "me voici". (Gen. 22)

Sans attendre il se prépare à exécuter ce qu'il a compris, dans la foi, comme le dit Saint Paul. (Heb 11 v. 17)

 

Obéissance, écoute et réponse chez Marie, au moment de l'Annonciation.

Marie à l'Ange qui lui a parlé de la part de Dieu.

"Je suis la servante du Seigneur."

Qu'il me soit fait selon ta parole " (Lc. 1 v. 38).

 

Obéissance donc, mais à partir d'une autonomie qu’il nous faut travailler à construire.

 

Citations de l’Écriture                                                                OBÉISSANCE

 

 

Or, après ces évènements, Dieu mit Abraham à l’épreuve et lui dit  "Abraham", il répondit : "Me voici." Il reprit : « Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Moriyya et là, tu l’offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerai. (Gen. 22, 1-2)

 

La lampe de Dieu n’était pas encore éteinte, et Samuel était couché dans le Temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu.

Le Seigneur appela Samuel. Il répondit : "Me voici !" Il se rendit en courant près d’Eli et lui dit : "Me voici puisque tu m’as appelé." Celui-ci répondit : "je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher." Il alla se coucher.

Le Seigneur appela Samuel encore une fois. Samuel se leva, alla trouver Eli et lui dit : " Me voici, puisque tu m’as appelé."  Il répondit : "Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher." (1 Sam. 3, 3-6)

 

 

 

Jésus leur dit : "Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre." (Jn 4 v. 34)"

 

"Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout Nom." (Ph 2 v. 8-9)

 

« Bien qu’Il soit le Fils, Il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion ; et, ainsi conduit à sa perfection, Il est devenu pour tous ceux qui Lui obéissent la cause du salut éternel. » (Hé 5 v. 7-9)

 

 

 

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"Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font." (Lc. 23 v. 34)

 

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Ô Fils de Dieu, mon tendre Maître ! Comment, dès les premiers mots, nous donnes-tu tant de biens à la fois ? Déjà, tu t’humilies au point d’unir tes demandes aux nôtres, de te rendre le frère de créatures aussi viles et aussi misérables que nous ; comment vas-tu jusqu’à nous donner, au nom de ton Père, tout ce qui peut se donner ? Car tu veux qu’Il nous regarde comme ses enfants, et ta parole ne peut se trouver en défaut. Tu obliges ton Père à l’accomplir et ce n’est pas une petite charge que celle-là. S’Il est notre Père, il faut qu’Il nous supporte, si graves que soient nos offenses ; il faut qu’Il nous pardonne quand, à l’exemple de l’enfant prodigue, nous revenons à Lui." (C 27, 2)

 

"Penser sérieusement et ne faire aucun cas de ces petits rien qu'on décore du nom "d'affronts." Vraiment, avec nos petits points d'honneur, nous ressemblons à ces enfants qui construisent des maisonnettes avec des brins de paille !"

… "Au temps où je tenais à l'honneur, sans savoir ce que c'était, par quoi étais-je offensée ? J’en rougis maintenant, et pourtant, je n'étais pas parmi les plus susceptibles en cette matière.

Dites-vous bien, mes filles que le démon ne nous oublie pas. Jusque dans les monastères il invente des points d'honneur, il établit des lois, d'après lesquelles, en fait de dignité, on monte ou on descend…

En vérité, il y de quoi rire, ou plutôt de quoi pleurer.

Ô Seigneur n'es-Tu pas notre modèle et notre Maître. Oui, assurément. Eh bien, où as-tu mis ton honneur, toi, mon Dieu qui es pour nous la source du souverain honneur ? Le tien, tu ne l'as pas perdu, certes, pour t'être humilié jusqu'à la mort." (C. 36 v. 3 et 5)

 

"Ô misère humaine ! Quand donc, mes filles, imiterons-nous un peu notre grand Dieu ? Ah ! ne nous figurons pas que nous faisons quelque chose en endurant des affronts ! Supportons les de bon cœur et chérissons ceux qui nous les infligent. Ce Dieu de majesté a bien continué de nous aimer après que nous l’ayons tant offensé ! N’est ce pas à juste titre qu’Il veut que tous pardonnent, quelques soient les injures dont ils ont été l’objet." (6D. ch 10 v. 4)

 

"Cette peine n’est nullement adoucie par la pensée que Notre Seigneur nous a pardonné nos péchés et les a mis en oubli ; elle augmente, au contraire, à la vue d’une bonté qui ne se lasse pas d’accorder des faveurs à une âme qui n’a mérité que l’enfer. Ce dût être là, je pense, un grand martyre pour saint Pierre et la Madeleine. Brûlant d’un si ardent amour, favorisés de tant de grâces, comprenant la grandeur et la majesté de Dieu, pareille vue (de leur être pécheur) devait leur être terrible et faire naître en eux les plus tendres regrets." (6D. ch 7 v. 4)

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Réflexions                                                                                           PARDON

 

Comme le mot précédent, ça fourmille, c’est bien normal puisque ce sont tous des mots-clé de la « Vie Intérieure »

 

Nous allons nous projeter sur trois niveaux :

 

Pardonner aux autres

Pardonner à soi

Pardonner à Dieu

 

Puis dans la conclusion : Que les autres me pardonnent et que Dieu me pardonne.

 

   1. Pardonner aux autres :

Si j’examine attentivement mon existence je vois : une foule de choses me blessent, jugements, incompréhensions, interprétations de mon comportement qui me paraissent erronées, injustes, rivalités, jalousies, malentendus… et j’en passe !

Il existe toutes sortes de situations dans lesquelles je suis plus ou moins enlisée et que le pardon pourrait résoudre ou au moins éclaircir ou alléger, mais ce n’est pas toujours possible, de mon fait ou du fait des autres ou des circonstances.

- Il y a des choses que l’on réussit à avaler, vraiment et sans arrière pensée ; ça m’est parfois arrivé, sans que j’ai vraiment compris ce qui se passait. La rancune ou la colère avaient disparues, comme par un oubli. Ou bien j’ai tourné la page parce que je me suis tant soit peu expliqué pourquoi les situations avaient évoluées de cette manière, jusqu'à rendre la relation pénible entre nous.

- Il y a des choses que l’on croit sincèrement avoir digérées, mais, en grattant un peu, je constate qu'il n'en est rien, en vérité, car la violence peut ressurgir, presque intacte, elle peut même s’imposer de nouveau à moi, renforcée !

- Il y a des choses que l’on fait mine d’avoir dépassées, pour avoir la paix, par diplomatie, mais en réalité je m’aperçois qu’elles sont là, camouflées et que je me dis à moi-même et à l’autre à la fois : " Attends un peu que j’ai l’occasion de planter mon clou, tu n’y couperas pas."

 

   2. Pardonner à soi :

Parfois, on a de la rage contre soi-même, de ne pas être capable d’atteindre les objectifs que l’on s’était fixés comme idéal, consciemment ou inconsciemment !

 

Il y a à chercher : Quel rôle me suis-je assigné ? Quelle image de moi m’habite-t-elle ?

Souvent je l’ai reçue dès l’enfance et je continue à la trimbaler ostensiblement.

Je suis déçue de moi-même. Je ne me pardonne pas de ne pas avoir réussi à me dominer, à dominer l’autre.

On se méprise, on supporte mal ses limites et ses faiblesses.

 

   3. Pardonner à Dieu :

Oh lala ! Où est-ce que je vais ? Jamais je n’aurais cru pouvoir prononcer une phrase pareille ! Sauf si je disais que je ne crois pas en Lui et que je peux donc tout laisser sortir de mes lèvres ou de mon cœur.

C’est le Père Pierre Schilling qui nous avait dit cette phrase un jour. J’ai dû y réfléchir beaucoup et longtemps avant de pouvoir l’adopter sur la pointe des pieds !

 

« Il nous faut pardonner à Dieu d’avoir permis le mal » Miséricorde !

 

Les quatre volets du pardon 

Voilà sans doute des mots que j'ai appris au catéchisme, quand j'étais petite, mais, dont je ne découvre la portée que maintenant, par expérience.

Quatre, ai-je dit, pourquoi ! Pourquoi pas cinq ?

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Prise de conscience.

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Aveu.

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Regret.

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Réparation.

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Et Accord.

 

Entrons un peu plus dans le sens de ces termes :

Il me semble que pour pouvoir pardonner à celui qui m’a fait du tort, il faut qu’il ait pris conscience du mal qu’il m’a fait, non pas du bout des lèvres mais en vérité, qu’il ait pris la mesure du mal qu’il m’a fait subir, qu’il me dise, qu’il exprime son regret, et qu’il soit prêt à réparer dans la mesure du possible.

Il faut que je puisse dire : "C’est bon, on peut recommencer la relation entre nous, en toute clarté."

Comment est-ce que j’applique à moi-même ce cheminement qui peut, bien sûr, durer des années, hélas ?

Voir clair, être consciente de ma méchanceté, demander pardon, sans tenter de digresser.

Appliquer ma vigilance à ne pas recommencer, réparer, et savoir si je suis pardonnée.

Beaucoup de travail et, j’espère de grandes lumières de l’Esprit de Sainteté :

 

"Car sans moi, vous ne pouvez rien faire." (Jn 15 v. 5)

 

Conclusion :

Quelques réflexions complémentaires

 

Ce n’est souvent que très tardivement que l’on réussit à voir ou à entrevoir le tort qu’on a pu faire à quelqu’un. Je pense spécialement là, à mes enfants, à nos enfants, nous voyons bien mieux avec le recul, certaines des choses qui ont pu leur faire défaut, parfois gravement….. Il ne s’agit pas, bien entendu, de se plonger dans une culpabilité rétrospective complètement indigeste, mais, aujourd'hui d’ouvrir les yeux pour tendre vers un peu plus de douceur et de compréhension et sur ce chapitre, le travail n'est jamais achevé !

 

La réflexion sur la place que nous avons occupée dans notre fratrie peut aussi nous faire avancer et nous faire prendre conscience des difficultés qui résultent des liens avec nos pères mères frères et soeurs. Sur ce plan, tout est loin d'être totalement lumineux, beaucoup de zones d'ombre subsistent jusqu'à la fin de notre vie.

 

Ces temps-ci je suis très étonnée d’entendre des amis de la cinquantaine, expliquer qu’ils viennent de vivre un total revirement de leurs rapports avec celui des parents qui est resté seul après le décès de son conjoint. La donne est complètement modifiée et des sentiments nouveaux se font jour, impensables quelques mois auparavant.

 

Je pense souvent aussi à des scènes décrites, pour raconter la dernière rencontre des enfants avec le parent qui s’en va : le pardon demandé et reçu, dans des termes sobres, à demi-mot parfois, mais qui ont un très grand poids étant donné les circonstances ; elles marquent le reste de l’existence et peuvent effacer de profonds ressentiments.

 

J’ai l’impression que je suis prête à demander pardon à plus d’un, mais, sont-ce ceux qui attendent de moi ce geste ?

 

Quant au pardon de Dieu ?

"A qui irions-nous Seigneur, Tu as les paroles de la vie éternelle." (Jn 6 v. 68 )

 

A la prière du lundi sur le thème du pardon, j'ai proposé de lire avant le moment de silence, le Psaume 51.

En lisant, je me suis rendu compte que tout un pan de ce thème, et non des moindres, m'avait échappé ou plutôt il avait été mis de côté. Puisque notre sujet est, en premier lieu de poser notre attention sur nos actes : ce n'est pas sans raison que je n'avais pas dit un mot du pardon que Dieu nous donne. C'est évidemment premier.

Dans le Psaume, David exprime son crime, il l'avoue et sollicite le pardon de Dieu, il l'attend, il y croit. Tout le Psaume repose sur la confiance en la Miséricorde.

 

Comme David, dans le fil de nos jours nous sommes soumis aux forces du mal de deux manières, me semble-t-il :

D'une part, par des mauvaises habitudes qui souvent échappent à notre vigilance, tant elles sont incrustées dans nos mentalités.

Elles sont mauvaises et nous les vivons au quotidien, sans même les percevoir clairement. Elles baignent notre culture et elles sont souvent difficiles à détecter.

Il y a, d'autre part, des actes graves, délibérés, ponctuels qui nous font plonger dans le Mal, et dont les conséquences nous enchaînent, parfois sur une longue durée

Parfois, cependant, il a pu nous arriver d'être, en quelque sorte, rattrapé par les cheveux et nous mesurons, après coup, ce à quoi, par grâce, nous avons échappé.

 

Je voudrais aussi ajouter ici un texte, c'est l'évangile de l'enfant prodigue que sainte Thérèse cite dans le Chemin de Perfection (C. 27 v. 2).

Cette parabole nous vient de saint Luc, le fils dit :

"Mon Père, j'ai péché contre le Ciel et contre toi." (Lc15 v. 19)

et le père répond : "Mangeons et festoyons, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie. Il était perdu et il est retrouvé." (v. 23)

 

Citations de l’Écriture                                                                        PARDON

 

 

"Recherchez le Seigneur, puisque Il se laisse trouver.

Appelez-le, puisque Il est proche.

Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme malfaisant, ses pensées.

Qu’il retourne vers le Seigneur qui lui manifestera sa tendresse,

Vers notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner." (Isaïe 55, v. 6-7)

 

 

 

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,

Selon ta grande miséricorde, efface mon péché.

Ps 51 v 3

 

Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;

Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.

(Ps 51 v. 19)

 

 

 

"Quand mon frère commettra une faute contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ?"

Jésus lui dit : "Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois." (Mt. 18 v. 21)

 

"Si ses nombreux péchés ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour." (Lc 7 v. 47-78)

 

"Jésus disait : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font." (Lc 23 v. 34)

 

 

 

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"Jacob servit encore Laban, sept années pour Rachel." (Ge 29, 34)

 

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Supportons (la) donc avec patience comme Jacob supportait Léa (!), puisque le Seigneur dans sa grande bonté, veut bien nous faire jouir de Rachel !" (V. 17, 7)

"Le démon nous persuade que nous avons une vertu, la patience, par exemple, parce que nous prenons la résolution de beaucoup souffrir pour Dieu, que nous en faisons des actes fréquents et qu’il nous semble vraiment être prêtes à tout endurer. Nous voilà très satisfaites, et le démon nous confirme dans ce sentiment. Eh bien, je vous engage, moi, à ne faire aucun cas de ces soi-disant vertus, à vous dire que vous ne les connaissez que de nom, et à ne vous persuader de les avoir reçues de Dieu que quand vous en aurez la preuve. Car voici ce qui se produira ; au premier mot que l’on vous dira et qui ne vous plaira pas, votre patience va s’effondrer.

Lorsque vous aurez souffert patiemment un grand nombre de fois, alors louez Dieu de ce qu’il commence à vous enseigner cette vertu, et efforcez-vous de souffrir encore ; car s’il vous donne la patience, c’est une marque qu’en témoignage de reconnaissance, il en attend de vous la pratique. Enfin, comme je vous l’ai dit, regardez-la comme un simple dépôt qui vous est confié." (C. 38, 8)

 

"Il ne faut donc ni se troubler des pensées importunes ni s’en mettre en peine. Si le démon en est l’auteur, il lâchera prise. Si elles proviennent, comme il n’est souvent que trop vrai, de l’infirmité qui nous est restée, avec bien d’autres inconvénients, du péché d’Adam, prenons patience et supportons cette peine pour l’amour de Dieu. Ne sommes-nous pas assujetties à manger, à dormir, sans pouvoir nous en exempter, ce qui est, certes, fort pénible ?" (4D. ch 1 v. 11)

 

"Ce tourment a des degrés divers, selon l’état de la santé et la diversité des temps. Que la pauvre âme se résigne à souffrir, bien qu’en cela il n’y ait pas de sa faute ! Nous commettons par ailleurs tant d’autres fautes, pour lesquelles il est bien juste que nous pratiquions la patience ! Le conseil qu’on nous donne de mépriser ces pensées, et les raisons que nous en fournissent les livres, ne suffisent pas toujours à nous rassurer, nous qui sommes peu savantes. C’est pour cela que je ne crois pas perdre du temps en vous expliquant cela plus à fond, et en cherchant à vous consoler sur ce point. Il faut bien le dire pourtant, jusqu’au jour où le Seigneur daigne éclairer une âme, les avis lui servent peu. Malgré tout, prenons les moyens de nous instruire – cela est nécessaire, sa Majesté le veut ainsi – et tentons de nous éclairer, afin de ne pas rendre notre âme responsable de ce qui ne vient que de la faiblesse de l’imagination, de l’infirmité de la nature ou des ruses du démon." (4D. ch 1 v. 14)

 

"Considérons, mes sœurs, l’immense miséricorde, l’immense patience de notre Dieu, qui ne nous précipite pas sur l’heure dans les abîmes. Rendons-lui-en les plus vives actions de grâce, et rougissons d’être sensibles après cela à ce que l’on fait, à ce que l’on dit contre nous. Y a-t-il au monde pareille iniquité ? Voir le Dieu qui nous a faits supporter que ses créatures commettent en lui-même tant d’offenses, et, de notre coté, garder rancune pour une parole dite en notre absence et peut-être sans mauvaise intention !

Ô misère humaine ! Quand donc, mes filles, imiterons-nous un peu notre grand Dieu ?" (6D. ch 10 v. 3-4)

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Réflexions                                                                                        PATIENCE

 

"Tout, tout de suite."

J’entends dire que c’est le défaut d’aujourd’hui, dans notre société de la vitesse et de la consommation. On dit aussi que cette attitude est caractéristique de la jeunesse.

Il y a donc des chances pour qu’il y ait beaucoup à s’exercer sur ce chapitre.

Nous n’aimons pas attendre, reporter, retarder. Nous agissons souvent dans la précipitation.

A ce propos je me souviens d’un enseignement de Gilles Bernheim. Il commentait pour nous la relation conflictuelle entre Caïn et Abel (Gen 4). On se souvient : Caïn hait son frère Abel, parce que l’offrande qu’a faite Abel à Dieu, a été agréée, mais pas la sienne. Les deux frères, ne se parlent plus, ne prennent pas le temps de s’expliquer ; ils ne réussissent pas à communiquer ; ils sortent ensemble et Caïn se jette sur Abel et le tue.

Il nous est très difficile d’apprendre à laisser venir, à être disponible et attentif au moment favorable, qui ne dépend ni de notre zèle intempestif ni d’une intervention indiscrète. Lorsque nous réussissons à faire preuve de patience et que nous supportons d’attendre, il peut être un temps où il y a adéquation entre notre désir, notre attente et l’événement que le Ciel nous envoie, qui naît dans le fil de notre histoire

 

Attendre, le plus souvent, nous exaspère il est rare que nous prenions notre mal en patience.

Peut-être est-ce encore une de ces choses que nous apprenons à gérer avec l'âge ; au fil des années, nous découvrons que ce qui nous semblait impératif, incontournable ou à saisir immédiatement, s'avère prendre une autre tournure que celle que l'on avait imaginé.

Aucune patience n’a permis à la relation entre les deux frères de mûrir.

Les rencontres prématurées, mal préparées, tournent mal, venues trop tôt dans l’impatience, elles échouent, et nous laissent remplis de sentiments négatifs.

 Il faut laisser le temps au temps de faire mûrir les fruits.

Je m'aperçois que le même mot se trouve à peu près au même niveau dans les deux colonnes, comme si mûrir était le fin mot de l'histoire.

 

 

Prière manuscrite et préférée de Sainte Thérèse

 

Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante

Tout passe

Dieu ne change pas

La patience obtient Tout.

Celui qui possède Dieu

Ne manque de rien.

Dieu seul suffit.

(T.A. poème n° 9)

 

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Citations de l’Écriture                                                                     PATIENCE

 

 

Laban dit à Jacob : "Me serviras-tu gratuitement parce que tu es mon frère ? Indique-moi quels seront tes gages." Or Laban avait deux filles, l’aînée s’appelait Léa et la cadette Rachel. Léa avait le regard tendre et Rachel était belle à voir et à regarder. Jacob aimait Rachel, il dit : "Je te servirai sept ans pour Rachel, ta fille cadette." Laban reprit : "Pour moi, il vaut mieux te la donner que la donner à un autre ; reste avec moi." Jacob servit sept ans pour Rachel, et ils lui parurent quelques jours tant il l’aimait. Jacob dit alors à Laban : "Donne moi ma femme. Mon temps est accompli et je veux aller vers elle."

Laban rassembla tous les gens du lieu et fit un banquet. Le soir venu, Laban prit sa fille Léa et l’amena à Jacob pour qu’il allât vers elle. Laban donna à sa fille sa servante Zilpa qui devint la servante de sa fille Léa. Et au matin surprise, c’était Léa ! Et Jacob dit à Laban : "Que m’as-tu fait là ? Ne t’ai-je pas servi pour Rachel ? Pourquoi m’as-tu trompé ?" Laban répondit : "Ce n’est pas la coutume chez nous de donner la cadette avant l’aînée. Achève la semaine de noces de celle-ci et l’autre te sera aussi donnée pour le service que tu feras encore chez moi pendant sept autres années." C’est ce que fit Jacob. Il termina la semaine de noces de Léa, et Laban lui donna sa fille Rachel pour femme. Laban donna pour servante à sa fille Rachel sa servante Bilha. Jacob vint aussi vers Rachel et il aimait Rachel bien plus que Léa ; il servit encore Laban pendant sept autres années. (Gen 29 v. 15-30)

 

 

 

Alors il en sera du Royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et sortirent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insensées et cinq étaient avisées.

En prenant leurs lampes, les filles insensées n’avaient pas emporté d’huile ; les filles avisées, elles, avaient pris, avec leurs lampes, de l’huile dans les fioles. Comme l’époux tardaient, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit un cri retentit : "Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre." Alors toutes ses jeunes filles se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes.

Les insensées dirent aux avisées : "Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent." Les avisées répondirent : "Certes pas, il n’y en aurait pas assez pour nous et pour vous ! Allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous."

Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et l’on ferma la porte. Finalement, arrivent à leur tour les autres jeunes filles, qui disent : "Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! " Mais il répondit : " En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas."

"Veillez donc car vous ne connaissez ni le jour ni l’heure." (Mt 25 v. 1-13)

 

Et Il dit cette parabole : " Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint en chercher du fruit et n’en trouva pas." Il dit alors au vigneron : "Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier et je n’en trouve pas. Coupe-le. Pourquoi faut-il encore qu’il épuise la terre ?" Mais l’autre lui répond : "Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas." (Lc. 13 v. 6-9)

 

 

 

Avec la lettre P le mot : PERSÉVÉRANCE                                Retour à la liste

 

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Simon, fils de Jacob dit à ses frères : "Joseph nous avait demandé grâce et nous ne l’avons point écouté." (Ge 42 v. 21)

"... Je suis Joseph votre frère !" (Ge 45 v. 4)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"De la nécessité de la persévérance pour parvenir aux dernières Demeures, et des combats que le démon livre aux âmes. Combien il importe, pour arriver au bout, de ne pas faire fausse route au début. Moyen dont l’expérience a prouvé la grande efficacité." (2D. 1, le titre)

 

"Notre Seigneur sait attendre bien des jours et même des années, lorsqu’il voit de la persévérance et de bons désirs. La persévérance est ici ce qu’il y a de plus nécessaire, avec elle, on ne manque jamais de gagner beaucoup." (2D. ch 1 v. 3)

 

"Ah ! Mon Maître… donne-lui la lumière pour reconnaître que de sa persévérance dépend tout son bien." (2D. ch 1 v. 6)

 

"Il nous semblera peut-être que pour nous la chose est faite : nous portons l’habit religieux, nous l’avons pris de plein gré, nous avons abandonné pour Dieu les choses de ce monde et tout ce que nous possédions… Cette disposition est excellente, sans doute, mais pourvu qu’on y persévère… si l’on persévère dans ce dépouillement et cet abandon de tout, on obtiendra ce qu’on désire." (3D. ch 1 v. 8)

 

"Enfin, l'âme avance dans toutes les vertus, et ses progrès seront continuels, si toutefois elle ne retourne pas en arrière et n’offense pas Dieu : car, autrement, si élevée qu’elle puisse être, aurait-elle même atteint les plus hauts sommets, tout lui échappe. Ne croyez pas non plus qu’il suffit d’avoir reçu une fois ou deux cette faveur pour se retrouver riche de toutes les grâces que je viens de dire. Il faut pour cela que l’âme persévère à les recevoir, car tout notre bien dépend de cette persévérance." (4D. ch 3 v. 9)

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Réflexions                                                                              PERSÉVÉRANCE

 

Être persévérant, avoir de la persévérance, on dit parfois aujourd’hui : "avoir de la suite dans les idées." Certains d’entre-nous ont ce trait de caractère ; ils sont doués d’une sorte de détermination dans la durée, ils possèdent une ferme constance dans leurs engagements, leurs convictions. Ils font preuve d'endurance dans leurs combats. Lorsque cette qualité imprègne un travail de fond, ou s’applique à une ligne de conduite qui mobilise toute l’existence, on entend dire qu’il s’agit d’une vocation ou d’une marotte, selon ! Il y a ainsi des vocations professionnelles ou religieuses ; mais, parfois on entend nommer "dada" des engagements qui peuvent être vitaux pour celui qu’ils habitent, mais qui sont perçus par les proches comme un petit grain d’originalité, sans conséquence et sans véritable importance.

 

En fait, il faut sans doute avoir parcouru un long temps de vie pour percevoir à quel point certaines valeurs sont inscrites en nous depuis l’enfance et y demeurent.

D’un petit coup d’œil en arrière, nous pouvons parfois voir les traces de la persévérance dans le cours de notre existence. Si je pense à la prière, par exemple, je vois bien que nous y avons toujours été attachés.

Même si les modalités de notre pratique et les tentatives faites pour nous y tenir ont varié au fil des années ; nous pouvons noter que cette quête s’est poursuivie, certes plus ou moins bien vécue, tout au long de notre vie ; elle n’a jamais été abandonnée. Dans ce domaine, il y a sans doute eu, de notre part, une certaine persévérance.

 

 Questions un peu latérales, que je n’hésite pas à poser pour élargir ma réflexion : comment pouvons-nous réussir à intégrer et à maintenir dans notre parcours une habitude persévérante par rapport à quelque chose que nous déciderions d’adopter aujourd’hui ? A un certain âge, j’ai l’impression qu’il va m’être difficile d’incruster dans les heures de mes journées, une discipline, une attitude tout à fait nouvelle. En ce qui concerne la prière, comment trouvera-t-elle une place quand tout est organisé sans elle ?

Je crois comprendre que le Ciel peut élargir le temps, le cœur, pour nous permettre de faire des choses dont on se croyait incapable.

J’entend dire : "jamais je n’aurais cru que je pourrais…"

Parfois, est reçue une adéquation féconde entre mon désir et une inspiration venue d’En Haut. C'est un instant de grâce !

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Citations de l’Écriture                                                           PERSÉVÉRANCE

 

 

Ils reprirent : "Nous, tes serviteurs, nous étions douze frères, fils d’un même homme au pays de Canaan. Le plus jeune est aujourd’hui avec notre père et l’un de nous n’est plus." "Je vous ai bien dit que vous étiez des espions, s’écria Joseph. Voici l’épreuve que vous allez subir : aussi vrai que le pharaon est vivant, vous ne sortirez pas d’ici que votre plus jeune frère n’y vienne. Envoyez l’un d’entre-vous prendre votre frère. Pour vous, restez, prisonniers, et vos dires seront éprouvés : la vérité serait-elle avec vous ? Sinon, aussi vrai que le pharaon est vivant, vous êtes vraiment des espions."

Il les mit ensemble aux arrêts pendant trois jours. Le troisième jour, Joseph leur dit : « Voici ce que vous allez faire pour rester en vie. Je crains Dieu moi. Seriez-vous dignes de foi ? Qu’un de vos frères reste prisonnier dans la maison où vous êtes aux arrêts. Vous autres allez porter du grain à vos maisons affamées. Puis amenez-moi votre plus jeune frère. Vos dires seront vérifiés et vous ne mourrez pas. » C’est ce qu’ils firent.

Ils se dirent entre eux : « Hélas ! Nous nous sommes rendus coupables envers notre frère quand nous avons vu sa propre détresse. Il nous demandait grâce et nous ne l’avons pas écouté. Voilà pourquoi cette détresse nous atteint.»

Ruben s’adressa à eux : Ne vous avais-je pas dit : "Ne faîtes aucun tort à cet enfant ! Et vous ne m’avez pas écouté. Il est maintenant demandé compte de son sang."

Ils ne savaient pas que Joseph comprenait, car l’interprète servait d’intermédiaire. Alors Joseph s’écarta d’eux pour pleurer, puis il revint à eux et leur parla. (Gen. 42, 13-24)

 

 

 

J’ai crié vers Toi, Seigneur Mon Dieu Sauveur, le jour, la nuit.

(Ps. 88 v. 2)

 

 

 

Une grande foule s’assembla, et des gens de diverses villes vinrent auprès de Lui.

Il dit cette parabole : "Le semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie (de la semence) tomba le long d’un chemin : elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent.

Une autre partie tomba sur le roc ; quand elle poussa, elle sécha, parce qu’elle n’avait pas d’humidité.

Une autre partie tomba au milieu des épines ; les épines poussèrent avec elle et l’étouffèrent.

Une autre partie tomba dans la bonne terre ; quand elle poussa, elle donna du fruit au centuple. En disant cela, il s’écria : Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !"

Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole.

Il répondit : "Il vous a été donné de connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais pour les autres, cela leur est dit en paraboles, afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point. 

Voici ce que signifie cette parabole : la semence c’est la parole de Dieu.

Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent ; puis le diable vient et enlève de leur cœur la parole afin qu’ils ne croient pas et ne soient pas sauvés.

Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole, la reçoivent avec joie, mais ils n’ont pas de racine, ils croient pour un temps et au moment de l’épreuve ils se retirent.

Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui après avoir entendu la parole, s’en vont, sont étouffés par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ne donnent pas de fruits mûrs.

Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole avec un cœur bon et honnête, la retiennent et portent du fruit de la persévérance." (Lc 8 v. 4 à 15)

 

 

 

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"Lorsque le Seigneur fit monter Elie au ciel" (2 R. 2 v. 1)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Remercions Dieu qui veut bien, malgré la faiblesse de nos œuvres, entretenir en nous le désir de lui plaire." (V. 12 v. 3)

 

"Ô mon Maître ! Que tu es bon ! Sois éternellement béni. Que toutes tes créatures Te louent, ô mon Dieu, de nous avoir aimés à ce point ! De nous avoir mis à même de parler avec une entière vérité de ces relations, que dès cet exil, Tu entretiens avec les âmes ! En user ainsi envers celles qui sont vertueuses, c'est déjà une libéralité, une munificence excessive, digne de Toi, mon Souverain !

"Ô libéralité infinie, que Tes œuvres sont magnifiques ! Elles jettent dans l'étonnement tout esprit qui n'est pas tant absorbé par les choses de la terre et, par là même fermé à l'intelligence de la vérité .Mais te voir accorder ces faveurs souveraines à des âmes qui T'ont tellement offensé ! Voilà qui me confond ! Quand j'y réfléchis, je ne peux pas passer outre. Aussi bien, où aller sans retourner en arrière ? Ne sachant comment Te rendre grâce de si grandes faveurs, je me soulage parfois en disant des folies." (V. 18 v. 3)

 

"Reconnaissante comme je le suis naturellement." (V. 35 v. 11)

 

Je suis persuadée que si on laisse à Dieu la liberté d'agir, Il ne bornera pas là sa libéralité envers des âmes qu'Il appelle à monter plus haut.

Celles qui constateront en elles-mêmes de tels effets, doivent beaucoup L'en remercier ; certes, il est juste qu'elles s'en montrent reconnaissantes, et, par cette gratitude, elles se disposeront à en recevoir des grâces plus grandes encore." (4D. ch 3 v. 4)

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Réflexions                                                                        RECONNAISSANCE

 

La reconnaissance peut se manifester dans les relations à Dieu et envers les autres.

On lui donne parfois aussi le nom de : "gratitude". Ce mot permet de mieux cibler le sens sur lequel nous avons mis l'accent dans ce moment de rencontre.

Mais, jamais Thérèse n'emploie le mot "gratitude" bien qu'il existe en espagnol, elle utilise uniquement "agradacimiento".

 

Comme le développe le Père Tomas Alvarez, dans un article du "diccionario teresiano", la reconnaissance était co-naturelle au tempérament de la sainte Mère.

Il dit : C'est pour elle, une "condition" psychologique et éthique, un ingrédient incontournable de ses relations sociales, il imprègne sa vie théologale et son expérience mystique.

Le Padre Tomas remarque son attitude reconnaissante vis à vis de son père, Don Alonso et de son frère Lorenzo, qui, à son retour des Amériques, a beaucoup soutenu Thérèse, lors des "Fondations". Elle demande à ses moniales de prier pour tous leurs bienfaiteurs.

"Il est juste que vous recommandiez à Dieu ceux qui nous ont charitablement assistés. Ceux envers lesquels nous avons de grandes obligations." (F 25, 9)

 

Reconnaissance envers Dieu :

C'est une disposition d'esprit à cultiver, savoir remercier Dieu.

Il y a chaque jour une chose dont on peut rendre grâce. Je me souviens d'une période, qui, hélas, n'a pas eu de suite pour l'instant, où, quand je faisais une prière, le soir, je remerciais pour trois petits évènements de la journée : le beau temps, la gentillesse de quelqu'un, une entreprise réussie…

Mais, à ce sujet, pourquoi ne pas y revenir, recommencer, reprendre la démarche comme nous incite à le faire notre Madre :

"Et quand on s'est laissé distraire, il ne nous reste qu'à recommencer !" (2D. ch 1 v. 10)

 

Une source inépuisable d'actions de grâce en dehors des psaumes dont nous dirons quelques mots un peu plus loin, c'est la beauté, la vitalité de la nature renouvelée à chaque instant.

Depuis que nous étudions la Bible de manière très suivie, je vois que dans les textes, la louange est constante, en particulier, en ce qui fait une part importante de notre étude, dans les Psaumes.

Le nom hébreu des psaumes est "TeHiLLim" dont la signification est action de grâces, louanges. Nous ne sommes donc pas du tout étonnés qu'il y ait dans ces textes, beaucoup de paroles de reconnaissance vis à vis de Dieu, sous forme de prières individuelles ou collectives.

Dans le choix des références bibliques, le psaume choisi est celui dont le titre hébraïque est précisément ; psaume de merci. Nous le citerons en entier dans les citations des Écritures.

 

Reconnaissance envers les autres :

C'est une des tâches initiales des parents vis à vis de leurs enfants : leur apprendre à dire "merci". Je n'ai compris que tardivement l'importance de cette règle.

Je crois que je m'en dispensais fréquemment ou que je le faisais d'une manière tout à fait mécanique.

Un jour, déjà grand-mère peut-être, j'ai entrevu tout ce que je devais à mes parents, j'ai mesuré combien je leur étais redevable, et combien je leur avais peu manifesté ma gratitude. Peut-être n'ont-ils jamais su mon regret ? Maintenant, ma prière à leur égard est fréquente.

J'ai réalisé aussi que j'étais sensible au fait que l'on me dise "merci" et j'ai commencé à aimer le dire.

 

Je prends conscience aussi ces années dernières que je suis très reconnaissante à un certain nombre de personnes qui m'ont réellement entourée, aidée à vivre mieux, à des tournants de mon existence, et je n'ai plus aucune hésitation avec ce sentiment, au contraire, il me réjouit beaucoup.

Je crois, cependant qu'il nous faut continuer à nous y appliquer, dans la mesure où avec l'âge, nous avons tendance à penser que cette marque de politesse nous est due… !

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Citations de l’Écriture                                                     RECONNAISSANCE

 

 

 

 

 

"Tu ne te prosterneras pas devant un autre Dieu que Moi " (Ex 34 v 14)

 

 

 

Psaume pour l'action de grâce ou Psaume de "Merci"

 

Acclamez le Seigneur terre entière;

Servez le Seigneur avec joie;

Entrez devant Lui avec allégresse.

Reconnaissez que le Seigneur est Dieu.

Il nous a fait et nous sommes à Lui,

Son peuple et le troupeau de son pâturage.

Entrez par ses portes en rendant grâce,

Dans ses parvis en Le louant;

Célébrez Le, bénissez son Nom.

Car le Seigneur est bon :

Sa fidélité est pour toujours,

Et sa loyauté s'étende d'âge en âge.

(Ps 100)

 

 

 

Jésus dit : "Je Te loue, Père Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché ces choses aux sages et aux intelligents et de les avoir révélé, aux tout petits." (Mt. 11 v. 25)

 

"L’un d’entre eux (les lépreux) voyant qu'il était guéri, revint en rendant gloire à Dieu à pleine voix. Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus, en lui rendant grâce." (Lc. 17 v. 15 et 16)

 

"ésus dit, au moment de la résurrection de Lazare, quand celui-ci sort du tombeau, tout lié par les bandelettes :

"Je te rends grâce, Père, de ce que Tu M'as exaucé." (Jn. 11 v. 41)

 

 

 

 

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"Marie recueillait toutes ces choses dans son cœur."

(Lc. 2 v. 51)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Quand le combat qu’il faudrait soutenir pour entrer dans le recueillement ne servirait qu’à nous convaincre de notre misère et du tort considérable que nous cause la dissipation, ce serait déjà quelque chose." (2D. ch 1 v. 9)

 

"Comme je le disais en commençant, j’ai indiqué ailleurs comment vous devez vous comporter au milieu des troubles que le démon suscite en cette Demeure et comment, lorsqu’on essaie de se recueillir, il faut procéder, non à tour de bras mais avec douceur, afin de pouvoir persévérer dans le recueillement. Je ne le répéterai donc pas ici. Je dirai seulement qu’à mon sens il est très utile à une âme de communiquer avec des personnes expérimentées. En effet, vous pourriez vous figurer qu’en vous livrant à des occupations nécessaires vous faites une grande brèche au recueillement. Mais pourvu que nous n’abandonnions pas la partie, le Seigneur fera tourner toutes choses à notre avantage, même si nous ne trouvons personne pour nous instruire. Quand on s’est laissé distraire, il n’y a pas d’autre remède que de recommencer à se recueillir. Sinon, l’âme ira en s’affaiblissant toujours, et encore Dieu veuille qu’elle s’en aperçoive !" (2D. ch 1 v. 10)

 

De l’oraison de recueillement. (4D. 3, le titre)

 

"Les effets de l’oraison dont je viens de parler sont nombreux ; j’en indiquerai quelques uns. Mais auparavant, je traiterai d’une oraison qui précède presque toujours celle-ci.

C’est un recueillement, qui me paraît surnaturel aussi.

Il ne consiste ni à se mettre dans l’obscurité, ni à fermer les yeux : il ne dépend nullement des choses extérieures. Et pourtant, sans le vouloir, on ferme les yeux, et on désire la solitude.

Alors, se construit, mais sans le travail de l’art, le palais de l’oraison dont je viens de parler.

Ici, les sens et les objets extérieurs semblent perdre de leurs droits, afin que l’âme, puisse recouvrer, peu à peu les siens, qu’elle avait perdus." (4D. ch 3 v. 1)

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Réflexions                                                                           RECUEILLEMENT

 

Lorsque Sainte Thérèse parle de recueillement, même si elle se réfère aux catégories qui ont cours de son temps, pour parler de la prière*, en particulier à celles de Francisco de Osuna, dans son "Troisième abécédaire", elle garde toujours beaucoup de souplesse ; et passe volontiers, sans aucun embarras, d’une catégorie à l’autre de la prière, au point que les spécialistes remarquent avec une aimable condescendance que, dans l’emploi de tel ou tel terme, la Madre manque parfois de rigueur !

Je n’en suis pas choquée, j’en éprouve même un certain plaisir, et même je pourrais affirmer que j’en bénis le Ciel ; sa liberté m’enchante, elle me permet de chercher à savoir ce que représentent, pour nous, aujourd’hui, les mots qu’elle utilise.

 

Recueillement : Recogimiento , ou comment être centrée avec attention sur ce que je vis intérieurement :

Être présent ici et maintenant. Certaines pratiques actuelles, telles que le yoga ou le zen, nous ont parfois initiés à l’importance de cette démarche.

Le recueillement est favorisé par le silence et la solitude que nous évoquerons prochainement.

Ainsi, dans le vocabulaire thérésien, nous sommes sensibles aux relations de certains mots entre eux, par le jeu des associations. Entre eux se constituent des « constellations » qui rendent lisibles le Ciel de nos nuits… spirituelles.

 

« Aun que es de noche »

« Alors qu’il fait nuit »

Saint Jean de la Croix

 

Dans le "Diccionario teresiano" du Padre Tomas Alvarez, une page évoque les moyens pour parvenir au recueillement d’après les conseils que donne Sainte Thérèse, dans le Chemin de Perfection, chapitre.26 et 28.

 

 

 

 

* Oraison de quiétude, oraison de recueillement, oraison d’union, selon la terminologie religieuse du 16ème siècle (diccionnario teresiano. P. Tomas Alvarez)

 

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Citations de l’Écriture                                                         RECUEILLEMENT

 

 

Pendant qu’Achab montait pour manger et boire, Elie monta vers le sommet du Carmel, il se courba vers la terre et mit son visage entre ses genoux. (1 R 18 v. 42)

 

 

 

« Quand sur mon lit je pense à Toi,

je passe des heures à te prier. »

(Ps 63 v. 7)

 

 

 

"Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." (Mt. 6 v. 6)

"Jésus redescendit alors avec eux, et revint à Nazareth ; et Il leur était soumis.

Et sa mère gardait fidèlement, toutes ces choses dans son cœur." (Lc. 2 v. 51)

 

"Mais Jésus se tenait retiré dans le désert et priait." ( Lc 5 v. 16)

 

Et il advint, comme Jésus était quelque part à prier, quand Il eut cessé, qu’un de ses disciples lui dit : "Seigneur apprends-nous à prier, comme Jean l’avait appris à ses disciples." (Lc 11 v. 1)

 

 

 

Avec la lettre S les mots : SILENCE/SOLITUDE                       Retour à la liste

 

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"En cette demeure de Dieu, Seul Lui et l’âme se réjouissent en très grand silence." (7D. ch 3 v. 11)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

Ce que je prétends maintenant, c’est appliquer à mon sujet ces quatre manières de dispenser à un jardin l’eau nécessaire à son entretien, et dont il ne saurait être privé sans périr. Je pourrai par là, j’espère, donner une certaine idée des quatre degrés d’oraison, auxquels le Seigneur, dans sa miséricorde, a quelquefois élevé mon âme. Plaise à sa bonté que je réussisse à m’exprimer d’une manière qui soit utile à l’un de ceux qui m’ont commandé d’écrire ! Le Seigneur en quatre mois, l’a conduit bien plus loin que je n’en étais moi-même au bout de dix sept ans. Il s’est mieux disposé ; aussi, sans aucune fatigue, arrose-t-il son verger des quatre eaux dont je viens de parler. La quatrième, il est vrai, ne lui est encore donnée que goutte à goutte ; mais au train dont il va, il s’y trouvera bientôt, Dieu aidant, totalement abîmé. Si ma façon de m’expliquer lui paraît dénuée de sens, eh bien ! Qu’il en rie, j’en serai charmée.

Les personnes qui commencent à faire oraison, nous pouvons bien le dire, tirent l’eau du puits, et c’est un rude labeur, je l’ai fait remarquer déjà. Il leur faut nécessairement de pénibles efforts pour recueillir leurs sens accoutumés à se répandre au dehors ; elles doivent s’habituer peu à peu à ne plus se soucier de voir ni d’entendre, et s’en abstenir effectivement aux heures d’oraison, rester dans la solitude, et là séparées de tout, réfléchir à leur vie passée. (Vie 11 v. 8)

 

"On évitera les embûches du démon qui pourrait (y) trouver largement son compte en introduisant l’habitude de la médisance. Ici, grâce à Dieu, cet inconvénient est moins à redouter qu’ailleurs, à cause du silence continu que nous observons…" (1D. ch 2 v. 18)

 

"Le meilleur est de faire ce que prescrit notre règle, c’est à dire de vivre toujours en silence et en espérance…" (3D. ch 2 v. 13)

 

"Le recueillement... ne dépend nullement des choses extérieures. Et pourtant, sans le vouloir, on ferme les yeux et on désire la solitude. Alors se construit, mais sans le travail de l’art, le palais de l’oraison dont je viens de parler."

"Ici, les sens et les objets extérieurs semblent perdre leurs droits, afin que l’âme puisse recouvrer peu à peu les siens, qu’elle avait perdus." (4D. ch 3 v. 1)

 

"Nous tous qui portons le saint habit du Carmel, nous sommes appelés à l’oraison et à la contemplation : c’est là notre première institution. Nous sommes de la race de ces saints pères du Mont Carmel, qui dans la solitude profonde, cherchent le trésor…" (5D. ch 1 v. 2)

 

"L’âme, désormais blessée de l’amour de l’Epoux, recherche davantage la solitude et elle écarte, autant que son état le lui permet, tout ce qui pourrait l’en priver." (6D. ch1 v. 1)

 

"C’est au milieu d’une telle paix et d’un si profond silence que le Seigneur enrichit et instruit alors cette âme, que cela me fait penser à la construction du Temple de Salomon où l’on ne devait pas entendre le moindre bruit. (1 R. 6, v7) De même, dans ce temple de Dieu, dans cette demeure qui est sienne Dieu seul et l’âme jouissent l’un de l’autre dans un très profond silence." (7D. ch 3 v. 11)

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Réflexions                                                                       SILENCE/SOLITUDE

 

Il me semble que les remarques, qui me viennent à l’esprit, concernent les deux mots ; l’un et l’autre sont nécessaires pour se recueillir et s’ouvrir aux bienfaits de l’oraison. Ce qui suit va donc simplement prolonger notre réflexion sur le recueillement.

 

En réalité, je note dans un premier temps, que ces deux mots : silence et solitude ne nous sont pas automatiquement sympathiques. En effet, nous n’avons pas un goût démesuré pour ce qui s’apparente à la pénitence ; on nous a sans doute trop fait la morale à ce sujet.

Nous devons donc apprivoiser et faire nôtres, ces pratiques, en toute liberté ; peu à peu, et pas à tour de bras (4 D), par étape, c’est une démarche progressive.

Il nous faut d’abord en prendre l’habitude, puis le goût, comme quelque chose qui nous aide à vivre mieux et à savourer davantage l’existence. Finalement ce sont des choses dont nous avons soif et qui nous réjouissent.

C'est peut-être un des avantages de l'âge (3ème ou 4ème.) que de désirer, et même aimer des moments qui ont les qualités du repos. Non seulement ils sont une nécessité, pour nous, mais nous sentons aussi qu'ils nous apaisent et nous réconfortent.

 

Voici ce que dit le Père Tomas Alvarez dans son dictionnaire thérésien :

"La clôture peut avoir quelque chose d’équivalent dans la vie des laïcs : un espace, un temps que nôtre entourage admet et apprend à respecter. C’est, pour soi, un oasis de solitude dans la ville. A l’intérieur de la clôture, la cellule de chaque carmélite sera une solitude dans la solitude…"

Une super oasis, en somme !

 

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Citations de l’Écriture                                                     SILENCE/SOLITUDE

 

 

La parole du Seigneur fut adressée à Elie : "Va-t’en d’ici, dirige-toi vers l’Orient et cache-toi dans le ravin de Kerith qui est à l’est du Jourdain. Ainsi tu pourras boire au torrent, et j’ai ordonné aux corbeaux de te ravitailler là-bas." Il partit et agit selon la parole du Seigneur ; il s’en alla habiter dans le ravin de Kerith qui est à l’est du Jourdain. Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande, le matin, du pain et de la viande, le soir ; et il buvait au torrent. Au bout d’un certain temps, le torrent fut à sec, car il n’y avait pas eu de pluie sur le pays. (1 R. 17 v. 2-7)

 

L’ange du Seigneur revint, toucha Elie et dit : "Lève-toi et mange, car autrement le chemin sera trop long pour toi." Elie se leva, mangea et but, puis, fortifié par cette nourriture, marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb. (1 R. 19 v. 7-9)

 

 

 

Pour Toi le silence est louange

(Ps 65 v. 2)

 

 

 

"Quand il fit jour, Jésus sortit et se rendit dans un lieu désert. Les foules le recherchaient ; puis, l’ayant rejoint, elles voulaient le retenir, de peur qu’il ne s’éloignât d’eux." (Luc 4 v. 42)

 

"Et Jésus se retirait dans les lieux déserts et Il priait." (Luc 5 v. 16)

 

Or, comme Jésus était en prière à l’écart, les disciples étaient avec Lui, et Il les interrogea : "Qui suis-je, au dire des foules ?" (Luc 9 v. 18)

 

"En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire ’il meurt, il porte beaucoup de fruit."  (Jn 12, 24)

 

 

 

Avec la lettre T le mot : TRAVAIL                                              Retour à la liste

 

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"Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple

je ne refuse pas le Travail, que ta volonté soit faite."

Saint Martin

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Il m'arrivait parfois de balayer aux heures que je consacrais auparavant à mes plaisirs ou à mes parures, et la pensée que j'étais délivrée de tout cela me donnait une joie nouvelle.

J'en étais tout étonnée et je ne m'expliquais pas quelle pouvait en être la cause." (V 4 v. 2)

 

"Dieu m'a fait cette grâce d'aimer me trouver la première au travail."(F. 19 v. 6)

 

"Courage donc, mes filles ! A l’œuvre sans retard ! Tissons notre petite coque, en renonçant à notre amour-propre, à notre volonté, à tout attachement aux choses de la terre, en produisant des œuvres de pénitence, d’oraison, d’obéissance, et d’autres encore, que vous connaissez bien. Ah ! je vous en prie, faisons tout le bien possible, dont on nous a enseigné la pratique !" (5 D. ch 2 v. 6)

 

"Si le Seigneur n'avait donné à Moïse la certitude que cette vision venait de Lui, Moïse ne serait jamais engagé dans des travaux si grands et si nombreux." (6 D. ch 4 v. 7)

 

"Ne nous imaginons pas que tout soit fait parce que nous avons beaucoup pleuré : mais visons à beaucoup agir et à pratiquer les vertus. C’est là l’essentiel." (6 D. ch 6 v. 9)

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Réflexions                                                                                          TRAVAIL

 

Avant d'être attentif à la manière dont nous nous comportons, nous allons regarder ce mot dans la pratique de la Sainte Mère.

Qu'il s'agisse de travaux manuels, de travaux d'écriture ou de réflexion, je nommerai volontiers tous ces efforts, dans quelque domaine que ce soit, travail d'enfantement : Tout ce que fait Thérèse pour naître à ce à quoi elle est appelée.

 

A propos du travail manuel, nous avons souvent entendu raconter par ses sœurs, encore aujourd'hui, ou par la Madre elle même, dans ses livres, qu'il lui était nécessaire de travailler sans relâche, à des tâches très concrètes, comme le ménage, ou la lessive ; elle était très exigeante à propos de la propreté ; elle faisait la cuisine, elle préparait les repas de fêtes et veillait à ce que les sœurs plus faibles soient particulièrement bien soignées.

Elle se préoccupait aussi des sœurs malades. Je me souviens avoir lu, qu'à l'hôpital de Burgos où elle et ses moniales étaient logées provisoirement, dans les combles de l'Hôtel-dieu, elle passait beaucoup de temps avec les malades ; c'était un peu avant sa mort.

Elle s'occupait beaucoup à broder, à filer, elle s'était fait une règle de ne jamais rester inactive et ne venait jamais au parloir sans un ouvrage, dans les mains. Il reste de nombreux et très admirables exemples de ses ouvrages dans tous les couvents que nous avons visités. Et ceux-ci n'étaient pas de simples passe-temps.

Au parloir, tout en filant ou brodant, la Madre recevait famille, proches pour les guider, les conseiller.

En ce qui concerne la création ou la réforme des carmels, cités dans le livre les Fondations, elle s'est livrée à un travail d'architecte, de conseiller technique.

Ces fondations on été l'occasion pour sainte Thérèse d'innombrables voyages, aux quatre coins de la Castille, de la Manche et de l'Andalousie, dans des conditions extrêmement difficiles.

Pour ce qui est de ses Écrits, les pages se comptent par milliers! Parmi ses multiples occupations, il y avait aussi les instructions à ses filles, elles formeront la matière de plusieurs de ses Œuvres :

Il y a ses quatre grands livres : la Vie, les Fondations, le Chemin de perfection et les Demeures appelé également (Le Château intérieur). Il y a aussi les courriers à sa famille, au roi,aux autorités ecclésiastiques, aux entrepreneurs etc.. Puis enfin, la poésie, qui est le plus souvent prière.

Sainte Thérèse passe, en quelques instants, des tâches les plus terre à terre, aux hauteurs de ses expériences mystiques. Nous restons confondus de tant de simplicité et de vivacité :

Travail de création.

 

Je n'ai parlé que d'elle, jusqu'à maintenant tant je suis émerveillée.

Il me reste à évoquer quelque chose de nos vies. Elles sont sur actives et nous donnent le tournis ! Certes, le travail ne manque pas, à tous les moments de l'existence, mais le temps est souvent mal équilibré, trop de charges dans toutes sortes de directions. Trop !

A cet égard-là, la vie des monastères nous semble mieux réglée ; on dispose au quotidien, de temps de récréations, de temps d'oraison, de temps de prière au chœur, si toutes ces règles sont respectées !

 

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Citations de l’Écriture                                                                        TRAVAIL

 

 

"Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique." (Ex.19 v. 8)

 

Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais, le septième jour, c'est le shabbat du Seigneur, ton Dieu, tu ne feras aucun ouvrage…" (Ex. 20 v. 9)

 

 

 

"L'homme s'en va à son travail, à ses cultures jusqu'au soir."

(Ps. 104 v. 23)

 

 

 

"Ne vous inquiétez pas pour le lendemain, le lendemain s'inquiètera de lui-même.
A chaque jour suffit sa peine"
(Mt. 6 v. 28).

 

"Il ne suffit pas de dire "Seigneur, Seigneur! Pour entrer dans le Royaume des cieux." (Mt. 7 v. 21)

 

"Mon Père jusqu'à présent est à l'œuvre, Et moi aussi je suis à l'œuvre." (Jn. 5 v. 17)

 

 

 

 

Avec la lettre V le mot : VÉRITÉ                                                Retour à la liste

 

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"La Vérité fera de vous des hommes libres." Jn. 8, 32

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Que la vérité règne dans vos cœurs, comme la méditation doit l’y faire régner, et vous connaîtrez clairement l’amour que nous sommes obligées d’avoir pour le prochain." (C 20 v. 4)

 

"La perfection ne consiste pas dans les goûts, mais dans l’amour et dans les oeuvres accomplies selon la justice et la vérité." (3D. ch 2 v. 10)

 

"Tirons de là cet enseignement, mes sœurs, que pour nous conformer en quelque chose à notre Dieu, à notre époux, nous devons nous scruter sans cesse et, avec le plus grand soin, marcher dans la vérité. Je ne dis pas seulement que nous devons nous abstenir du mensonge - grâce à Dieu, dans nos monastères, je le vois, on ne voudrait pour rien au monde commettre une telle faute -, mais que nous devons en toutes choses marcher dans la vérité devant Dieu et devant les hommes. Surtout, ne désirons pas être tenues pour meilleures que nous ne le sommes, et, en chacune de nos œuvres, donnons à Dieu ce qui est à lui et à nous-mêmes ce qui nous appartient : en tout, mettons-nous dans le vrai." (6D. ch 10 v. 6)

 

"Il me vient à l’esprit que c’est parce que Dieu est la Suprême Vérité, que l’humilité n’est pas autre chose que marcher dans la Vérité." (6D. ch 10 v. 7)

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Réflexions                                                                                             VÉRITÉ

 

Dieu est Vérité, et notre vérité à nous, c’est notre pauvreté.

Le Padre Tomas Alvarez dit à peu près dans son dictionnaire Thérèsien : "Thérèse est un chercheur de vérité-né (p. 1379) dans sa condition personnelle et dans son enseignement."

Cette recherche est omniprésente tout au long de la vie de la Sainte Mère ; nous en avons fait mention à propos de l’humilité. (6D. ch 10 v. 7)

Thérèse y fait constamment référence dans sa lutte contre les "illusions." (6D. ch 1 v. 9)

En effet, rien ne la mettait plus en état d’alerte que les situations dans lesquelles elle risquait d’être emportée par des erreurs de jugement, des fautes d’appréciation concernant ses expériences. Elle multipliait les précautions en se référant à l’opinion de personnes compétentes ou accréditées (!)

Elle mesurait la valeur de ses impressions aux fruits récoltés, se fiant à la parole de Jésus :

 

"Tout arbre bon donne de bons fruits." (Mt 7, 17)

 

Évaluant avec justesse ses relations avec ses sœurs, et celles de ses sœurs entre-elles, elle était capable d’épingler, de manière piquante, les faux semblants, qui sont des manœuvres destinées à nous mettre en valeur à nos propres yeux et aux yeux de notre entourage.

Dans sa correspondance, de nombreux exemples de sa clairvoyance émaillent les lettres qu’elle destine à ses proches.

Les "âmes pieuses" pourraient même parfois lui reprocher la vivacité de ses propos.

En fait, elle n’a aucune complaisance vis à vis des attitudes avantageuses qui déforment la Vérité de ce que nous sommes. Elle va droit au but lorsqu’elle dénonce une façon de se comporter plus ou moins travestie.

 

En ce qui me concerne, il me semble que la quête de la vérité m’habite depuis l’enfance, non que je sois capable d’être vraie, mais, c’est pour moi une aspiration constante et profonde. Travailler à cela avec Sainte Thérèse, c’est être à bonne école.

 

La Vérité est exigeante d’une autre manière encore ; elle ne doit pas être confondue avec la sincérité. Il y a entre ces deux notions, une différence essentielle que beaucoup ne voit pas clairement ; on peut être sincère et totalement hors du vrai.

Il s’agit de mettre à l’épreuve nos attachements : Nous disons, par exemple, tenir à une vie simple ! Nous prétendons ne pas faire de cas des personnes, être libres et détachées des honneurs ! Nous affirmons adorer ceci, détester cela ! Quel est le sens de pareilles déclarations ? Qu’en est-il en réalité ?

Donc, vigilance et circonspection sont nécessaires pour garder le cap et aller droit au but, sans détours ni tergiversations.

L’éducation à la Vérité est un travail-clé pour la vie intérieure... Elle dure autant que la vie.

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Citations de l’Écriture                                                                           VÉRITÉ

 

 

"Fais-moi cheminer vers Ta Vérité et enseigne-moi,

car Tu es le Dieu qui me sauve.

Je T'attends tous les jours."

(Ps. 25 v. 5)

 

 

Saint Jean figure parmi les saints de prédilection de Sainte Thérèse d'Avila (Tomas Alvarez.)

 

"Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire que, Fils unique plein de grâce et de Vérité, Il tient du Père." (Jn. 1 v. 14)

 

"Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la Vérité et la Vérité fera de vous des hommes libres." (Jn. 8, 32)

 

"Je suis le chemin, la Vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n'est par moi." (Jn. 14 v. 6)

 

"Consacre-les par la Vérité : Ta parole est Vérité." (Jn. 17 v. 17)

 

 

 

Avec la lettre Z le mot : ZÈLE                                                    Retour à la liste

 

Écouter l'émission Diffusée sur R.C.F.

"le zèle brûlant de la gloire de Dieu consumait Elie."

(7D. ch 4 v. 11)

 

Citations de Thérèse d’Avila

 

"Le zèle que peut inspirer "l'ennemi", sous prétexte de recherche de perfection." (1D. ch 2 v 16)

 

Dans ces premières demeures : "On n'est pas encore très solide, le démon peur agir. Par bon zèle, on cherche à être utile aux autres, elles qui n'auraient pas la force de résister aux attaques du démon dont elles sont l'objet." (3D. ch 2 v. 12)

 

"Dieu donne à ces âmes un si véhément désir de Lui plaire en tout, jusque dans les plus petites choses, et d'éviter, s'il est possible, la moindre imperfection, que, pour ce seul motif, elles voudraient fuir la société des humains. Et, d'un autre côté, elles voudraient se jeter au milieu du monde pour tâcher d'aider ne serait-ce qu'une seule âme à louer Dieu davantage." (6D. ch 6 v. 3)

 

"Elle voudrait n'être plus rien en quoi que ce soit, si ce n'est de pouvoir contribuer à accroître, ne serait-ce que d'un degré la gloire et l'honneur de Dieu." (7D.ch 3 v. 2)

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Réflexions                                                                                                 ZÈLE

 

Peut-on joindre à ce terme "enthousiasme" ?

Thérèse, toujours à l'affût de la Vérité, a bien fait de nous faire remarquer en premier lieu qu'il y a parfois dans nos enthousiasmes quelque chose d'indiscret, d'intempestif, et de non conforme à la vérité.

Nous ne sommes pas loin de retrouver ce que, maintes fois, nous avons nommé "la glorification de l'image de soi."

Que ne ferions-nous pour être considérés positivement, et vus par les autres comme des gens "bien", à la hauteur de leur idéal !

Pour se faire passer pour du zèle, l'empressement, la servilité ne sont pas des manières de se comporter exceptionnelles.

J'ai été frappée après la lecture du "Journal de Goebbels", par la photo de la couverture du livre :

Tout dans l'attitude de cet homme face à Hitler, montre la servilité.

C'est en gros, ce que l'on nomme aujourd'hui l’image du "culte de la personnalité." Il se manifeste vis à vis de n'importe quel dirigeant, leader, gourou. Cela ne me semble pas sans rapport avec l'idolâtrie !

Après cette mise en vigilance que nous a aidé à faire notre maître d'oraison, cherchons le sens positif pour la vie intérieure de ce terme du «"zèle" que peut-on entendre ?

Le zèle, c'est ou ce serait ce qui nous fait courir au devant du désir de l'autre, d'un maître, de quelqu'un ou de quelque chose pour lequel nous avons de l'admiration, du respect, de l'estime. Avoir du zèle donne des ailes...

Vis à vis de Dieu : Agir avec fougue en réponse à ce que nous avons entendu de Son appel.

Mais, d'abord, il nous faut avoir soif de se donner...

Les Écritures vont nous aider à trouver et à préciser ce que nous cherchons :

Un modèle capable de nous entraîner à sa suite . Jésus, en tout premier lieu qui adhère totalement à la volonté du Père.

Dieu, le Père, Lui-même, nous montre le chemin , dans les Écritures. C'est ainsi que je perçois d'abord, Sa jalousie vis à vis de son peuple, dans l'Alliance qu'Il désire nouer et le zèle qu'Il attend de nous.

Que notre réponse soit, un tant soit peu, au diapason de Son désir.

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Citations de l’Écriture                                                                               ZÈLE

 

 

"Dieu dit : "Pinhas a détourné mon courroux de dessus les fils d'Israël car il a été jaloux pour son Dieu et a fait propitiation pour les fils d'Israël." (Nb. 25 v. 13)

 

"Je suis rempli d'un zèle jaloux pour le Seigneur, le Dieu des puissances armées." (I R. 19 v. 10)

 

"La jalousie de Dieu fera cela." ( Is. 9 v. 6)

 

 

 

"Je suis devenu un étranger pour mes frères, un étranger pour les fils de ma mère

Car le zèle de Ta Maison me dévore, et les outrages de ceux qui t'outragent ont pesé sur moi."

(Ps. 69 v. 8, 9)

 

 

 

"C'est bien, bon et fidèle serviteur." (Mat. 25 v. 21)

 

"Tous furent saisis d'enthousiasme et glorifiant Dieu. Ils furent remplis de crainte disant : nous avons vu aujourd'hui des choses étranges." (Lc. 5 v. 26)

 

"Les disciples se souvinrent qu'il est écrit : "Le zèle de Ta maison me dévore." (Jn. 2 v. 17)